S’autoriser la multiplicité, à être plurielle. Après plusieurs années dans le secteur de la communication et des médias, notre QUEENSPIRATION de la semaine a décidé de s’autoriser à passer au devant de la scène. Direction la Guadeloupe, où nous avons rencontré la chanteuse guadeloupéenne Irie Keef.

RTM | Bonjour Irie Keef, nous sommes ravies de t’accueillir sur RTM. Quels sont les mots que tu choisirais pour te présenter ?

Irie Keef | J’ai envie de dire bonnes et solides vibrations car j’investis toujours pleinement en émotion ce dans quoi je m’engage. 

RTM | Quand on prend le temps de regarder ton parcours, on se rend compte que tu as déjà vécu pas mal de vies : chargée de communication, attachée de presse, chanteuse, présidente d’association. De quoi rêvais-tu plus jeune ?

Irie Keef | J’avais écrit dans une rédaction alors que j’avais environ 8 ans : écrivain-poète. Ceci au grand damn de ma maîtresse d’école et de ma mère qui m’ont carrément demandé si je n’aimais pas l’argent et si je voulais mourir de faim (rire).

RTM | Dans les années 90, tu démarres une carrière aux Etats-Unis en tant que choriste, avant de rentrer en Guadeloupe et de t’orienter vers la communication. Peux-tu nous raconter ces débuts ? 

Irie Keef | En fait j’étais déjà journaliste avant de monter sur scène, et j’ai toujours travaillé en parallèle dans la communication en tant que graphiste puis assistante de direction dans une boîte de communication visuelle. Quand j’ai décidé de rentrer en Guadeloupe, j’ai retrouvé du boulot assez rapidement en tant que journaliste, ainsi que des prestations en com. Pour la musique c’était différent, les gens en Guadeloupe ne savaient pas que j’avais eu cette expérience avec Nelly Stharre et je n’avais pas encore la confiance pour m’affirmer et poursuivre dans ce domaine. 

RTM | Aujourd’hui, tu es de retour mais cette fois au devant de la scène avec un tout nouveau projet musical aux influences à la fois reggae, soul dancehall. Quel a été le déclic ? Comment décides-tu de t’autoriser des années plus tard et vivre ce rêve ?

Irie Keef | L’assassinat de Nelly Stharre a été le déclencheur. J’ai été très affectée par cet événement et au milieu de la dépression j’ai commencé à entendre de la musique et des paroles. J’ai pris le temps de bien écouter et ressentir. 5 ans plus tard… me voilà ! 

RTM | Tu as sorti un premier single « Tan é Sézon » avec une première représentation à Pointe-à-Pitre, dans les jardins de Poinsettia où tu proposes d’ailleurs des jardins collaboratifs avec ton associations « An tout sos ». Peux-tu nous parler de ce titre et du choix de lieu pour cette représentation ?

Irie Keef | Ce titre est une mise au point. Beaucoup adoptent, car ils ont un peu de pouvoir, des attitudes méprisantes et cultivent la méchanceté quand ils n’arrivent pas à contrôler les gens. Séquelle coloniale ? Certains aiment bien diviser pour régner, mépriser pour maîtriser…

Les jardins d’Elie à Poinsettia étaient le lieu idéal pour lancer ce message car nous y avons depuis 5 ans vécu des choses à la fois extraordinaires et très difficiles en rapport avec la nature humaine. 

RTM | Parmi tes engagements, tu travailles depuis des années sur les questions d’écologie et notamment la valorisation des produits locaux en Guadeloupe. Qu’est-ce que racontent nos assiettes ?

Irie Keef | Que nous nous sommes éloignés de l’essentiel hélas. Fast food, sodas, produits ultra raffinés… on en paie le prix en termes de santé d’ailleurs. Mais aussi que la production locale ne répond toujours pas à nos besoins… Les prix n’incitent pas à la vulgarisation du consommé local. 

RTM | Tu es d’ailleurs végétarienne depuis de longues années. Qu’est-ce qui t’a poussé vers le végétarisme ?  

 Irie Keef | Rastafari ! J’ai choisi cette voix spirituelle quand j’avais à peine 18ans. Jahbless. 

RTM | Tu es très impliquée dans la vie culturelle de la Guadeloupe, dans la valorisation de son histoire, dans la valorisation de ses communes et sa population. C’était une évidence pour toi de « faire », d’ «  agir » depuis ton île ? Et si oui, pourquoi ?

Irie Keef | Pense globalement, agis localement. Parce que j’aime mon pays tout simplement, et que j’adore y vivre avec ceux qui l’aiment vraiment. 

RTM | Que dirais-tu aux femmes qui pensent qu’il est trop tard pour poursuivre ses rêves ?

 Irie Keef | Trop tard pourquoi ? I pa jenmen tro ta. 

RTM | Si tu devais nous conseiller 3 artistes féminines reggae. Qui nous proposerais-tu ?

 Irie Keef | Nelly Stharre, Ethana  et M’o Calamity. Cela dit je n’écoute pas que du reggae mes chanteuses sont Tanya Saint Val, Kathryn Thelamon, Jocelyne Berouard, Jacqueline Étienne, Tracy Chapman, Jill Scott…

RTM | De quoi rêve encore Irie Keef ?

Irie Keef | De plus de sagesse, d’amour, d’équité, de liberté… de sincères joie, amour, et harmonie ( JAH). 

RTM | Et enfin, qu’est-ce qui fait d’iris Keef une Reine Des Temps Modernes ?

Irie Keef | Je préfère : une femme qui donne le meilleur d’elle-même pour pleinement vivre son temps. 

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