De l’art de survivre au travail.

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Au-delà du ‘commentaire’ pathétique, comment réagit-on face à ce genre de situations au taf ?

J’avais prévu de faire un petit post-conseil sur les vacances car je pars bientôt (yay !), mais entre temps, je suis tombée sur la vidéo dont tout le monde parle en ce moment: Les nouveaux (car il y a eu des précédents ) propos insultants et obsessionnels d’Éric Zemmour, cette fois-ci envers Hapsatou Sy.

Sans commenter ce qui n’est qu’une énième provocation pour rappeler à la France entière son existence dont on se fout royalement, je me suis demandée hier soir ce que pouvait ressentir cette femme en

  1. Se faisant insulter par ce gars.
  2. Voyant ses camarades – et son boss en particulier – rigoler face à cette agression verbale à grande échelle.

C’est plutôt cette deuxième question qui m’intéresse : Comment gère t-on le manque de solidarité, voire la complicité de ses collègues ? Plus largement, comment réagir face au racisme au travail ?

Dans mon travail, il m’est arrivé d’entendre des commentaires qui se veulent drôles mais qui ne le sont clairement pas, des phrases énoncées sans ‘penser à mal’, voire racistes mais prononcées librement devant moi ‘car toi ce n’est pas pareil’ (smh..). On appelle cela des micro-agressions (*), et il y a bien le mot agressions dedans. Le problème de ce genre de comportements (..bah ouais, sorry pour cette vanne !), c’est qu’ils sont effectivement vexants, blessants, parfois insultants, mais légalement pas toujours répréhensibles.

Je me souviens qu’au début de ma ‘carrière’ (**), je n’osais rien dire – et pourtant je suis la nervosité personnifiée. Pourquoi ? Parce que jeune, de banlieue, évoluant dans un milieu considérée comme masculin, Noire (et souvent la seule) avec le sentiment d’une certaine responsabilité. Une volonté d’exemplarité, de prouver aux gens qu’on peut être l’inverse de tous les stéréotypes de la Terre.

Est-ce que ça a été productif ? Question de point de vue.

J’ai dû avaler quelques couleuvres et ce n’était clairement pas nécessaire: ‘Oh tu sais les vigiles, ce sont souvent des Noirs qui ne comprennent même pas le Français’ ou encore ‘pas étonnant qu’ils ne progressent pas ces gens-là [les Noirs], on ne peut pas leur faire confiance’. Ou encore cet homme qui manifestait son étonnement et pensait me complimenter en me disant : ‘Waouh.. Vous vous exprimez vraiment bien’. Parce tu t’attendais à quoi en fait ?

Donc effectivement, j’ai dû avoir une image positive pendant quelques temps, mais est-ce que ça en valait la peine si c’était pour entendre des propos de ce type qui au mieux m’énervaient, au pire me blessaient ? Pas vraiment.

Et puis, il y a deux ans, j’ai entendu un collègue faire un commentaire désobligeant sur les cheveux crépus d’un mec et je lui suis rentré dedans. Ça faisait une semaine que j’avais rejoins la boîte, mais ça m’a gonflée. Parce que le mec qui se faisait dénigrer riait jaune par complaisance et que j’estimais qu’il n’avait pas à faire ça. Et surtout parce que je ne voulais pas retourner dans ce cercle vicieux dont je ne ressortirai pas gagnante. Au lieu de cela,  je leur dis ma manière de penser pour que le malaise change de camp. Je considère que je n’ai pas à subir ça et je le fais savoir. Alors effectivement, on me dit que je suis susceptible, on me reproche d’être trop ‘coincée sur certains sujets’, ‘qu’on ne peut plus rien dire’ mais ça ce n’est pas mon problème. Je bosse pas toutes ces heures pour entendre ce genre de conneries.

Pour en revenir à Hapsatou Sy, je ne sais pas ce que j’aurais fait à sa place.

Bon ok, je leur serais sûrement rentrée dedans après le tournage en lançant un regard dédaigneux ++ et on m’aurait mise à la porte. Je peux imaginer en tout cas que les rires de ses copains n’ont pas dû être d’un grand secours et n’ont dû qu’ajouter à ce sentiment de stupéfaction voire de dégoût. Je ne sais pas si elle finira par se faire licencier ou si elle choisira de démissionner, mais je comprendrais qu’elle estime que ces insultes ne valent pas le salaire qu’elle touche à la fin du mois.

  • Pour plus de ressources/astuces sur le sujet les posts de @Napilicaio sur Twitter peuvent être utiles, en plus d’être très drôles.
  • Si vous avez des outils, moyens de désamorcer ce genre de situation sans vous faire casser la gueule (ou celle de quelqu’un), partagez 🙂

(*) Plein de ressources sur le sujet sur Google. Bien sûr, si je dis des conneries corrigez-moi oh.

(**) Méga guillemets, je bosse pas depuis si longtemps que ça, mais j’ai fait pas mal de boîtes pour un enfant.

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