Depuis l’âge de 10 ans ma mère a commencé à me défriser les cheveux parce que comme toutes les mamans africaines ayant plusieurs enfants, elle n’a jamais eu le temps de se concentrer sur moi et mes désirs capillaires. J’ai donc toujours alterné entre des braids et des coiffures types “touffi n’taba” comme toutes les petites filles africaines.
En grandissant, j’ai pris un peu plus d’aisance en commençant à me faire des coupes plus aériennes. Le Babyliss était devenu mon allié principal. Toutes les coiffures y sont passées : de la coupe type Halle Berry, à la coupe de Kelly Rowland au début des Destiny child’s. J’étais tellement fière du rendu, de la liberté et du volume que me donnait le Babyliss. De plus la chance que j’ai eu, c’est que plus jeune, j’ai gagné de l’argent assez tôt. Je pouvais donc me permettre à partir de mes 16 ans d’aller chez le coiffeur une fois tous 1 mois et demi. Au programme : alternance entre soins, braids, des fois des rangées de tissage se mêlant à mes cheveux naturels, coupes courtes, puis des crochets. Mais j’étais loin d’imaginer que quelques années plus tard mon quotidien changerait et que mes sessions coiffures vireraient au cauchemar.
Comme toutes les férues du Babyliss et du défrisage à un moment j’ai senti mes cheveux plus fragiles. Le tout combiné à des problèmes personnels, j’ai commencé à perdre des cheveux, beaucoup trop, des poignées complètes. J’ai commencé à être stressée car je perdais mes cheveux ce qui m’a de suite emmené dans un cercle vicieux. C’est à ce moment qu’une solution miracle s’est présentée à moi!
Je me rappelle qu’à cette époque, j’étais alors âgée de 19 ans, j’avais accompagné une amie à un casting donné par un salon de coiffure, Hairy Taj. Le coiffeur très en vogue à l’époque, Taj recherchait des filles afin de représenter son salon et son art au Mondial de la coiffure qui se tenait à Paris. Ma copine possédait une de ses chevelure à faire pâlir toutes les femmes afro (je tiens à préciser qu’à cette époque le nappy n’était pas encore à la mode comme aujourd’hui). Enfin je l’accompagne afin de la soutenir. Elle passe en dernière candidate. Et au moment d’être castée je la vois hésiter. Taj lui demande si elle est prête à faire une couleur, une permanente, si elle acceptait qu’on lui coupe les cheveux. Moi même offusquée, je comprends que sa chevelure ne peut pas subir ça, il y avait beaucoup trop à perdre. Elle refuse. Je la comprends TOTALEMENT !
Il se retourne alors vers moi me demandant si je souhaite passer le casting. Je rigole lui disant que je n’ai pas du tout la chevelure de mon amie et que je ne ferais pas l’affaire. Gêné… Il me demande de m’asseoir et diagnostique mes cheveux en me posant les mêmes questions qu’à mon amie… Et vu la catastrophe de mes cheveux je n’avais aucune crainte que ce soit pire… À ma grande surprise, il valide ma candidature et redonne vie à mes cheveux la semaine d’après. Un défrisage, un soin, une coupe. Et me voilà repartie comme en 40… Fière de moi et de mes cheveux toujours au top de la dernière coupe, je commence même à jouer avec des crochets.
Et là 2010 arrive. Avec elle, l’émergence du mouvement nappy et toutes ces magnifiques femmes qui sortent de nul part te disant que le nappy c’est trop bien, c’est magique, que ça te permet d’assumer tes racines, de refuser les dictats que la société occidentale impose aux femmes noires et que nos aïeules se sont battues pour que nous soyons libérées. Je passe au travers du mouvement sans m’en soucier. Non pas que le message proné ne me touche pas, bien au contraire. Si nos ancêtres se sont battues, c’est pour qu’on puisse être libres.
Et si ma liberté passait par le je m’en foutisme capillaire? Je ne sais pas. Je ne me pose même pas la question. Je vis sans réfléchir. Mes amies commencent à adopter le lissage brésilien, je regarde ça de loin effrayée du rendu. Après tout, j’ai les cheveux fins. Je crains de ne pas avoir de volume. Je décide de rester sur mon défrisage et mes crochets. Je me sens bien comme ça. Je ne passe pas “une heure” le soir à me faire des nattes ou des soins. Le peu de temps où je m’occupe de mes cheveux, c’est un Bonheur, pas une contrainte.
Le temps passé, 2012 arrive, mes amies continuent à me sermonner. “Anna laisse tes cheveux respire. Arrêtes les défrisages..”. Je commençais sérieusement à y réfléchir. Et si c’était vrai? Si mes cheveux étaient mieux au naturel? Entre temps j’ai lancé mon entreprise en 2013. Un projet urbain, avec beaucoup de gens de tous bords… Comment j’aborde mes apparitions ? En étant le plus neutre possible. En effet évoluant dans un milieu assez “francisé” je refuse d’être un symbole et une porte-parole d’une cause que je ne porte pas. Du coup, mes apparitions officielles, photos, interviews… je suis souvent en crochets ou en braids… Je ne peux pas réfléchir d’ailleurs trop longtemps à mes coupes. J’ai de plus en plus de mal et de moins en moins de temps.
2014 arrive et je décide de franchir le pas. J’arrête de me défriser les cheveux progressivement. Argh. Le départ est chaotique car je refusais de couper mes pointes. J’attendais d’avoir assez de repousses avant le Big chop. Le fameux. Celui dont toutes mes copines parlent. Celui qui me ferait renaître de mes cendres de noire “occidentalisée”. Je fais finalement le saut en 2015. Je coupe toutes mes pointes. Premier choc. Je ne ressemble encore plus à rien que d’habitude. LOL. J’en ris. Mais je peux vous assurer que j’ai failli pleurer en sortant de chez le coiffeur. Mais je prends mon courage a 2 mains et me lance dans les crochets. Les cheveux respirent et je me sens revivre. Mais que faire quand je n’ai pas de crochets car je n’assume pas. La coupe champignon que je vois sur certaines filles en transition m’irrite et surtout je ne veux pas me présenter de la sorte à mes évènements.
Je continue. J’enchaîne… Eté 2017, je découvre la joie du wash and go. Je fais des nattes avec du fil en dehors du wash and go, ça me détend bien les cheveux que je laisse en afro. C’est génial. Mon copain de l’époque (antillais ) me soulait pour que j’assume mes cheveux afro parce que « nous les africaines on aime trop les tissages et les faux cheveux ». Brefons. Je me sens bien, mais frustrée chaque matin, chaque soir. 25 min de coiffure + session maquillage “outrancier” le matin (Oui je fais partie de ces femmes qui n’ont pas de traits fins et délicats donc afro + naturel N’ABUSONS pas ) + 35 min le soir. Alors que mes journées durent 13h, je commence à être épuisée.
Je reprends les braids et les crochets. Mais je sens une carence dans mes cheveux. Ils ont besoin d’air. Que faire ? Laisser l’afro ? Chacune de mes sessions capillaires virent à l’angoisse. À chaque fois que je retire mes nattes, ou autre, je panique. Je stresse, et lorsque je suis dehors je me touche sans cesse les cheveux. Je deviens même tellement stressée que ça se lit sur mon visage. Au point où j’en pleure de nervosité. D’habitude assez sûre de moi, je ne me sens totalement pas à ma place. Instagram n’arrange en rien mon rapport à ma chevelure. Je vois toutes ces bloggeuses, aux cheveux bouclés magnifiques qui me montrent comme gérer mes cheveux, quoi faire. C’est tellement génial sur le papier. Mais p**** ça ne marche pas sur moi. J’essaye, je les envie mais je n’y arrive pas.
Alors quoi, qu’est ce que ça signifie? Je ne vois jamais personne parler de ce blues qui m’habite. Oui celui d’être frustrée de ma chevelure. Du coup, la honte s’empare de moi. Je n’ose mm pas en parler à mes amies, qui elles se sentent totalement épanouies dans leur nappyisme. Dès que j’en parle, je me fais détruire. On me dit ” bah ouais, c’est normal, tu mets toujours des faux cheveux sur tes cheveux!” D’accord mais quelles solutions s’offrent à moi ? Je n’en vois aucune. Je suis juste inondée de tous ces tutos, toutes ces astuces LOC, LLC. Mais je ne m’y retrouve pas. Ça ne me parle pas.
Donc oui mes copines, mesdemoiselles les bloggeuses, les Team bouclettes, arrêtez de nous mentir, arrêtez de nous faire croire que tout est simple. Que s’occuper de ses cheveux afro c’est un bonheur quotidien pour TOUTES. Les Medias afro arrêtez de nous influencer au point de susciter chez celles qui refusent le nappyisme un sentiment de malaise, ou de leur donner la sensation d’être des déchues ou des erreurs. Oui le défrisage est nocif c’est un fait! Mais en 2017, plusieurs choix s’offrent aux femmes de tous bords confondus pour s’assumer telles qu’elles sont. Pour certaines, porter l’afro est un symbole fort et je le respecte. Mais vous devez aussi être capables d’entendre que pour d’autres, le symbole se trouve ailleurs que sur ce qu’elles portent sur le crâne. Au même titre qu’une fille qui porte des locks n’est pas une rasta. La tolérance et l’acceptation de l’autre est la meilleure arme à l’ignorance.
Coucou ! C’est un témoignage très intéressant. J’ai toujours eu les cheveux naturels, pas de défrisage. Je trouve que le mouvement nappy a apporté un regard positif pour les noirs. Mais il est vrai que maintenant il y a cette pression de la communauté noire envers les femmes qui n’arborent pas leurs cheveux naturels et je trouve ça déplorable. Les cheveux ne devrait pas avoir un tel poids identitaire, malheureusement de par notre histoire le cheveux afro est devenu un symbole pour notre communauté. Mais cette pression liée au mouvement nappy décrédibilise tout ça. Certaines valeurs sont occultées telle que la tolérance envers l’autre qui fait le choix de se défriser, de porter un tissage, mais qui reste noir et attaché à ses racines africaines. En effet le retour au naturel n’est pas simple, c’est bien beau mais c’est de l’entretien. J’espère que tu as pu te retrouver, même si c’était en revenant au défrisage. S’aimer avant tout, en dépit d’une cause capillaire qu’on ne peut pas toutes porter.
Hello,
Comme je le disais ds mon commentaire Facebook je pense que le problème vient du fait que ce n était pas vraiment un choix personnel influencé par l entourage, et l’époque . De ce fait, l experience n est pas vécu comme un retour aux sources et un cheminement pour réapprendre à connaître son cheveu mais plus comme une épreuve et de ce fait je peux comprendre le calvaire et le manque de motivation.
Pour ma part je suis coiffeuse spécialisée dans le cheveu afro et j ai reçu nombre de femmes qui bien que revenues au naturel par choix, galéraient à trouver une coiffure qui convienne à leur mode de vie j’entends le manque de temps et “présentable pour le boulot. Et je le comprends d autant plus que moi même je ne trouvais pas le temps de faire twist out etc et que je ne me voyais pas garder l Afro constamment d où mes locks aujourd’hui. La première tentative était un échec j ai coupé rasé en mode Amber Rose pour repartir sur des plus fines. Bref tout cela pour dire que ca prend du temps et c’est aussi une étape ds la vue d une femme et que cela permet aussi de savoir qui l on est, comment on se voit, et quelle image on veut renvoyer de soit.
Ce n est pas tant que les bloggeuse et autres mentent mais reste à savoir aussi si justement vous suivez la bonne personne, la YouTubeuse dont le cheveu est le mm que le votre c’est important pour éviter les frustrations liées à l’échec parce que oui ca be rend pas pareil et alors on se dit j’y arrive pas ou avec moi çà marche pas !! Or déjà le type de cheveu une fois défini permet de savoir comment apprivoiser sa touffes lol avoir les bons soins les bons gestes ss trop galèrer.
C est un cheminement mais ax les bons conseils et par la suite gestes ce sera aussi fluide qu avant voir mm plus simple parce qu en vérité un cheveu de frisé demande plus de soins que un cheveu naturel sain.