En 10 ans, notre QUEENSPIRATION a su se faire une place de taille sur le marché des médias en Afrique de l’Ouest. Elle s’appelle Amie O. Kouamé, elle est la co-fondatrice du magasine AYANA, le premier webzine féminin de Côte d’Ivoire qu’elle lance en 2011 avec sa collaboratrice Edith Brou.
RTM | Bonjour Amie, nous sommes ravies de t’accueillir sur RTM. Pour commencer, quels sont les mots que tu choisirais pour t’introduire ?
Amie | Bonjour, je dirais que je suis passionnée, rêveuse et résiliente.
RTM | Avant que l’on parle de ton projet, j’aimerais que tu nous parles de ton parcours. Où as-tu grandis ? d’où viens-tu ? Quelles furent les grandes étapes de ta vie avant de devenir la Amie d’aujourd’hui ?
Amie | J’ai commencé en étant assistante de production. J’ai également travaillé pour le groupe VOODOO (groupe de communication et d’édition présent en Côte d’Ivoire, au Sénégal et Cameroun) pendant plusieurs années.
Ensuite, je suis passé chez CANAL+ en tant que leur premier digital manager en Afrique justement et parallèlement, j’ai lancé AYANA. Puis je me suis mise à mon compte.
Entre temps, j’ai travaillé avec Mayelia en tant consultante communication pour le lancement de cette entreprise qui est le challenger de la SICTA.
Aujourd’hui, je dirige l’agence AYANA l’agence. Et il y a un an, j’ai lancé la marque de sauce ALLOCO PIMENT.
RTM | Depuis quelques années, le monde des médias en Afrique compte parmi lui de plus en plus de médias indépendants portés notamment par des femmes du continent. Ton projet Ayana webzine en fait partie. Peux-tu nous raconter la genèse de ce projet ?
Amie | L’aventure a commencé le jour où je me suis dit que je voulais pour l’Afrique un magasine du type « Elle » ou « Cosmopolitan ». Des magasines frais et sympathiques que je lisais étudiante, mais qui ne prenait pas en compte la réalité de chez nous.
Un peu plus tard, j’en ai parlé à mon amie Edith, qui voulait se lancer dans un projet similaire. Nous avons décidé de le faire ensemble. Nous sommes allées à la rencontre de toutes les personnes susceptibles de nous aider aussi bien financièrement qu’humainement.
Nous avons la chance de trouver des personnes qui nous ont fait confiance et qui nous ont soutenu. C’est ainsi que nous avons pu lancer Ayana Webzine! .
RTM | Peux-tu nous parler du contenu que l’on peut retrouver sur le webzine ?
Amie | On y retrouve du contenu de qualité destiné à tous.
Des histoires de femmes africaines (entreprenantes, dynamiques, créatives), des Superwomen ! On y partage des idées et conseils pratiques sur l’entrepreunariat, le business, la mode, la santé, la beauté, le couple, la culture et contributeurs.
On partage des faits de société, des histoires de femmes inspirantes, leurs expériences et points de vue ; des bons plans et événements à découvrir.
RTM | Ayana fête ses 10 ans cette année, comment voyez-vous l’évolution du média dans les 5 prochaines années à venir ?
Amie | Nous rêvons d’aller plus loin. Nous voulons continuer de déployer nos ailes. On y travaille.
RTM | Dans une interview, je lisais les difficultés que vous avez rencontrées au début du projet pour trouver des financements. Initialement, le projet ne se voulait pas au format web. Selon toi avec le recul, qu’est-ce qui rend si difficile le financement de médias indépendants ?
Amie | Je crois vraiment que les banques ne sont pas encore adaptées au fonctionnement des entrepreneurs surtout en Côte d’Ivoire. Il n’y a pas que les banques, c’est tout le système qui n’est pas adapté.
Je pense que c’est en plein mouvement, mais ce n’est pas évident. Quand tu es un entrepreneur et à ton compte, les banques sont également très frileuses pour t’accompagner dans tes projets de vie.
C’est très contraignant. Si ton entreprise ne correspond pas aux formats habituels que connaissent les banques, ça ne passera pas. Les banques doivent également évoluer, afin de proposer des offres adaptées aux entrepreneurs, des offres qui permettent aux entrepreneurs de se développer tant sur le plan professionnelle que personnel.
RTM | On parle souvent de LA femme africaine que je trouve un peu limitant tant l’Afrique est vaste et diversifiée. J’ai plutôt envie de te demander toi qui vit sur le continent, à Abidjan, quels sont les enjeux liés au fait de porter sa/ses voix en tant que femme par le biais des médias ?
Amie | L’enjeu pour moi est de pouvoir pointer du doigts les problématiques quotidiennes des femmes qui sont aujourd’hui devenue la norme, sans se prendre trop au sérieux. Lorsque tu es une femme, on attend de toi que tu sois discrète, que tu n’en dises pas trop, qu’on ne t’entende pas trop.
RTM | La question de l’égalité hommes/femmes est également un sujet qui t’intéresse. Quels constats et quels avancés remarques-tu du côté de la Côte-d’Ivoire ?
Amie | En Côte d’Ivoire, il y a quand même quelques progrès en termes de loi. Cependant, la société ne les a pas encore intégrés.
RTM | Quels conseils donnerais-tu aux femmes noires qui souhaitent également faire entendre leur voix mais qui se posent des questions quant à leur légitimité ?
Amie | Exprimez-vous sans avoir peur de qui vous êtes ! Votre voix compte et surtout n’oubliez pas que votre féminité est votre pouvoir.
RTM | Le digital potion magique ou poison ?
Amie | Les deux ! tout dépend de comment on l’utilise.
RTM | De quoi rêves-tu pour les 5 prochaines années ?
Amie | Je rêve d’être heureuse quelque soit ce que je fais.
RTM | Si tu devais nous citer 3 femmes entrepreneurs ivoiriennes qui t’inspirent ?
Amie | Nadine Bla, DG de Capital Connect pour sa générosité. Shayden artiste chanteuse et organisatrice du Lili Women Festival pour sa détermination. Sephora Kodjo, Présidente de l’ONG Sephis pour son engagement auprès des femmes.
RTM | 3 femmes qui t’ont inspiré en grandissant ?
Amie | Ma mère, ma tante et moi .
RTM | Et enfin qu’est-ce qui fait d’Amie une Reine Des Temps Modernes ?
Amie | Je dirai le fait d’avoir pu lancer AYANA, il y a de ça 10 ans malgré les obstacles, les difficultés financières. Aujourd’hui est un média de référence en Côte d’ivoire auquel les femmes et les marques font confiance.
Ce qui fait de moi une Reine Des Temps Modernes, c’est d’être la femme que je suis aujourd’hui, celle qui n’a pas peur d’être elle-même, et qui peut voir ses enfants jouer ensemble, voir l’amour qui grandit entre eux. C’est quelque chose de merveilleux.