C’est quoi une bonne personne? Selon mon éducation, une bonne personne est à l’écoute des autres, une bonne personne partage ce qu’elle a, une bonne personne s’occupe de sa famille, une bonne personne entretient de bonnes relations avec ses amis.es, une bonne personne respecte sa parole, etc. Les critères définissant une bonne personne à nos yeux sont nombreux.
Je ne suis pas quelqu’un de bien.
Ce n’est pas l’envie qui me manque. Dieu sait à quel point j’ai envie d’être considérée comme une bonne personne.
Je n’y arrive pas toujours.
Parfois, j’ai cette boule qui part du ventre, puis me monte à la gorge, et j’ai l’impression d’étouffer.
J’étouffe sous le poids des attentes, ce que l’on attend de la belle et bonne personne que je suis sensée être.
Ces derniers temps, j’ai été très sollicitée. Financièrement, ma famille, mes amis ont eu besoin de mon aide. J’ai commencé, avec plaisir. Puis, les besoins se sont accrus. De vrais besoins, honnêtement. Pas des besoins légers, pas de caprices. Des choses importantes, qui relèvent de la santé, et d’autres besoins primaires. J’ai aidé. Au fond de moi par contre, je me sentais encerclée, toujours avec cette sensation d’étouffement. Je me suis sentie de moins en moins libre, de plus en plus dans l’obligation et non dans le choix. Chaque demande, au lieu d’être synonyme de partage, est devenue synonyme de privation pour moi, de choses dont je devrais me priver, de choix que je n’aurais plus. Il paraît qu’être égoïste, c’est la définition même de ce que je viens d’écrire.
Je te l’ai dit, je ne suis pas une bonne personne.
L’autre jour, j’ai reçu le coup de fil d’une amie, une personne assez proche, qui me reprochait de ne pas avoir donné de nouvelles…depuis une semaine. Et je me suis sentie coupable. Coupable de ne pas entretenir les liens, coupable de ne pas appeler régulièrement, de ne pas demander comment ça va. Et je lui en ai voulu d’avoir fait naître en moi cette culpabilité. Encore une fois, je me suis sentie étouffée. Comment expliquer que parfois, je n’ai pas envie de répondre au téléphone. Parfois, je mets du temps à répondre aux messages. Parfois, je n’ai juste pas envie de contact humain. Cet état peut durer une heure, un jour, une semaine, un mois, ou plus. J’ai pour habitude de dire, que mes meilleurs amis sont ceux qui me fichent la paix. C’est vrai. Mes meilleurs amis, savent que je peux être généreuse, quand je veux. Mais parfois, il n’auront pas de mes nouvelles, pendant (très) longtemps. Les conventions sociales qui régissent les relations humaines me donnent parfois l’impression d’être enfermée. Comme tout prisonnier, dès que l’idée d’une cage ou d’une cellule apparaît, je ne pense qu’à m’enfuir. Mon téléphone s’éteint, ma messagerie aussi, laissant l’autre dans une situation d’incompréhension. Incompréhension que je comprends à un niveau intellectuel, je sais que ce n’est pas plaisant d’être ignoré, ça peut même être très violent. Mais comment expliquer que j’ai du mal à avoir de l’empathie face à cette incompréhension que je crée, lorsque de mon côté, je suis juste en train de briser ce que je perçois comme des entraves et que mon réflexe de fuite est activé puissance mille?
Je ne suis pas une bonne personne. Tu me crois maintenant?
Des amies l’autre jour, partageaient des recettes de cuisine, pour la famille, pour les enfants. Elles se sont tournées vers moi et je leur ai expliqué que chez nous, ce soir, ce serait pizza. Livrée..pour la deuxième fois de la semaine. Et hier c’était hamburger. La nounou est en vacances vois-tu, et le traiteur est mon meilleur ami. Heureusement qu’ils sont là l’un et l’autre, parce que cette histoire de cinq fruits et légumes par jours, faudra repasser. Je ne cuisine pas pour ma famille (à part le gâteau du dimanche, pour les repas faits avec amour par les mains de maman…euh…comment te dire?), je laisse mon mari se dépatouiller tout seul avec son linge, et plein d’autres tâches domestiques auxquels j’applique (souvent avec succès) la stratégie d’évitement.
Je suis également mère indigne et mauvaise femme mdr.
Alors si avec tout ça, nous sommes toujours amis, c’est que tu as compris mon fonctionnement, et je t’en remercie, sincèrement. J’ai énormément de gratitude, pour la présence de mes amis et proches dans ma vie.
J’ai de la chance d’avoir autour de moi des personnes qui fonctionnent comme moi, ou qui ont compris qu’en me contraignant à des conventions de bienséance, c’est ma liberté de faire autrement, ma liberté d’être complètement moi même qui est entravée. Et lorsque cela arrive, mon mécanisme de fuite ou de protection se met en marche. Parfois je vais reculer, souvent je vais dire non, et en général de vais être considérée comme une mauvaise personne, pas sympa. Ce qui est sûr, c’est que bonne ou mauvaise personne, je m’efforcerai toujours d’être moi même.
Des fois je vais te dire non. Non, quand je me sentirai dans l’incapacité de donner, de partager. Non, parce que je vais faire passer mes besoins, aussi triviaux soient-ils, devant les tiens, bien plus importants. Oui, parfois je vais préférer m’acheter une paire de chaussure, que de t’aider à payer ton loyer. Parfois, je vais préférer dormir, que de venir t’aider à déménager. Par contre, la prochaine fois que je te dirai oui, la prochaine fois que nous échangerons cette énergie appellée argent ou temps, elle sera remplie de positif. Je l’échangerai, je la donnerai avec mon coeur, de tout mon coeur. Il n y’a aura aucun ressentiment, aucun jugement, aucune frustration.
Parfois, je t’aurai promis quelque chose. Je t’aurais promis de faire un truc. Au moment de le faire, je n’en n’aurai pas l’énergie, ou le temps, ou l’argent. Alors, je ne vais pas respecter ma parole. Je vais attendre que l’énergie soit disponible, un autre jour, à un autre moment. Quand l’énergie sera disponible, quand je le « sentirai », alors je te donnerai tout. Pas forcément quand j’ai dit que j’allais la donner, mais je préfère attendre que ce soit le bon moment et tout donner, plutôt que de faire à moitié, pour te faire plaisir et par la même occasion, me sentir coupable parce que je sais que j’aurais pu mieux faire.
Je serai également moi-même quand je vais te rappeler dans une heure, dans une semaine ou dans un mois. Je serai moi-même quand nous allons nous voir, l’année prochaine. Nos interactions seront toujours vraies, du moins de mon côté. L’énergie que nous allons partager, échanger, sera toujours celle que j’ai de meilleure à ce moment là. Je serai pleinement avec toi, complètement focalisée sur nos échanges, sur notre relation. Je donnerai ce que j’ai à donner, multiplié par mille. De l’argent, du temps, des fous rires, des conseils, des câlins, tout ce que j’aurai avec moi à ce moment, toute cette énergie, je la partagerai avec toi, tu le sais. Tu seras avec Arlette, la vraie.
C’est vrai, j’aurai pu répondre à ton coup de fil l’autre jour, ou te rappeler de suite. Mais je ne suis pas sûre que tu m’aurais eu, moi. Tu aurais eu celle qui veut se conformer aux conventions sociales. Et celle là, quand on la bouscule, elle se renferme, comme une coquille. Parce qu’elle ne veut pas se sentir jugée par ton regard ou tes remarques. Tu pourras avoir celle là au téléphone, ou la voir quand tu désires, mais son énergie, son essence sera peut-être ailleurs, là où elle voudrait être pendant ce temps. Elle (son essence) sera chez elle, avec ses enfants, ou alors au boulot, parce c’est aussi une partie importante de sa vie, ou tout simplement dans sa tête, parce que oui, c’est aussi un endroit où elle aime bien passer du temps.
Et si tu es connecté à Arlette, la vraie quand tu veux, aussi tôt que tu le veux (ce qui arrive quand même souvent, n’exagérons rien non plus), souviens toi, le jours où tu ne l’as pas, que quelque part ailleurs, elle donne son tout également à une autre personne, chère à son coeur. Peut-être a t’elle décidé de se focaliser sur elle et que cet amour, pendant quelque temps, elle va se le donner à elle même. Peut-être que son temps, son argent, elle va vraiment tout donner à ses parents. Parce que à ce moment là, c’est là où son énergie est dirigée. Peut-être tout simplement, qu’elle est devant la télé avec les enfants. Elle te rappellera, plus tard, bien plus tard peut-être, lorsqu’elle pourra être totalement à toi. Cette connexion, malgré le temps qui sera passé (convention sociale), sera toujours authentique, parce qu’elle aura été choisie, et non imposée. Effectivement, je préfère dire « je choisis » au lieu de dire « je dois ». Quand je choisis, je ne suis pas frustrée, je ne suis pas coupable, et je partage sans arrière pensée. Je peux alors échanger avec toi, sereinement.
Si tout cela fait de moi une mauvaise personne, alors je l’assume. Et je reste mauvaise, dans toute mon authenticité.
Et toi? Qu’en penses-tu? qu’est ce qui fait de toi une mauvaise personne (ou quelqu’un de bien)?
Très intéressant, je n’aurais pas mieux dit.
La meilleure façon d’être une bonne personne est effectivement d’être honnête envers soi-même et envers les autres. En ce qui me concerne, mon mantra depuis quelques années est tout simplement: ‘si tu n’en as pas envie/ne le sens pas, ne te force pas’.
Car rien de pire que de faire les choses à contre-coeur, ça me bouffe de l’énergie pour rien et en plus ça se voit que j’ai la flemme :p
Effectivement, s’écouter et s’occuper d’abord de soi c’est non seulement faire preuve d’amour envers soi-même, mais aussi envers les autres. Merci de m’avoir lue 🙂