Étincelle

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Elle ne résidait pas dans tes yeux.

Ni dans ton souffle.

Ni dans tes silences.

 

Pourtant je la sentais à chacun de tes regards. Un effet miroir.

Il me suffisait de te pressentir pour l’apercevoir.

 

Plus je m’approchais, plus je la savourais. Je la sentais … se libérer, exalter, s’embraser. Persuadée que tu étais celui qui l’attisaist. Alors je décidais de ne jamais m’éloigner, m’envoler. Je te voulais à mes côtés, à chaque instant. Je craignais qu’à chaque palpitation, qu’à chaque papillonnement, elle ne s’atténue, s’étouffe, s’assourdisse.

 

Un jour tu t’en es allé. Poser ce regard, ce souffle, ces silences… sur une autre. Sans crier garde, sans prévenir. J’avais beau fermer les yeux et t’imaginer de toutes mes forces. Tu n’étais plus. Son carburant n’était plus.

 

D’un coup, je la sentie s’affaiblir. Chaque larme, chaque douleur, chaque suffocation s’abattait comme un torrent, ne lui laissant aucune chance de survivre. J’ai cru qu’elle mourait. Je me sentais refroidir. Je la sentais s’éteindre.

 

Il me fallut du temps pour l’entendre à nouveau. Le bruit était lointain. Loin. Comme tu l’étais de moi. Une distance qu’aucun mètre ne pourrait mesurer. Et pourtant, je percevais ses hurlements à répétition. Elle cherchait mon attention. Elle m’ordonnait de faire silence.

 

Je l’ai ignoré à plusieurs reprises. Ses cris faisaient pourtant échos. Je faisais mine de ne pas entendre. Je ne voulais pas l’entendre. A quoi bon servirait-elle désormais ? Je m’étais habituée au vide. J’avais appris à apprécier l’odeur de ton absence, la fraicheur du néant que tu avais laissé.

 

L’existence n’avait de sens que lorsque je t’avais près de moi. Mais tu n’étais plus.

 

Il faisait déjà nuit. J’étais seule. Une fois de plus. Un jour de plus. Allongée, dans le noir, je fermai les yeux. Je contemplais mon âme gronder son chagrin, suinter ses brûlures. Dans ce brouhaha d’horreurs que j’avais appris à apprécier, je la sentis maronner. Comme pour détourner mon attention de ce chaos.

 

Je la sentie à nouveau. Je la sentie revivre.

 

Je m’étais trompée. Elle n’était pas un reflet. Elle vivait en moi. Elle brûlait en moi. Elle survivait en moi.

 

Elle se mis à briller, ravir, étinceler. Sa lumière rayonnait et je me sentie libre. Libérée. Je compris que ce qu’elle me laissait apercevoir dans tes yeux.

Dans ton souffle.

Dans tes silences, était son propre reflet que je ne laissais exister qu’à ton contact. Je compris qu’en réalité elle ne dépendait pas de toi.

Elle vivait dans mon regard.

Elle vivait en chacun de mes souffles.

Elle résidait dans mes silences.

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