Je suis lasse de lire ces articles et ces témoignages dans lesquels se nichent l’abandon auquel sont sujet.te.s tou.te.s les victimes de viol, violences sexuelles et violences conjugales.
Je suis fatiguée de lire ces histoires de vie où chaque victime ou survivant.e n’a pas été reconnu.e par la justice française.
Je suis épuisée d’entendre la mention « fautes de preuves » qui laissent des criminels et délinquants en liberté. Lesdits criminels et délinquants, face à l’impunité dont ils bénéficient, seront certainement récidivistes. Ce n’est pas moi qui le dit. Ce sont toutes ces histoires qui mettent en cause des conjoint.e.s violent.e.s et/ou des pédocriminel.le.s sexuel.le.s, dont on entend qu’ils n’en sont pas à leur coup d’essai, qu’il.elle.s ont frappé plus d’une fois, qu’il.elle.s ont violé maintes et maintes fois, maintes et maintes personnes. Tant qu’il.elle.s ne sont pas inquiété.e.s, ils continuent d’agir. Et c’est une vie, plus une autre, encore une, une de plus et ainsi de suite jusqu’à l’infini qui est détruite.
En page 8 du journal Le monde du 8 octobre 2018, l’article « Lutte contre les violences sexuelles : la justice toujours pas à la hauteur » relate que le nombre de plainte en 2018 ont augmenté en début d’année 2018, tandis que le nombre de condamnations chute depuis des décennies. Il en va de même pour l’article dans Libération où la journaliste Titiou Lecoq met des noms et des vies derrière tous les meurtres conjugaux qu’elle a rencontrés au détour d’une enquête, la majorité restant impunie.
Toutes les victimes de viol, violences conjugales, sexistes et sexuelles sont en quête d’une réparation par la justice, d’une reconnaissance du traumatisme subi. Moi y compris. Quand je me suis tue entre les dix ans séparant la levée de mon amnésie traumatique et mon dépôt de plainte, c’est parce que, indubitablement, je savais que cela finirait par un classement sans suite. Et c’est ce qui est arrivé.
Ce déni judiciaire va être la cause par laquelle les victimes et survivant.e.s ne vont pas signaler leur agression à la justice, sachant que cela finira par une non-reconnaissance. Quand on sait combien porter plainte est émotionnellement éprouvant, ce silence ce comprend à 10000%.
Ce déni judiciaire est ce qui va faire que les violeur.se.s et agresseur.e.s vont continuer d’agir vu qu’ils savent qu’ils ne seront pas inquiété.e.s.
En laissant de telles horreurs se perpétrer en toute légalité, la justice française sème la terreur chez toutes les personnes confrontées à de telles agresseur.e.s : le conjoint, les enfants étant en première ligne de mire. Comment pouvons-nous construire une société équilibrée quand celleux qui seront amené.e.s à devenir les adultes de demain, sont condamné.e.s d’entrée de jeu. Ce climat de peur dans lequel la justice abandonne chaque victime et survivant.e, fait d’elle une terroriste. Littéralement. Est terroriste cellui qui provoque de la terreur. La justice en fait partie car elle laisse impuni des crimes de masse. Les victimes de violences sexuelles, sexistes et domestiques vivent constamment dans la peur et les études sur les psychotraumatismes démontrent qu’une personne victime d’attentat et de viol a exactement les mêmes symptômes au long terme.
Oui, la justice française est terroriste tant qu’elle ne protège pas les citoyens et elle se rend coupable de non assistance à personne en danger. De nombreuses victimes de viol et/ou de violences conjugales côtoient leur bourreau durant des années voire plus. Les plaintes déposées ne sont rarement pris en compte et la victime/survivante ne pourra guérir ni aller de l’avant tant que sa vie est constamment menacée.
Au pays des Droits de l’Homme, l’insécurité est la règle et la justice ne remplit pas son rôle de protection, voire même elle terrorise les citoyens qu’elle est censée protégée, par son inaction.