Á 31 ans Yannick Lebrun vit son rêve d’enfant : il est danseur professionnel au sein de la prestigieuse compagnie Alvin Ailey American Dance Theater. Il n’a que quatorze ans lorsque Denise Jefferson, alors directrice de la Ailey school, lui propose une bourse pour un programme d’été. Pour Yannick c’est le début d’une grande aventure. Soutenu par sa famille et Jeanine Verin, directrice de l’association où il fait ses premiers pas de danse, Yannick quitte en juillet sa Guyane natale pour New-York.
Dans une interview pour Cultural Attaché Yannick confie qu’il sait dès lors qu’il ne se voit pas évoluer dans un conservatoire de danse classique à Paris. Son rêve, c’est d’intégrer la compagnie Alvin Ailey.
En 2008 alors qu’il a 21 ans, les efforts de Yannick finissent par payer et il devient le premier Guyanais et le seul français à faire partie de la prestigieuse compagnie new-yorkaise. Invité du journal Midi Guyane, Yannick avoue que ses origines guyanaises font de lui un exemple « assez unique » aux Etats-Unis.
La compagnie créée par Alvin Ailey en 1958 est réputée dans le monde entier. Fondée en pleine période de lutte pour les droits civiques, c’est la première compagnie qui met en avant des danseurs noirs mais aussi des danses qui puisent dans la culture afro-américaine. Les pièces présentées sont un mélange de danse classique et de danse moderne, de jazz et de hip hop. Un éclectisme qui exige de ces danseurs une préparation physique irréprochable. En 2009, après une représentation à Washington, Yannick et sa troupe reçoivent les honneurs de la famille Obama qui vient les saluer en coulisses.
Aujourd’hui Yannick fait parti des danseurs phares de la compagnie. Il est danseur solo pour la pièce In/Side, chorégraphiée par le directeur artistique de la compagnie, Robert Battle. Il est aussi le danseur principal de la pièce Stack-Up, chorégraphiée par Talley Beatty. Chacune de ces pièces représente un défi pour Yannick. L’une a été conçue en réponse à l’épidémie du sida sur les accords bouleversants de Wild in the wind interprétée par Nina Simone. L’autre pièce, plus théâtrale relate la rencontre dans le Los Angeles des années soixante-dix de deux amants et d’un dealer de drogues.
Ces rôles clés sont une consécration pour Yannick qui déjà lors de la saison 2016-2017 était choisi pour être seul danseur sur l’affiche annuelle de la compagnie. Pour autant Yannick n’oublie pas d’où il vient. Chaque interview est pour lui l’occasion de rappeler qu’il doit aussi son parcours atypique à sa Guyane natale. Il avait en effet neuf ans lorsqu’il a intégré l’ADACAM (Association de Danse Artistique Classique et Moderne).
Jeanine Verin, présidente de l’association, n’a cessé de le soutenir et de le pousser à se dépasser. Pour Yannick l’ADACAM est une grande famille et il se fait un devoir mais surtout un plaisir de revenir dès qu’il le peut sur ses pas en Guyane. Á l’association, Yannick anime un masterclasse où il partage son expérience et retrace son parcours. Pour lui c’est l’occasion de montrer aux jeunes guyanais que tout est possible y compris lorsqu’on vient d’outremer.