Notre QUEENSPIRATION de la semaine est une femme multiple, une femme qui s’autorise. Écrivain et romancière, coach en sexualité, spécialisée en soin des traumes, Lyvia Cairo s’est donnée pour mission de rendre le monde plus sain sexuellement pour les femmes et les enfants.

 

Portrait – Lyvia Cairo

RTM | Bonjour Lyvia, nous sommes ravies de taccueillir sur RTM. Pour commencer, quels sont les mots que tu choisirais pour tintroduire ?

Lyvia | Je dirais femme, écrivain, noire, ambitieuse, calme, contrairement à ce que la plupart des gens imaginent (sourire). Je dirais également pleine d’espoir, un peu révolutionnaire, qui veut changer les choses et tranquille. Tranquille est un mot qui me va bien. Je pense que ça résume assez bien qui je suis.

RTM | Ce qui est intéressant lorsque lon regarde ton parcours, cest quon a limpression que tu as déjà eu mille vies dans cette vie. La vie que tu as aujourdhui est-elle celle que tu pensais avoir il y a quelques années ?

Lyvia | Je pense que sur certains aspects oui, mais sur d’autres pas du tout. Je savais que c’était important pour moi d’être en couple, d’avoir une famille. Aujourd’hui je suis en couple, nous avons une famille et ça je l’ai toujours voulu. En revanche, je ne me voyais pas m’installer en Guadeloupe. Je me voyais dans une grande ville. Je me voyais à New-York, à Hong-Kong… Je pensais finir dans une ville lointaine, exotique.

Au niveau business, j’écris beaucoup aujourd’hui et ça je l’ai toujours projeté. En revanche, le fait de travailler sur la sexualité, alors là… J’en étais vraiment très loin. Le thème de la sexualité, je ne l’ai pas vu venir. C’était assez brutal, voire même fulgurant.

RTM | On va commencer par la partie business. Tu disais que tu es aujourdhui de retour en Guadeloupe, l’île où tu as grandi. Parle nous de tes débuts.

Lyvia | Je suis originaire de la ville de Bouillante. A l’école, j’étais très bonne élève. Après l’obtention de mon bac scientifique, j’ai poursuivi mes études dans une très bonne prépa math.

C’est la raison pour laquelle je suis partie en France hexagonale.  Je pensais devenir ingénieure, faire une grande école. Mais pour être honnête, je n’avais pas vraiment idée de ce que je voulais faire.

Étant bonne en maths, ça semblait être la suite logique pour moi, en tout cas c’est l’orientation que l’on conseillait.

C’était assez drôle, parce que j’entendais souvent dire « quand on est bonne en maths, on peut tout faire » et pourtant on te met directement dans une catégorie.

En parallèle, je voyais mes meilleurs amis d’enfance, nuls en maths (j’espère qu’ils ne m’en voudront pas de dire ça) qui s’orientaient vers des parcours littéraires. J’étais super jalouse du temps qu’ils passaient à lire des bouquins.

Les maths c’était facile et intéressant pour moi, mais je ne trouvais pas ça passionnant. En revanche la littérature et la philo me passionnaient.

Une fois arrivée en prépa, je rate ma première année. C’était la première fois que j’étais confrontée à l’échec. C’était la première fois que quelque chose était difficile. C’était une période compliquée où j’avais quitté ma Guadeloupe pour Paris. Je débarquais en internat. Le niveau était lui très élevé et j’avais très peu de temps pour intégrer les informations. Le rythme ne me correspondait pas du tout, tout comme l’état d’esprit.

Je n’avais rien sacrifié pour arriver en prépa. Et une fois arrivée, j’ai réalisé qu’il fallait tout sacrifier pour « réussir ». Finies les sorties, je découvre les colles (des interrogations orales après les cours) quasiment quotidiennes, les DMs à faire en week-end. Cette période correspond clairement à l’une des plus grosses déprimes de ma vie. Ma mère me manquait, ma vie me manquait. Niveau santé mentale, c’était très difficile.

Ce n’était pas une motivation personnelle que de finir en école d’ingénieur. Je ne savais pas pourquoi je devais souffrir autant. J’ai décidé d’arrêter en mars, la première année.

Une fois que j’ai pris cette décision, la pression est complètement redescendue.

Par la suite, j’ai décidé de postuler à l’université Paris Dauphine. Ce qui m’a permis de m’intéresser à la finance, à l’économie. J’ai pu suivre une bonne formation tout en faisant attention à l’énergie que je pouvais y consacrer. J’ai rapidement pris conscience de l’importance de mon bien-être dans ma volonté de réussir.

 

“L’idée de ne pas me poser de questions sur mon avenir m’allait bien.  Et là j’ai commencé à me demander si je me sentais vraiment à ma place.”

 

RTM | Quelle voie décides-tu demprunter une fois ce changement de parcours entamé ?

Lyvia | Je décide de faire de la finance pour la bonne raison de gagner beaucoup d’argent. Je n’avais pas vraiment d’autre motivation. Ma petite voix me disait « tant qu’à faire des études, autant en faire pour devenir riche ».  Je dois avouer aussi qu’une part de moi voulait « entrer dans le système pour mieux le démanteler ». Car les systèmes financiers me semblaient inconnus et mystérieux. Je me disais qu’en les comprenant mieux j’aurais des cartes intéressantes en mains.

C’est en arrivant à Dauphine que j’ai réalisé que j’étais pauvre, que je ne faisais pas partie de ceux qu’on peut appeler les riches. J’y ai compris mon statut social. Je ne sais pas trop l’expliquer mais très tôt j’ai voulu m’orienter vers une voie qui me rapporterait de l’argent. J’avais envie d’une vie très confortable qui me permettrait de voyager, de m’amuser. Et ça, ça impliquait de l’argent.  Pendant très longtemps, je me disais, quitte à souffrir autant que ça me rapporte. Aujourd’hui je n’ai plus ce même rapport à l’argent.

Plutôt que de faire un énième stage en banque à la fin de mes études, j’ai donc décidé de postuler pour un emploi directement. En France, c’était impossible de postuler à un emploi sans avoir fait de stage, j’ai donc postulé en Angleterre dans un cabinet de conseil. Je ne savais toujours pas exactement ce que je voulais faire, et le conseil était assez vague et général pour me plaire.

RTM | Doù venait lintuition de lAngleterre ?

Lyvia | En deuxième ou troisième année de fac, j’ai gagné un concours qui m’a permis de voyager en Angleterre avec Goldman Sacks, une banque d’affaires. C’était mon premier voyage à Londres et j’ai adoré. On était dans un super bel hôtel. On nous remettait de l’argent poche pour vivre tous les jours. On mangeait dans de beaux endroits. Je crois que ça m’a gâté (sourire). Londres est toujours une ville que j’adore.

RTM | A Londres, tu évolues en tant que consultante dans le secteur de la finance. A quel moment ressens-tu le besoin de changement ?

Lyvia | Il y a eu une bascule au bout de deux ans où il me fallait passer une « graduation ».  Et là s’est posée la question : « si je ne passe pas le niveau d’après, qu’est-ce que je fais ? ». Ça m’a mis la puce à l’oreille car j’ai réalisé que je ne me voyais pas continuer dans un autre cabinet de conseil. L’idée de ne pas me poser de questions sur mon avenir m’allait bien.  Et là j’ai commencé à me demander si je me sentais vraiment à ma place.

J’ai finalement eu ma promotion mais la question ne m’a pas quittée.

Je m’interrogeais de plus en plus. Est-ce que j’étais là par choix ou par opportunité ? Je voyais certains de mes collègues qui étaient là depuis un moment et j’analysais leur vie. Était-ce la vie que je souhaitais, notamment en tant que femme ? Est-ce que je me voyais à 40-45ans, être à un poste qui ne me permettrait pas de voir mes enfants autant que je le souhaiterais ?

Être une femme dans le domaine du conseil, ce n’est pas évident, surtout pour celles qui ont de l’ambition. Pour peu qu’on manque une promotion pour raison de grossesse, c’est difficile de rattraper le retard. Ce ne sera jamais dit ouvertement bien sûr.  Mais rien n’est fait pour accommoder les mamans. Elles vont se retrouver sur les projets les moins challengeants mais qui ne permettent pas d’être en lice pour la promotion.

C’est la raison pour laquelle les femmes dans ce milieu ont soit des enfants très jeunes, soit autour de 40 ans. Ajouter à cela le coût de la vie en Angleterre, le coût des nounous, j’ai véritablement commencé à me questionner sur la suite. La question « pour quoi faire ? » est rapidement revenue.

 

Portrait – Lyvia Cairo

RTM | Ce qui est intéressant cest que tu étais sur la voie dite royale pour gagner de largent. Et tu feras pourtant le choix de changer de vie…

Lyvia | Certes, mais cette voie vaut moyennement le coût. Ce qu’on ne montre pas, c’est qu’avant de gagner beaucoup d’argent dans ce secteur, il y a pas mal d’étapes à passer. Avant d’avoir un salaire confortable, il aurait fallu que je patiente 6 à 7 ans pour passer un premier cap puis environ le même nombre d’années pour devenir associée par exemple dans un cabinet de conseil. Ce qui permet de vraiment toucher beaucoup d’argent. Mais ces 15 années ne sont pas forcément agréables. Il y a tellement de compétition, de politique, de caps à passer.

Pour être honnête, je n’avais pas le profil de celles qui iraient loin dans ce domaine. Je n’aime pas la politique. Je n’aime pas networker. Ce n’était clairement pas mon environnement pour briller.

L’idée de me casser a commencé à me trotter dans la tête. C’est comme cela que j’ai lancé mon blog « jemecasse.fr ». Ce blog, c’était d’abord pour trouver des réponses. J’ai commencé par des interviews de personnes que je connaissais qui avaient quitté leur emploi pour s’orienter vers des activités qui leurs correspondaient. C’est ce qui m’a permis de réaliser que ce n’était pas aberrant de se casser.

Au départ ça me semblait hors de portée mais quand j’ai commencé les interviews, j’ai compris que c’était possible. Et surtout qu’il existait mille et un scénarios de reconversion possible. Et c’est seulement 3 mois après le lancement du blog, après un projet particulièrement dur au travail que j’ai décidé de partir. On ne me traitait pas très bien.  On m’a même crié dessus. Et là je me suis dit « personne ne m’a mis sur terre pour que l’on me crie dessus ». Je savais que j’étais faite pour autre chose. J’ai donc décidé de prendre un congé sabbatique. J’ai fait une pause et je suis rentrée à Paris.

RTM | Comment se passe les débuts du blog ?

Lyvia | Je n’étais pas du tout organisée pour mon départ. Je suis partie sur un coup de tête. Je ne savais toujours pas ce que je voulais faire par la suite. J’ai d’ailleurs mis beaucoup de temps à trouver. Je savais que j’aimais écrire donc j’écrivais. J’ai lancé le blog et une page Facebook avec une centaine de personnes qui me suivaient au début. Je sentais bien qu’il y avait quelque chose.

Doucement l’idée d’être indépendante a fait son chemin, mais je ne me sentais pas du tout légitime. A cette période je continuais de chercher du travail en parallèle. J’ai fait une formation pour devenir développeur web. J’ai même accepté un poste dans une start-up qui s’est très mal passé.  C’est à ce moment que j’ai réalisé qu’il ne m’était plus possible de travailler pour quelqu’un. L’idée de créer ma propre activité commençait à murir. J’ai commencé à avoir de plus en plus de monde sur Jemecasse. J’ai organisé des événements puis j’ai commencé à faire des coachings individuels. Mais ce n’était pas mon activité préférée.

Il m’a fallu un an pour prendre l’engagement de l’entrepreneuriat. J’ai testé beaucoup de choses pour construire ma communauté. On était en 2014 à l’époque.

RTM | Est-ce lentrepreneuriat qui te mène aux questionnements sur ton rapport au monde et à la spiritualité ?

Lyvia | Ma spiritualité s’est approfondie beaucoup plus tard, dans un moment où les choses n’allaient pas du tout dans mon business. Au début j’écoutais mon intuition, je ne faisais pas les choses que je n’avais pas envie de faire. Ce n’était pas toujours facile, mais j’essayais vraiment de respecter cette règle. Quand quelque chose me saoule, j’arrête.

Quand je ne sens pas quelque chose, je me dis « mais pourquoi je le ferais ? ».

Je pense que j’ai toujours écouté autre chose que la logique. Je ne sais pas d’où ça vient. Je dirais même que pour moi, c’est très logique d’écouter son intuition. Et le qu’en dira-t-on, ça n’a jamais été très bloquant.

Être entrepreneur m’a simplement permis de me poser des questions et d’être à l’écoute.

“Tout a basculé le jour où une cliente m’a demandé pourquoi je ne parlerais pas de sexualité.”

RTM | Comment es-tu parvenue à lier ton entrepreneuriat et ta créativité, ton côté artistique

Lyvia | C’est en liant les deux que j’ai réussi à créer mes premières offres. Le coaching individuel n’était pas un modèle passionnant pour moi. C’était bien pour commencer mais je n’arrivais pas à sentir la différence que je faisais. J’aime toucher plusieurs personnes à la fois.

La créativité m’a poussée à penser des offres plus en lien avec l’écriture. C’est ainsi que par exemple j’ai créé des memberships à 20 € par mois où je créais des textes avec des petits exercices. Ça a fonctionné mais l’offre à l’époque ne me plaisait toujours pas.

Ça me coûtait beaucoup, et ça ne me rapportait pas assez.

Puis j’ai lancé mon premier programme en ligne avec une série d’Ebooks. C’est vraiment à ce moment que j’ai concilié créativité et entrepreneuriat.

RTM | Dans lentrepreneuriat, on parle souvent de limportance de travailler son offre et ses prix. Quel a été le déclic qui a permis à ton business de décoller ?

Lyvia | J’ai beaucoup hésité. A de nombreux moments, je me suis dit que c’était trop dur, qu’il valait mieux que je retrouve un travail. Beaucoup de personnes me le disaient également. Je l’ai d’ailleurs envisagé plusieurs fois. Je me disais « tu ne vas quand même pas créer ton argent toi-même. Tu n’es pas faite pour ça. »

Mais l’idée même de travailler pour quelqu’un m’angoissait.

Quand je me lance, je n’ai pas d’argent. Mon ex de l’époque part vivre à l’étranger. On rend l’appartement que l’on partageait. Je me retrouve sans logement à devoir vivre chez une amie. Je vivais avec 200/300 € par mois, ce qui était suffisant pour faire les courses.

Je me répétais sans cesse « il faut que je trouve une solution sinon c’est mort, et ça ne peut pas être mort ». J’ai sondé ma communauté sur leurs besoins et à partir de leurs réponses, j’ai lancé un programme en ligne. Ce qui était assez fou pour moi à ce moment-là, c’est que je n’avais jamais gagné d’argent comme ça.

J’ai couplé les attentes de la communauté à ma passion pour l’écriture et à de la créativité. L’objectif était de les aider à trouver une idée d’activité qui leur plait et qui rapporte, et non une reconversion complète. Ce qui était ironique, c’est qu’à ce moment-là je n’avais pas de business.

J’ai donc créé cette offre qui valait 180€ à l’époque, créé une page de vente. J’ai écrit plein d’emails pour la phase de lancement. Une amie m’a conseillée de fixer un objectif de vente. Au départ, je me suis fixée 4000€ afin de pouvoir vivre quelques mois et partir rejoindre mon ex à l’étranger. Puis j’ai commencé à rêver en me disant : «  et si je gagnais 10 000€ avec ce programme ? ». J’ai dit à l’amie chez qui j’habitais que si je gagnais 10 000€, je lui offrirais une paire de chausses de luxe, sachant que je ne lui avais jamais payé de loyer !

J’ai donc fait le lancement avec cet objectif en tête. Et j’avais vraiment envie de lui payer cette paire.

Finalement le lancement a fonctionné et j’ai fait 10 260€. Je n’arrivais pas y croire. Je n’arrivais pas à croire que des gens m’avaient donné de l’argent pour écrire. J’ai donc acheté la paire de chaussures à ma copine. J’étais super fière.

Donner un cadeau à quelqu’un quand je réussis ça m’a beaucoup motivé. Je voulais vraiment la remercier.

Et avec ça j’ai pu vivre tellement mieux qu’avant. J’ai ensuite enchainé avec un second programme qui lui m’a rapporté 26 000€. Et après ce lancement je me suis dit c’est bon je suis arrivée au max, je ne vais jamais pouvoir refaire de l’argent. J’avais vraiment ce sentiment que c’était des accidents et que ça n’allait plus jamais se produire.

Avec le temps, je me suis apaisée et j’ai pu recommencer. Ce programme je l’ai lancé 3 ou 4 fois avant d’être lassée. Puis j’en ai créé d’autres. Je crois que j’en suis à mon 70ème lancement environ !

RTM | Comment on passe de coach dans l’entrepreneuriat à coach dans le domaine de la sexualité ?

Lyvia | Si on me l’avait dit à l’époque, je ne l’aurais pas cru ! Il y a eu plusieurs étapes. J’ai arrêté Jemecasse au moment où je ne m’identifiais plus aux personnes qui quittaient leur job. Je n’arrivais plus à les aider étant moi-même indépendante. 2017 a été mon année de bascule. J’ai rompu avec mon ex et j’ai pris conscience du décalage entre ma vie pro et ma vie perso. Nous nous sommes séparés à mon meilleur mois de business à l’époque. Je faisais mes premiers 30 000€ par mois.

J’étais très appréciée par ma communauté, et à la maison mon couple n’allait pas. J’étais avec quelqu’un qui me rabaissait souvent. L’un des problèmes de cette relation, c’était notamment la sexualité. Mais je ne l’ai pas vraiment exprimé.

Tout a basculé le jour où une cliente m’a demandé pourquoi je ne parlerais pas de sexualité. Ce fut un choc. J’ai réalisé que je n’en avais jamais parlé. J’ai écrit un premier texte, et j’étais en larmes. J’ai réalisé à quel point je me sentais mal par rapport à ce thème. Ce qui était assez fou c’est qu’en parallèle j’écrivais des histoires érotiques en cachette. C’était tellement en cachette que je ne réalisais pas que je me cachais. Je n’en avais jamais parlé.

J’ai ressorti ces histoires qui sont d’ailleurs les prémices de mon roman « je ne sais pas être une femme ».

La troisième chose que j’ai remarquée, c’est que plus j’étais à l’aise sur le sujet, plus mes clientes m’en parlaient. C’est à ce moment que j’ai pu faire le lien entre argent et sexualité. Nombreuses étaient mes clientes qui avaient un problème avec l’argent et également avec leur sexualité.

Sur 4 clientes, 3 avaient, soit vécu une agression sexuelle, soit ça n’allait pas dans leur relation. J’ai donc commencé à travailler sur ma sexualité, et le lien entre la sexualité et l’argent. Doucement je me suis remise dedans. J’ai vu une medium qui m’a dit que mon chemin c’était de travailler avec des femmes sur la sexualité. Et tout ça en l’espace de deux à trois mois.

J’ai créé un petit programme sur la sexualité qui s’appelle Renaissance qui a très bien marché où j’écrivais des méditations érotiques.

Doucement j’ai commencé à mettre la sexualité dans mon business. Ensuite j’ai participé à une retraite de tantra.

Il m’a fallu 3 ans pour basculer. C’était super lent. Il y avait beaucoup de résistance.  2017, ça commence doucement au point où je crée un petit programme. 2018, je commence à me former et à m’interroger. 2019, je continue à créer un petit programme et j’écris dessus. Mais on commence à me connaître comme parlant du sujet. Je parle beaucoup de sexe et d’argent. 2019, je viens en Guadeloupe, je fais un atelier Femme, sexe et argent. 2020, je me forme officiellement à la sexualité. Depuis 2021, j’ai décidé d’en faire mon sujet principal. Je le relie au fait de créer et manifester la vie qui te fait envie.

Portrait – Lyvia Cairo

RTM | Avec ces 3 années dexpériences, quel lien fais-tu entre la sexualité et largent ?

Lyvia | Les deux créent des traumas. Les deux vont chercher quelque chose de très profond dans le corps qui touche à la valeur, l’estime de soi, sa capacité à donner, sa capacité à recevoir, à poser des limites, à dire oui, à dire non. Ils ont la même dynamique car ils sont tous les deux liés au pouvoir que l’on prend ou que les autres prennent sur nous. J’utilise les mêmes outils pour soigner la sexualité et le rapport à l’argent.

Les deux sont des instruments de pouvoir. Souvent on donne du sexe pour avoir de l’argent, consciemment ou inconsciemment. Par exemple, le fait de se rendre très belle pour obtenir un homme très riche, pour ne pas avoir à travailler, est encore quelque chose de présent dans notre société. A contrario, un homme qui a de l’argent n’aura pas forcément besoin d’être beau pour être attirant.

Il y a également la notion de plaisir, se faire plaisir. L’énergie créatrice qui permet de créer de l’argent est également une énergie sexuelle.

RTM | Que serait pour toi une femme de pouvoir ?

Lyvia | Olivia Pope ? ! (Rire). Je parlerais plutôt d’une femme dans son pouvoir. Une femme dans son pouvoir c’est une femme qui sait ce qu’elle veut, qui l’exprime, qui sait poser ses limites. Est-ce que je suis capable d’identifier ce que je veux ? Est-ce que je suis capable d’identifier ce qui est bon pour moi ? de l’accueillir ? Quand tu fais ça, tu rentres dans ta souveraineté. Une femme dans son pouvoir c’est une femme qui sait prendre soin d’elle, qui contrôle son corps, son esprit et ce dans tous les aspects de sa vie.

RTM | Te sens-tu dans ton pouvoir aujourdhui ?

Lyvia | Sur certains aspects oui et sur d’autres, non. Je me sens dans mon pouvoir lorsque je ne fais que ce que j’ai envie de faire. Mon désir est fondamental pour moi. Je vais rarement à contre cœur de mes désirs. En revanche, je ne suis pas encore dans mon pouvoir lorsque je pose mes limites trop tard. C’est la raison pour laquelle je me casse beaucoup. J’ai tendance à accepter un peu plus que ce que je devrais accepter. Mon objectif est de me connaître suffisamment pour anticiper.

Une des problématiques sur laquelle je travaille cette année est ma capacité à garder. Je suis très bonne pour recevoir mais j’ai tendance à penser que je dois absolument tout donner pour recevoir. J’essaye d’être plus écologique. Si je suis dans mon pouvoir aujourd’hui, c’est parce que je me sens responsable de ce qui se passe dans ma vie. Je peux tout transformer et faire évoluer.

“Je pense qu’il est important de créer des plateformes alternatives pour pallier Instagram.”

RTM | Où te vois-tu dans quelques années ?

Lyvia | J’aimerais être encore dans une belle maison en Guadeloupe avec une belle vue, comme celle-ci. Je me vois voyager régulièrement, avec des enfants et ma famille. Professionnellement, je me vois diffuser encore plus de messages sur la sexualité, que le sujet soit plus démocratisé, que j’ai plus de contenus, de programmes, qui permettront à la communauté d’avoir des repères.

J’ai aussi envie d’avoir beaucoup plus de liberté financière, afin de passer moins de temps sur le business et plus sur l’écriture afin de donner doucement la priorité à mes livres.

Je veux continuer d’apprendre, de travailler sur moi, de libérer mes traumas divers et variés. Organiser des retraites avec des personnes ambitieuses qui veulent débloquer certains traumas.

RTM | Il y a-t-il des femmes qui ont fait la Lyvia que tu es aujourdhui ?

Lyvia | Ma maman a fait la Lyvia que je suis aujourd’hui. Ma mère m’aide beaucoup parce qu’elle ne m’a jamais empêché de faire ce que j’ai envie de faire. Elle lit tout ce que j’écris. Elle trouve tout ce que je fais génial. Elle repartage autour d’elle, même quand c’est un peu controversé. C’est quelqu’un de très généreux, de très libre.

J’aime toutes les femmes noires qui n’ont pas eu peur d’aller à l’encontre de ce que veut la société : Beyoncé, Cardi B, Rihanna. On a besoin de femmes anticonformistes.

Je suis également très fan d’Alicia Keys. Je veux devenir sa meilleure amie (sourire). J’ai récemment lu sa biographie que j’ai adorée.

RTM | Récemment tu as décidé de faire une pause Instagram. C’était comment la vie sans Instagram ?

Lyvia | J’ai retrouvé du temps pour faire autre chose, lire, passer du temps en nature, boire un thé en silence. Ça m’a permis de me détacher de mon téléphone. J’ai trouvé beaucoup de paix dans cette pause. Comme beaucoup, je pense que j’avais une addiction aux réseaux sociaux. J’ai fait une pause de trois mois qui m’a fait réaliser que je pouvais vivre sans. Et je suis revenue dessus par choix conscient de me reconnecter à ma communauté. Je passe peu de temps sur l’appli aussi.

RTM | Professionnellement comment as-tu compensé ? Quelles étaient les alternatives ?

Lyvia | Je pense qu’il est important de créer des plateformes alternatives pour pallier Instagram. J’arrivais à un stade sur Instagram, où je n’avais plus grand chose à dire. Ce réseau était omniprésent dans ma vie et je ressentais le besoin de prendre de la distance.

J’ai privilégié la newsletter qui me correspond bien. J’aime le contenu long. Le temps que je passais en moins sur Instagram me permettait d’écrire des choses d’encore meilleure qualité. J’avais plus de temps pour créer et vendre par email.

RTM | Quest-ce qui fait de Lyvia une Reine Des Temps Modernes ?

Lyvia | Je dirais une volonté de faire une différence dans le monde, une différence pour les femmes et les enfants.

Le fait que je sois à l’écoute et connectée à mes désirs, que je pose mes limites de plus en plus et de mieux en mieux chaque jour. Je suis en mouvement, je prends mes responsabilités.

Également ma volonté d’inspirer, de vouloir sortir du lot bien que ce soit parfois très solitaire. Je me dis que les reines sont sympas. Elles sourient. Je suis plutôt sympa (sourire).

 

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