Coupable de garder le silence ?

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Je continue de rêver de toi certains soirs. Les réveils sont toujours difficiles car bien souvent je regrette que notre histoire n’ait pas duré plus longtemps. Dans mes rêves, notre histoire se termine toujours bien. Ton amour et tes regards sont sincères, tes attentions sont douces et tes mots sont apaisants. Il faut toujours quelques secondes à ma mémoire pour se remémorer et réactiver mes souvenirs.

Généralement, les nuits où je rêve de toi, mes lendemains sont douloureux. Je mets rapidement de côté mes songes et j’enchaîne mes activités. Généralement, mes lendemains sont surtout productifs. C’est la solution que j’ai trouvé pour « oublier » ou en tout cas essayer de penser à autre chose. Mais il y a toujours ce voile qui enrobe mon humeur et qui le rend un peu grincheux, un peu moins léger, un peu plus opaque.

L’écriture me semble toujours plus évidente et facile à aborder que la parole… Jamais quand j’essaye de parler de toi.

Malheureusement, je ne peux pas dire nous. Je m’interdis de dire nous, car ce « nous » n’a jamais existé. Ou du moins, tu as tout fait pour qu’il n’existe plus. D’un coup de revers ou de plusieurs même, tu as balayé NOTRE histoire, et une partie de moi dans le même temps.

Le plus difficile lorsque j’essaye de parler de tout ça, c’est de réussir à mettre mes sentiments de côté. J’aurais aimé pouvoir parler des faits et rien que des faits. Oublier, que ces choses que tu m’as infligé tu les as fait en disant m’aimer et en me voyant te supplier de me pardonner. Me pardonner de ne pas être celle que tu voulais que je sois. Me pardonner d’être la trainée que je voyais dans tes yeux. Me pardonner de ne pas être aussi belle que tu le souhaitais. Me pardonner de ne pas avoir attendu de te rencontrer pour perdre ma virginité. J’aurais aimé oublier à quel point je t’aimais. J’aurais aimé oublié que ma vie n’avait de sens uniquement parce que tu en faisais en partie. J’aurais aimé oublié combien je te faisais confiance. J’aurais aimé oublier !

J’aurais aimé aller plus loin, mais mon mécanisme de défense m’en empêche. Chaque fois que j’essaye de déposer délicatement sur papier les mots qui permettraient de décrire ce qu’il s’est passé, je bloque. Les mots me manquent. Peut-être devrais-je crier, hurler afin d’extirper de mon corps, de mon être, de mon ventre, de ma peau CE qui ne cesse de me consumer à petit feu. En fait, j’aimerais que l’on vienne me l’arracher comme tu m’as arracher mon innocence. A deux mains, d’un seul coup, sans que je m’y attende.

Ravagée de l’intérieur j’étais. Ravagée de l’intérieur je suis. Cependant, j’ai entrepris la phase de reconstruction il y a peu. J’ai appris à dompter ce « CE ». Mais il est encore là et il ne s’en ira peut-être jamais. Je continue parfois à jeter des coups d’oeil sur ton profil Facebook et Instagram. Il me rappelle à quel point il est difficile d’effacer. Tout aurais été tellement plus facile si je te haïssais. Si je parvenais à te détester ne serait-ce qu’un tout petit peu. Je me sentirais moins coupable.

Coupable de garder le silence. Coupable de ne pas en parler. Coupable de ne pas t’affronter. Coupable de ne pas te recracher au visage tout l’amour et la rancune que je te porte. Coupable de rêver. Coupable de rêver encore de toi. Coupable de t’avoir aimé alors que tu me souillais. Coupable d’être restée paralyser. Coupable de ne pas avoir réussi à dire non. Coupable de ne pas avoir pleurer assez longtemps, assez fort. Coupable de me sentir coupable.

Un jour peut être que je parviendrais à raconter cette histoire, mon histoire. Un jour peut être que je m’en libèrerai une fois pour toute. Je n’y arrive toujours pas, alors je me laisse du temps. Je m’autorise à prendre ce temps car désormais je suis celle qui décide.

 

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