Il y a aujourd’hui un peu plus de deux ans, j’ai publié mon premier livre pour enfants.

Si je dois raconter la genèse de Kinlam et les animaux de la forêt, je dois remonter à la naissance de mes enfants. Je leur ai toujours raconté des histoires. A leur âge, mon père m’en racontait beaucoup aussi, à l’heure du coucher. Ce rituel m’a profondément marqué et j’ai voulu, à mon tour, perpétuer cette tradition. En parallèle de cela, la naissance de mes enfants a renforcé mon attachement à mes racines. J’étais déjà passionnée par mon histoire et lorsque les garçons sont nés, ces sentiments se sont renforcés et j’ai voulu leur transmettre cela. C’est devenu presque comme une urgence. Peut-être ce sentiment est-il venu de la peur d’être oubliée, peur que les enfants oublient mon histoire, qui est aussi un peu la leur.

C’est une scène plus précisément, en 2017, qui a provoqué l’envie d’écrire Kinlam et les animaux de la forêt pour mes enfants. Comme beaucoup d’enfants, mes garçons sont accros à l’univers Marvel et sa pléthore de supers héros. Superman, Batman, Spiderman et tutti quanti. En plein milieu d’un film mettant en scène l’un de ces super héros, mon aîné s’est retourné vers moi et m’a demandé : « maman, n y’a-t-il pas de super-héros camerounais ? » Cette question, je l’ai reçue en plein cœur. Peut-être parce qu’elle me rappelait que j’avais encore beaucoup à faire dans mon travail de transmission de culture et de valeurs. Valeurs qui permettraient à mes enfants d’être sûrs d’eux-mêmes, d’avancer avec confiance dans un monde où il peut être compliqué de se trouver. Sur le moment, je n’ai pas eu de réponse claire et immédiate à cette question. Je leur ai dit « bien sûr qu’il en existe, on n’en fait tout simplement pas des films, comme celui que vous êtes en train de regarder. ». J’ai auusitôt demandé aux enfants s’ils voulaient que l’on écrive une des histoires que je leur racontais le soir, histoire de créer nos propres super héros. Ils ont accepté la suggestion avec enthousiasme.

L’écriture, puis l’autoédition du livre m’ont ouvert les yeux sur un monde dont je n’avais pas vraiment idée. J’ai réalisé que d’autres familles, d’autres mamans avaient fait les mêmes constats, et comme moi avait décidé de prendre le taureau par les cornes, d’écrire des histoires pour leurs enfants, pour les miens, pour les nôtres.

Je me suis également heurtée au parcours solitaire et parfois décourageant que cela pouvait être, d’auto-publier son livre. En plus du travail d’écrivain, j’ai dû me familiariser avec les notions de graphisme et d’impression de livres, la promotion sur et hors réseau sociaux, et d’autres tâches adjacentes mais tellement nécessaires à la publication d’un livre.

En 2019, le tome 2 de Kinlam et les animaux de la forêt était prêt à être publié. Avec le tome 1, j’avais espéré avoir répondu à la demande de mes fils, d’avoir des livres avec des héros qui leur ressemblent. J’avais espéré avoir créé un personnage, une héroïne à laquelle les enfants pouvaient s’attacher. J’avais espéré les avoir fait voyager à travers leur imagination, vers un lieu enchanté, magique, où leur âme d’enfant leur aurait permis d’apprendre et de découvrir, de s’étonner et de s’émerveiller. Le bilan était mitigé. Mes enfants étaient contents, oui. Mais je n’avais pas pu partager l’ouvrage autant que je l’aurais voulu. Les efforts pour commercialiser et faire la publicité du tome 1 du livre dépassaient mes capacités du moment. Autour de moi, j’avais également fait le constat que pour les mêmes raisons d’autres auteurs Afro-descendants, s’étaient essoufflés à être à la fois auteurs, commerciaux, imprimeurs, et relais publicitaires. David contre Goliath. De plus, lorsque certains de ces ouvrages sont portés à un niveau national, ils se limitent également à un lectorat venant principalement de la diaspora Africaine en Europe.

Quid du lectorat jeunesse Africain ?

Sur le continent, la question de représentativité dans la lecture est tout aussi important. L’accès aux auteurs afro-descendants, griots des temps modernes et porte-paroles de l’histoire reste limité.

En 2019, je ne publie pas le tome 2 de Kinlam et les animaux sauvages. Parce que j’entends de nouveau l’appel, très clairement, très succinctement, de fédérer les forces et les bonnes volontés. Parce que j’ai la possibilité de ne pas faire que pour moi et pour mes enfants.

En 2020, partant du constat que pour beaucoup, le livre est un luxe, et que seulement quelques privilégiés peuvent y mettre un budget important; Sous certains cieux, le coût du livre rend celui-ci encore inaccessible, comme une denrée rare. Sachant la non-existence d’un circuit du livre ou de politiques nationales du livres robustes et solidaires dans de nombreux pays, connaissant la difficultés d’accès pour beaucoup d’écrivains à des structures qui soutiendraient leur art sur le long terme, et reconnaissant le besoin urgent de représentativité dans la littérature moderne, j’ai créé la maison d’édition African Propaganda.

Les Editions African Propaganda, c’est la matérialisation d’un rêve murmuré à l’intuition, tout d’abord sous forme d’un conte raconté oralement à des enfants, puis d’un récit initiatique écrit pour partager ce sentiment diffus d’appartenance à une Humanité certes en mutation, mais surtout profondément ancrée dans des valeurs communes.

La maison d’édition s’aligne fermement et clairement derrière les valeurs de diversité, de créativité et de représentativité. Trois collections ont pour objectif de diffuser et de propager ces valeurs: Bolingo- Du romancé au dramatique, les histoires de nos vies; Gaskiya- Lorsque les choses prennent une tournure aventureuse, pleine de suspense; Ubuntu- Les livres du futur, ceux qui contribuent à notre éveil et à l’expansion de nos consciences.


Ces collections reflètent la volonté d’inclusion et de partage de récits et d’histoires occultés par les courants de diffusion littéraire classiques. La richesse des livres que nous souhaitons porter se trouve dans l’acceptation et la diversité des angles de vue.

Pour plus d’informations, ou pour envoyer votre manuscrit, vous pouvez visiter le site www.africanpropaganda.com

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