Aude – “À 24 ans, on m’a annoncé qu’il ne me restait que 6 mois pour donner la vie”

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Cette semaine, nous rencontrons Aude, connue également sur la toile sous le nom de My Curly Kinky Hair. Blogueuse et infirmière, ou infirmière et blogueuse, Aude est une fervente défenseuse des cheveux naturels. Pétillante et souriante, elle nous parle de son parcours, de ses débuts dans le blogging, de son rapport à son endométriose et l’importance de la transmission.

Aude – Portrait

RTM | Bonjour Aude, ravie de t’accueillir sur RTM. Pour commencer peux-tu te présenter pour nos lectrices et lecteurs ?

Aude | Bonjour tout le monde, je m’appelle Aude aka My Curly Kinky Hair sur les réseaux sociaux, j’ai 29 ans, je suis infirmière de profession et je suis originaire de l’île aux Fleurs : la Martinique.

RTM | Blogueuse depuis 2013, comment est né ton blog et quelles étaient tes motivations ?

Aude | Amoureuse de l’entretien des cheveux naturels, j’ai peu à peu glissé dans la recherche du bien-être. J’ai conçu mon site afin de partager des conseils et astuces permettant de prendre soin des cheveux texturés. En mars 2013, j’ai créé ma page Facebook et en février 2014, je me suis lancée dans le milieu de la blogosphère et depuis je partage avec ma communauté cette merveilleuse aventure qui me grandit chaque jour.

Cette année j’ai pu m’inscrire à une formation intensive sur les soins capillaires internes et externes avec une spécificité sur les cheveux afro et métissés, ce qui n’a fait que confirmer mes choix.

RTM | Sur ton blog, tu abordes des sujets liés aussi bien à la beauté qu’au bien-être, et également à l’endométriose. Quand as-tu découvert que tu étais atteinte de l’endométriose et qu’est-ce que ce diagnostic a changé dans ta vie ?

Aude | C’est en 2016 que j’ai découvert que j’étais atteinte d’endométriose, après des années de souffrances. Je m’explique, aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu des règles douloureuses mais les années passant la douleur devenait handicapante rendant les gestes de la vie quotidienne plus difficiles.

Cela a changé beaucoup de choses. À 24 ans, on m’a annoncé qu’il ne me restait que 6 mois pour donner la vie. Cette nouvelle m’a ébranlé. Je ne voyais plus la vie de la même façon.

RTM | Pourquoi est-ce important que la parole se libère sur cette maladie ?

Aude | Tout simplement parce que cette maladie touche au moins un million de femmes ne serait-ce qu’en France ce qui équivaut à 1 femme sur 10. C’est donc selon moi l’affaire de tous.

Tu ne le sais peut-être pas mais ta cousine, ta voisine ou encore ta collègue lutte tous les jours contre cette maladie. J’entends de plus en plus de personne dire “c’est fou ce qu’on en parle maintenant comme si c’était tout droit tombé du ciel”.

On en parle car il faut briser le silence afin que de plus en plus de femmes se fassent diagnostiquer, car malheureusement avec un retard de diagnostic de sept ans environs, tu penses bien que nombreuses sont celles qui ne peuvent mettre de mots sur leurs maux.

RTM | Comment gère-t-on cette maladie au quotidien, dans l’intimité et dans le monde professionnel ?

Aude | Oulaloulalou! Ce n’est pas tous les jours facile. D’ailleurs avec le confinement j’ai régressé et c’est aussi pour cela que j’ai tardé à répondre à l’équipe de RTM. J’apprends à accueillir chaque jour au mieux que je peux mais le plus difficile à gérer reste l’asthénie, une fatigue chronique qui quelquefois me prend au dépourvue et étant infirmière je dois m’adapter et être toujours à pied d’œuvre.

J’en parle sans tabou peu importe l’endroit où je me trouve, ce qui facilite ma prise en charge en cas de situation d’urgences.

J’ai un neurostimulateur qui m’aide à atténuer mes douleurs chroniques et un traitement de fond, ce qui m’évite de me retrouver aux urgences tous les quatre matins.

Aude – Portrait

RTM | Dans un de tes articles, tu parles des bienfaits de la CBD sur tes douleurs. Qu’est-ce qui t’a motivé à chercher des solutions alternatives pour gérer les douleurs ?

Aude | A force d’ingérer des médicaments pour beaucoup inefficaces ou encore limités, j’ai commencé à chercher des alternatives dites naturelles afin de soulager mes maux. Je ne pense pas remplacer mon traitement par des “remèdes de grands-mères” cependant, je refuse d’être enfermée dans ce corps sans essayer de trouver de quoi vivre “normalement”. C’est donc la douleur aussi envahissante soit-elle, pesante et souvent paralysante qui m’a motivé à trouver d’autres solutions, que les antalgiques habituels.

RTM | Quels conseils aurais-tu aimé recevoir lorsque tu as découvert que tu étais atteinte de l’endométriose ?

Aude | J’aurais aimé connaître la physiopathologie, savoir qu’il y avait différents types d’endométrioses, qu’il y avait des centres de références pour la prise en charge et j’aurais aimé que l’on m’écoute avant de me cataloguer comme “chochotte”.

J’aurais aimé savoir que l’infertilité touchait 40% des femmes atteintes de cette pathologie et pas toutes les femmes. J’aurais aimé que l’on me dise que cela ne m’empêchera pas d’être une femme épanouie et qu’il faudra s’adapter afin de vivre au mieux.

RTM | Sur ton blog, tu as également une rubrique qui s’adresse aux « bout’choux » où on peut y découvrir des ateliers mère/fille que tu proposes. Ton amour pour le bien-être et la beauté t’a-t-il été transmis par ta maman ou des femmes de ta famille ?  

Aude | Bizarrement non, je suis arrivée en France en 2009 et étant seule j’ai dû me débrouiller. Ma mère m’a appris les bases et c’est en me rendant dans divers événements et en m’instruisant à travers des livres que mon amour pour le bien-être naquit. Je me suis rendue compte que la transmission était primordiale dans l’éducation. Les enfants sont comme des éponges c’est pour cela qu’il faut en profiter pour leur transmettre les armes nécessaires à leurs développements, les armes nécessaires pour s’aimer.

RTM | Quand as-tu pris conscience que tes cheveux étaient beaux au naturel ? 

Aude | Mes proches m’ont toujours dit que j’avais de beaux cheveux naturels mais je ne les aient découvert que suite à un lissage brésilien. Je m’explique, avant je me défrisais les cheveux une à deux fois par an, histoire de les “assouplir” et de faciliter le coiffage « soi-disant ».

Après 6 mois de transition, je suis passée par la case Big chop qui est le fait de couper tous les cheveux modifiés chimiquement et de ne garder que les repousses qui sont naturels.

RTM | Quel est le produit capillaire dont tu ne pourrais te passer ?

Aude | Le choix est vraiment compliqué mais je dirais un shampoing doux afin d’avoir le cuir chevelu toujours propre.

RTM | Si tu devais nous partager une routine bien-être quand tu as le moral un peu en baisse ? 

Aude | Une tasse de CBD, mon coussin d’allaitement, mon diffuseur d’huiles essentielles et des chants de natures ou encore du gospel.

https://www.instagram.com/p/B-kSd9rDDAU/

RTM | Si tu devais nous citer 3 blogueuses qui t’inspirent, qui choisirais-tu ? 

 Aude | Je choisirais la brésilienne Ana Lidia Lopes pour son contenu dynamique et ses actions visant à mettre en lumière le cheveu naturel.

Creolenaturelle d’origine Haïtienne vivant à NYC. Elle m’émerveille à chaque fois par sa créativité et la qualité de ses posts.

Itscraysally d’origine Camerounaise, qui à travers son contenu casse les codes et les préjugés et enfin Fatou (@abanaturelle). D’un père Sénégalais et d’une mère ivoirienne, Fatou Diedhiou aka @abanaturelle créative et généreuse excelle dans la coiffure et manie ses cheveux naturels d’une main de maître. Son contenu est toujours en avance sur son temps.

RTM | Aude dans 5 ans, qu’est-ce qui aura changé ?

Aude | Au départ, j’avoue avoir séché sur cette question car j’aspire à être une meilleure version de moi-même chaque jour et dans cinq ans nulle ne sait ce qu’il adviendra.

J’espère tout de même que beaucoup de choses auront changé et que je prendrais toujours autant de plaisir à évoluer dans le milieu capillaire.

J’espère avoir mon permis de conduire, déménager dans un appartement un peu plus grand pour avoir l’espace nécessaire à la création de contenu, reprendre mes ateliers et continuer de sensibiliser à la prise en charge de pathologies telles que l’endométriose, l’adénomyose ou encore le syndrome des ovaires polykystiques.

RTM | Si tu devais nous citer 3 femmes qui t’ont inspiré tout au long de ton parcours ? 

Aude | Tout d’abord ma mère car sans son éducation, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Une grande cousine que j’appelle “tatie E” et que je considère comme ma deuxième maman. Je la remercie d’avoir toujours cru en moi. Il y a aussi Mlle S qui est un peu dénicheuse de talent.  Elle m’a appris à évoluer dans ce milieu sans me dévaloriser. Cette femme est multi potentielle et j’espère que tous ces projets se concrétiseront. 

Toutes ces femmes m’ont appris à être “moi” sans artifices, ni fioritures. Elles m’ont appris à être un “poto mitan” et à m’aimer pour mieux aimer les autres.  

RTM | Et enfin, qu’est-ce qui fait de Aude une Reine Des Temps Modernes ? 

Aude | Je dirais mon authenticité et ma faculté à toujours me relever malgré les épreuves de la vie. Je sais que rien n’est facile cependant il ne faut pas oublier que nous avons tous de la valeur. Si j’avais écouté la vie je serais toujours assise dans ma chambre d’écolière et je n’aurais pas “osé”. Je pense que toutes les femmes sont des reines des temps modernes car elles veillent au front en toutes circonstances.

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