Notre QUEENSPIRATION de la semaine s’appelle Vanessa Bond et évolue dans le milieu de la restauration. Avec son compagnon, ils ont ouvert MI KWABO, un restaurant semi-gastronomique aux influences d’Afrique et des Antilles.
RTM | Bonjour Vanessa, ravie de t’accueillir sur RTM. Pour commencer peux-tu te présenter pour nos lectrices et lecteurs ?
Vanessa | Bonjour RTM, je suis Vanessa Bond, 25 ans.
Je suis mariée depuis 5 ans avec Elis Bond (Chef restaurant Mi Kwabo) et mère d’une petite fille de 3 ans. Je suis née en région parisienne et originaire du Bénin. Je suis passionnée par la découverte de cultures diverses et variées.
RTM | Tu es une amoureuse et une faiseuse de goût. A quel âge prends-tu conscience de ton amour pour le goût ?
Vanessa | Je dirai que j’en suis consciente depuis ma prime jeunesse car j’ai pu bénéficier très jeune,du goût de culture très différentes : France, Bénin, Île Maurice, Portugal, Italie, Chine
RTM | Tu es passée par la prestigieuse école Ferrandi. Comment s’est fait ton choix d’école et comment se sont passés tes années d’apprentissages ?
Vanessa | Je suis passée par 4 écoles hôtelières différentes dont la dernière, toujours en cours, est Ferrandi. J’ai choisi cette école pour la mention sommellerie car je sais que c’est une formation peu répandue dans les écoles hôtelières et ce que j’aime c’est l’aura de l’école à l’échelle nationale et internationale.
Ils sont présents dans énormément d’événements culinaires. Puis, j’attache une grande importance à l’humain et j’ai beaucoup apprécié les échanges avec mon professeur lors de l’entretien.
Mes années d’apprentissage se passent bien même si ce n’est pas toujours facile de combiner toutes mes casquettes ; je suis épanouie dans tout ce que j’ai entrepris.
RTM | Camille de “Je m’en bats le clito” a également lancé une page « Je dis non chef » qui dénonce les pratiques sexistes dans le monde de la cuisine. Comment as-tu vécu le fait d’être une femme dans le milieu de la gastronomie ?
Vanessa | Je le vis bien, je n’ai pas eu de soucis majeurs en terme de sexisme mis à part quelques incidents que j’ai en général vite réglé en me défendant ou alors en me plaignant de manière très sérieuse auprès de mon supérieur hiérarchique.
RTM | Avec ton compagnon Elis Bond, vous êtes à la tête du restaurant Mi kwabo. Quelle est la particularité de votre restaurant ?
Vanessa | Notre restaurant est un semi-gastronomique aux influences d’Afrique et des Antilles.
Nous avons 14 couverts et sommes situés dans le 9ème arrondissement de Paris.
L’idée est de mettre en avant les produits venant de quasiment tous d’Afrique subsharienne, des Antilles françaises ainsi que les produits et la technicité française.
RTM | Quel est le plat qu’il faut absolument essayer lorsque l’on se rend chez Mi kwabo ?
Vanessa | Je parlerai d’un plat qui est particulièrement apprécié en ce moment par les clients autour du manioc. Feuilles de manioc appelées « saka saka » au congo, bâton de manioc fermenté « bobolo » au Cameroun et farine de manioc « Gari » au Bénin.
Le tout servi avec une brochette de Noix de St Jacques marinées et braisées sur des branches de cyprès.
RTM | Ton compagnon est haïtien. Toi béninoise. Lorsque Haiti et Le Bénin se rencontrent en cuisine, quelles saveurs pouvons nous espérer ?
Vanessa | Nous pouvons retrouver un mélange d’épices et de produits tels que le gombo, les haricots, le riz, le poisson fumé, crevettes séchées.
RTM | Travailler avec son partenaire de vie, un challenge ou ça roule tout seul ?
Vanessa | Un vrai challenge ! Mais globalement ça fait déjà 7 ans que l’on travaille ensemble dans l’événementiel en tant que traiteur et chef à domicile donc on a appris à « vivre ensemble ». Le tout est de communiquer sur ses émotions, son ressenti, d’aller de l’avant et de faire la part des choses. Chacun doit mettre de l’eau dans son vin (rires).
RTM | Le monde de la restauration est connu pour être un secteur éprouvant, notamment en terme d’horaire. Comment on garde le cap tout en continuant de prendre soin de soi et de sa santé ?
Vanessa | Il faut justement garder le cap, c’est-à-dire se fixer des objectifs et se battre pour parvenir à les atteindre.
Ce n’est pas facile du tout mais en gardant en tête le ou les rêves que l’on tente de réaliser, en principe, de belles choses se dévoilent.
Mais surtout, il faut rester optimiste et ne pas s’arrêter aux erreurs ou aux échecs.
RTM | On parle de plus en plus de gastronomie africaine. Quel regard portes-tu cette gastronomie ?
Vanessa | Oula ! J’en ai fais un sujet de mémoire de recherches « La place de la gastronomie africaine en France ».
Je commencerai par dire que la gastronomie africaine commence à prendre sa place sur la scène française et notamment parisienne.
On constate bien que de plus en plus de restaurant ouvrent avec cette thématique.
C’est bien qu’il y ait une demande et l’envie de la représenter par les nouvelles générations.
D’autant plus que c’est une cuisine, contrairement à ce qu’on pourrait croire, qui a sa propre richesse, il faut juste abattre les clichés.
RTM | Si tu devais nous conseiller un plat béninois typique ?
Vanessa | Je les aimes quasiment tous ! Alors je dirai les épinards « o’man ».
C’est donc une sauce à base d’épinards forcément, une sauce graine (de palmier) et on l’agrémente d’épices, viande fumée, poisson fumé, fruits de mer et du fromage local le « wagashi ».
On le mange selon les goûts soit avec du riz soit avec « la pâte » de maïs. C’est très savoureux et me rappelle de très bons souvenirs d’enfance !
RTM | Quels conseils donnerais-tu à une femme qui souhaiterait se lancer dans le secteur culinaire ?
Vanessa | Il faut qu’elle soit sûre d’être passionnée par le métier sinon elle peut être vite lassée.
S’accrocher en toutes circonstances. Chaque expérience vaut le coup d’être vécue.
Si possible, se former à l’école selon son âge etc.. Mais même quelque chose de court lui rendra service pour faire le parallèle avec l’immédiateté des tâches professionnelles ; d’ailleurs pour celles qui le peuvent, je trouve que l’alternance est un très bon choix dans la restauration, on peut accéder « plus facilement » à des entreprises ou des postes différents.
RTM | Peux-tu nous citer 3 femmes cheffes qui t’inspirent ou t’ont inspiré ?
Vanessa | Sarah Benahmed (Cheffe de salle – au Lausanne Palace en Suisse) . Et si je peux me permettre j’ajouterai ma mère qui est cheffe du foyer depuis le départ de mon père et qui malgré tout ce qu’elle a pu endurer continue toujours de se battre pour apprécier sa vie telle qu’elle est.
RTM | Qu’est-ce qui fait de Vanessa une Reine Des Temps Modernes ?
Vanessa | Afin de pouvoir être une reine, il faut un roi alors je commencerai par dire que c’est dans les encouragements de mon époux Elis que je puise une grande partie de mon énergie afin de défendre mes valeurs de femme, mère, fille, étudiante et « business woman ».