Demain me manque déjà, cet ailleurs aux contours indicibles.
Hier n’est pas apparu, je ne l’ai pas vu, pas vécu, il a été dérobé par ce geste qui a corrompu mon rapport au temps.
Le présent n’est pas. Il a disparu dans ces pensées tournées vers hier, orientées à demain, ces espace-temps qui n’ont de substance que dans leur énonciation.
Demain me manque beaucoup.
Il obnubile mon esprit à tel point que je ne le vis jamais quand il arrive ; je ne le vis même pas en illusion. J’ignore ce qu’il promet mais je devine son contenu, semblable à aujourd’hui, hier, et les jours d’avant : une souffrance vide mais poignante, paralysante et handicapante. Elle n’empêche pas les gestes, permet les automatismes.
Demain se teinte de couleur monochrome, de saveurs sans épices.
Demain a disparu avant d’être et c’est là qu’il m’a manqué…
… quand il a emporté mes espoirs de meilleurs lendemains…
… d’oublis d’hier …
Je me suis perdue dans ce temps figé : le passé.
Il s’est suspendu tout en avançant. Ma plume sur cette feuille n’en changera jamais le contenu qui m’empêche de vivre demain et me fait oublier aujourd’hui.
Demain me manque déjà et emporte avec lui le regret de ne pas avoir su changer hier pour exister aujourd’hui.
c’est absolument magnifique ! j’en suis toute ému. merci beaucoup pour ce poème très proche au mots près de ma réalité. merci c’est très beau et très triste aussi
Merci beaucoup Ghislaine pour ce commentaire très ressenti. Tu as su, en effet, repérer la dualité émotionnelle en jeu dans ce texte, je suis contente.