Malia Metella (Médaillée olympique) – “La reconversion pour nous sportifs est obligatoire et on la prépare pendant notre carrière.”

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Après avoir mis fin à sa carrière de nageuse professionnelle en 2009, l’ex sportive de haut niveau, Malia Metella est aujourd’hui une fois épanouie et surtout reconvertie. Depuis 4 ans maintenant, elle travaille pour la société Allianz après avoir suivi des études de journalisme. Cette grande championne française, d’origine guyanaise, nous partage son parcours, ses conseils et ses aspirations suite à sa reconversion professionnelle.

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RTM ⎜Bonjour Malia, peux-tu te présenter pour nos lectrices et lecteurs ?

Malia ⎢ Je suis Malia Metalla, je suis Guyanaise et j’ai commencé ma carrière de nageuse de haut niveau en Guyane. Je suis arrivée à Paris en 2000 pour finir mes études. Je suis médaillée olympique. J’ai également été médaillée aux championnats du monde et remporté cinq médailles aux championnats d’Europe.

RTM ⎜Comment s’est passé ton arrivée à Paris ?

Malia ⎢ Je suis arrivée à Paris avec ma mère. J’ai intégré un centre pour les sportifs de haut niveau. C’est un centre qui propose un double cursus, à la fois études et sport. A mon arrivée, j’ai fait un BEP vente action marchande pendant un an. J’ai enchainé avec un bac pro commerce. Mon arrivée à Paris s’est très bien passée, je me suis très bien adaptée.

“Nous sommes de nombreux ultramarins à avoir réussi et ça il faut le faire savoir à ces jeunes.”

RTM ⎜ Est-ce que les études et le sport avaient une place égale dans ta vie à ce moment ?

Malia ⎢Oui complètement, c’était très important pour moi. Cela me permettait de contrebalancer. Lorsque je me concentrais sur l’un, j’oubliais l’autre. Le fait de me concentrer sur mes études me permettait de souffler, car la natation me demandait de l’intensité physique et mentale alors que pour mes études, je me devais d’être plus posée. Balancer entre l’un et autre, me permettait d’avoir un équilibre de vie, parce que penser uniquement à la natation n’était pas possible pour moi.

RTM ⎜ Le sport et les études ont-ils une place égale au sein des pôles sportifs ?

Malia ⎢Dans les pôles, tu es dans l’obligation de faire les deux sinon tu n’es pas accepté. Tu es obligé de faire des études à côté, et de trouver une voie dans laquelle tu peux te sentir à l’aise. Les coachs sont aussi un soutien et si ça ne va pas au niveau scolaire, ils sont contactés par les responsables de filières. C’est important pour eux, car ça fait de nous des sportifs parfaitement équilibrés.

RTM ⎜ Qu’est ce qui t’a mené vers une reconversion professionnelle ?

Malia ⎢La reconversion pour nous sportifs est obligatoire et on la prépare pendant notre carrière. C’est naturel. La seule chose qui a été compliquée pour moi a été de trouver ma voie, parce que je ne savais pas ce que je voulais faire. Les études étaient importantes peu importe le chemin que j’allais prendre, mais il était essentiel pour moi d’avoir les deux.

RTM ⎜ Quelles sont les qualités nécessaires afin d’entreprendre une reconversion professionnelle ?

Malia ⎢Etre patient, être motivé et ne pas avoir peur. Il faut également être curieux. Mon parcours professionnel n’a pas du tout été celui auquel je m’attendais. J’ai fait une école de journalisme et pourtant depuis 4 ans je travaille chez Allianz. Et même chez Allianz, j’ai déjà occupé 4 postes différents. Au cours de ces dernières années, j’ai beaucoup appris sur moi et sur mes capacités.

RTM ⎜ Quelles ont été les difficultés durant cette période de ta vie? Comment les as-tu surmonté ?

Malia ⎢ A la fin de mes études en journalisme, j’ai trouvé un travail en tant qu’indépendante dans une entreprise. Au bout de huit mois, tout s’est arrêté faute de financements et là je me suis retrouvée un peu bête. J’étais à Paris, je ne pouvais plus payer mes factures, ni mon loyer. J’ai dû retourner vivre chez ma mère. Je me demandais comment j’allais réussir à m’en sortir. J’envoyais des CVs à droite, à gauche. Cette situation a duré bien deux ans avant de pouvoir trouver mon poste chez Allianz. Ca a été deux ans de galère, où je ne savais pas quoi faire. Je me suis beaucoup remise en question.

RTM ⎜Il y a-t-il eu des personnes pour t’épauler pendant cette période ?

Malia ⎢Oui, je pense à une amie en particulier, que j’avais été voir à cette époque pour lui faire part d’un projet que je souhaitais développer. Elle a eu la franchise de me dire qu’il s’agissait certainement d’un bon projet, mais qu’il ne s’agissait pas là d’un travail. C’est à ce moment que je me suis souvenue d’un programme monté par Allianz pour recruter d’anciens sportifs. C’est cette même amie qui m’a aiguillé et m’a aidé à intégrer Allianz.

Mais cette période a été très difficile. Tu frappes aux portes, tu appelles, tu envoies des emails à des ami.e.s mais ces derniers ne peuvent pas toujours t’aider. Je me suis posée beaucoup de questions, j’ai également remis en doute mes capacités.

RTM ⎜As-tu eu des regrets ?

Malia ⎢Je n’ai pas de regrets. J’aurais peut-être fait certaines choses différemment. Notamment à la fin de ma carrière, au lieu d’arrêter brutalement, j’aurais peut-être dû trouver un moyen de continuer en faisant des meetings, ou en me donnant un an de plus pour me préparer mais je n’en pouvais plus et j’étais vraiment dégoutée. Ou il aurait peut-être fallu que je prenne le temps de réfléchir sur la manière de lancer professionnellement à la fin de es études. J’ai appris plein de choses que ce soit dans les bons comme dans les mauvais moments. Mais je n’ai aucun regrets.

RTM ⎜ Quelles qualités acquises grâce à la natation t’on aidé pendant ta période de reconversion ?

Malia ⎢A certains moments, je me suis dit heureusement que je suis passée par le milieu du sport qui t’apprends à rebondir dans les moments difficiles. Tu ne te laisses pas abattre, tu fais en sorte de toujours trouver une issue de secours et pour ça le sport m’a beaucoup aidé. Face à certaines situations, j’aurais pu m’apitoyer et pleurer pendant des jours. Le sport m’a appris à toujours trouver des solutions.

RTM ⎜ Penses-tu avoir eu une expérience particulière grâce à ton passé de sportive de haut niveau ?

Malia ⎢Oui et je ne vais pas mentir ça m’a beaucoup aidé. Cette étiquette, d’avoir été médaillé olympique, ça a aidé, mais la personnalité aussi compte beaucoup. On peut être médaillé, mais ne pas être aimé, il faut que les gens t’aiment pour ta personnalité. Et quand tu es aimé, c’est que tu as marqué les gens, de part ton sourire, tes paroles. Cela aide des fois, mais je ne m’appuie pas dessus pour pouvoir avancer.

RTM | Peux-tu nous citer 3 femmes qui t’inspirent et qui a leur manière t’ont permis d’être la femme que tu es aujourd’hui ?

Malia ⎢Ma mère déjà, ça l’a été et l’est toujours. Par rapport à son histoire, son parcours, sa manière de se battre pour sa famille. Elle a tellement de qualités. Parfois, je me demande si à sa place j’aurais été capable de survivre à tout ce qu’elle a traversé.

Il y a aussi Michelle Obama, car c’est une femme avec un fort mental. Pour être première dame des Etats-Unis et être une femme noire… Je ne peux même pas m’imaginer toutes les critiques qu’elle a pu recevoir. Je ne suis pas certaines qu’on puisse véritablement s’en rendre pas compte.  Je suis d’ailleurs en train de lire son livre en ce moment.

Enfin, Christiane Taubira que je connais depuis que je suis petite. J’ai suivi de loin son parcours. Quand elle était députée en Guyane, on voyait déjà les critiques que certains pouvaient lui proférer. Puis, quand elle est arrivée en France en tant que garde des Sceaux, ça a été une source d’inspiration encore plus grande. J’entends encore des gens qui disent qu’ils sont super contents de voir comment cette femme avait du répondant, contents de voir son charisme et sa culture. Je suis vraiment fière quand j’entends ça, surtout qu’elle est guyanaise comme moi. J’aurais bien aimé la rencontrer.


“A certains moments, je me suis dit heureusement que je suis passée par le milieu du sport qui t’apprends à rebondir dans les moments difficiles.”

RTM ⎜ Quels sont tes projets pour l’avenir ?

Malia ⎢ J’ai plein de projets pour l’avenir. Je suis en train de monter ma propre start-up qui évolue chaque mois, mais je me laisse jusqu’à janvier 2020 pour la lancer, il s’agira d’une application. Mais en ce moment, je travaille également sur plein de projets d’amis qui m’entourent dont le Trophy Table art, un concours d’art de la table dans les outres-mers fondé par Béatrice Fabignon. J’étais d’ailleurs ambassadrice en Guyane au mois de février et j’ai maintenant un rôle de responsable d’ambassadeurs. D’ailleurs, le prochain rassemblement se fera à la Réunion en juin avec Daniel Narcisse. C’est un concours qui est important, car il va toucher les jeunes en formation. Un aspect très important pour la Guyane pour développer notamment le tourisme que ce soit du côté de la cuisine, en passant par l’art de recevoir. C’est ce qui m’a motivé à dire oui tout de suite. Je participe également au festival Sport et Innovation de Frédéric Michalak qui aura lieu au mois de septembre à Lyon. Il touchera tout ce qui est technologie dans le milieu du sport, des vêtements en passant par les appareils. Je multiplie mes capacités sur plusieurs domaines qui me permettent m’épanouir et pour moi c’est important : si je n’aime pas, je ne le fais pas. Et quand je fais quelque chose, je le fais à 100%.

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Mais quelle belle aventure le Amazonia Trophy Table Art, cette 2ème escale en Guyane avec @trophytableart Un retour aux sources après 6 ans d'absence… Un concours dédiée à deux catégories : jeunes en formation puis aux professionnels. Les prestations étaient Magnifique… Un concours sous le signe du partage et de la transmission. Au programme des ateliers : 1 – Mise en place d'une table de 2 couverts sur le thème des jeux olympiques 2014 2 – Décoration florale régionale et créative 3 – Cocktail création au shaker pour 2 personnes 4 – Présentation, service et décantage du Champagne Nicolas Feuillate 2013 5 – Découpe d'une volaille fermière Guyanaise pour 2 personnes 6 – Réalisation d'une assiette ou coupe de fruits frais exotiques / préparation à l'office avec lavage des mains au préalable (non face au client) 7 – Bananes flambées – réalisation créative à partir d'un panier commun pour 2 personnes Merci à @beatricefabignon_chef de m'avoir choisi en tant qu'Ambassatrice de la Guyane Merci à l'équipe de Choc : @kevinchambenoit @emmanuel.fournis @stephane.pro.argentier @kc_studio_yuzu Et bien sûr, un énorme Merci aux partenaires .. @delicesdeguyane @ctguyane RSMA Guyane @officedetourismedeguyane @complexebelova @airfranceoutremer @guyanela1ere Merci à la Guyane pour cet accueil si chaleureux, une Terre de Richesse avec des pépites qui ne demandent qu'à être découverte. Une jeunesse si motivée avec des envies d'apprendre et de grandir #Instagram #instapic #picoftheday #instahappy #instagramers #picture #guyane #guyanefrancaise #artdelatable #ctta #gastronomie #happy #love #instafood #fusée #fondationpaulbocuse #photooftheday #photooftheday

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RTM ⎜ Est-ce compliqué de créer une Start-up en tant que femme noire?

Malia ⎢Je me suis toujours dit que je ne crois que ce que je vois. Je te répondrais l’année prochaine, une fois le projet lancé. Mais je t’avoue, que c’est quand même quelque chose qui m’effraie. Dans tous les cas, rien n’est facile. J’ai eu des surprises quand je suis arrivée de Guyane. J’ai appris des années plus tard, que certaines personnes ne croyaient pas en mes capacités. Certaines personnes pensaient que j’allais tenir un mois, car c’était censé être “trop difficile”. Au final, j’ai fini avec une médaille olympique et capitaine de l’équipe de France…

RTM ⎜ Est-ce important pour toi de mettre en avant la jeunesse ultramarine ?

Malia ⎢Oui, parce que ces jeunes en ont besoin. Ils n’ont pas besoin seulement d’aide, mais également de modèles de réussite pour leur montrer le chemin et leur prouver que c’est possible. Nous sommes de nombreux ultramarins à avoir réussi et ça il faut le faire savoir à ces jeunes.

RTM ⎜ Qu’est-ce qui fait de toi Malia une RTM ?

Malia ⎢La combattante que je suis, je pense. Je me suis battue pour pouvoir réussir en natation, pour pouvoir réussir mes études et ensuite dans ma vie professionnelle.

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Crédits Photo de une : Léonie Vignocan

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