Dire “bonjour” aux inconnus, une ineptie ?

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Lors d’un récent voyage à l’ile de la Réunion, j’ai été frappée par la chaleur qu’il y avait entre les gens. A peine se croisaient-ils dans la rue qu’ils se saluaient. Qu’importe qu’ils se connaissent ou pas, ils avaient pour habitude de se dire mutuellement bonjour dès qu’ils se croisaient avant de poursuivre leur route. Au bout des 15 jours que j’ai passés là-bas, j’ai fini, moi aussi, par adresser des salutations à toutes personnes que je rencontrais, fussent elles des inconnues. Et j’ai trouvé ça HYPER agréable. J’aimais cette sensation de ne pas être anonyme, invisible dans l’immensité de cette île. J’avais l’impression qu’en me saluant on me redonnait mon humanité. Ça peut paraître tirer par les cheveux mais ayant toujours vécu dans cette invisibilisation parisienne (je pense que ce n’est pas propre qu’à Paris mais je n’ai pas encore fait le expérience d’autres villes dont l’anonymat m’ait autant frappé. Parisiens ! mes excuses donc), je trouve sans âme de passer chaque jour au contact de toutes ces gens presque sans les voir. Bon, j’entends déjà ceux qui vont rétorquer “on est des millions à Paris, si on doit tous se dire bonjour, on en a pour des mois.” Certes, je ne le démens pas. Mais, dans nos villes/quartiers, on pourrait s’y essayer.
Alors je me suis prêtée au jeu en rentrant de la Réunion et, quand j’en parlais à mon entourage, celui-ci rétorquait “c’est propre aux grandes villes ça” ou “c’est parce qu’il fait chaud là bas donc les gens sont plus aimables”. Et moi de rétorquer que dans mes voyages à Marseille, à New-York ou encore à Berlin, j’ai été agréablement surprise par l’aptitude des gens à se saluer dans la rue, certaines de ses villes présentant des similitudes avec Paris et sa banlieue. Du coup je me suis prêtée à l’exercice dans ma ville et j’ai trouvé assez drôle que les gens me regardent avec un étonnement non dissimulé. Puis, dans la même veine, je me suis dit que j’allais aussi répondre au “bonjour” qu’on pourrait aussi me lancer, même si c’est le soir et que la tête du gars me fait moyennement confiance. Et ça n’a pas manqué.
Un soir que je traversais le pont qui relie Saint-Denis et L’île-saint-denis, un homme me salue. Forte de ma nouvelle résolution, je lui rends le salut. Il commence alors à me demander mon prénom, d’où je viens, bref, l’échange est à mi-chemin entre la drague et l’intrusion, aussi, j’y mets vite fin. Et ce banal échange a eu vite fait de me donner toutes mes réponses : si l’anonymat me pèse, je le trouve au moins sécurisant en cela qu’il préserve des mauvaises rencontres. Ce que je reproche à cet homme, c’est la non gratuité de sa salutation car, derrière, il attendait quelque chose de ma part. Et je me suis remémorée le nombre de fois où je me suis retrouvée dans des situations similaires, des personnes – en l’occurrence des hommes – qui me saluent parce qu’ils espèrent obtenir mon numéro ou me revoir mais ne le font jamais dans un but désintéressé. Et un refus de ma part engendrerait leur foudre comme j’ai pu en faire l’expérience à maintes reprises aussi.
J’ai alors repensé à un homme que j’ai croisé a New-York : il travaillait pour les compagnies de bus touristiques à deux étages. Il marchait avec son groupe de collègue, allant dans la direction opposée à la mienne. Me voyant au loin, il a arraché une fleur, me l’a donnée et s’en est allé. Simplement. Sans un mot. Se contentant de mon sourire comme réponse. 4 ans après, je m’en souviens encore car le plaisir que son geste me procurait suffisait au sien. Sans rien attendre de plus.
Et vous, quelle posture adoptez-vous ? Vous saluez ceux que vous ne connaissez pas ?

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