Ouvrir la voix face aux Viol-ences
Il y a quelque mois, je me suis demandée qu’elle fût ma place dans l’éducation des petites filles, jeunes filles, de mon entourage. En tant que jeune femme, que dois-je leur transmettre ? Si ce n’est l’idée que je me fais d’une bonne éducation.
Ces derniers mois les Hashtags #Balancetonporc et #Metoo envahissaient les réseaux sociaux, ces derniers donnaient enfin la parole aux victimes de violences sexuelles, dès lors il était admis que les violences & crimes sexuels n’étaient plus l’affaire de femmes isolées.
Ouvrir la voix
Ce fut un vrai bouleversement pour moi de lire tous ces messages, et ce n’est pas moins la cruauté, mais surtout le nombre de témoignages qui m’a alarmée : Plus d’une femme sur dix a déjà été violée au cours de sa vie. Une sorte d’ambivalence entre le « Dieu Merci » qui m’a poussée à minimiser ce dont j’avais été victime, et le « Oh my God Je suis moi même victime »
Suite à cela, le Podcast de Danielle Ahanda (@Bestofd) a retenti telle une bombe.
Au-delà de son histoire, du récit qu’elle fait de ses atrocités ; c’est son discours qui m’a le plus marqué : “Je le savais”, “Je ne savais pas comment dire”, “Quels mots utiliser”, @Bestofd confie (selon mon interprétation) avoir pressenti ses agressions, sans jamais avoir pu s’y mettre à l’abri en avertissant par le biais de sa parole, ses mots, sa voix.
Ouvrir la voie
En tant que jeune femme, éduquée, consciente de l’existence complexe de la femme, figure sexualisée prématurée, quel est mon rôle dans tout ça ? À quel moment dois-je intervenir ? À quel moment puis-je intervenir ?
Après avoir assisté aux témoignages de 3 amies proches victimes de viol ; j’essaye de me protéger comme je le peux, et pour cela je réduis inévitablement ma liberté d’être, de devenir malgré moi : Je limite le port des minijupes, robes moulantes, je ne m’aventure plus ou très peu dans les transports en commun le soir tard…
Attention : Loin de moi l’idée de justifier un viol par un comportement, un habit. Toutes les violences sexuelles sont Inadmissibles et injustifiables !
Cependant, ai-je pris l’initiative d’en parler avec ma filleule, mes petites cousines ? Qui qu’on le veuille ou non, sont de potentielles proies ; au même titre que j’en suis une. Non ! Et pourtant, trois de mes amis proches ont été victimes de viol dans le cercle familial.
Fille fière. Femme forte. Femme faible. Fille frêle. Fille frêle forte faible.
À partir d’aujourd’hui, je m’engage à sensibiliser les petites filles de mon entourage sur l’ambivalence de leur vie, entre danger et bonheur. Je m’engage à aborder le sujet des “viol-ences” avec des mots simples, des mots qui ne font pas peur, des mots pour dire “Attention”, des mots de prévention, des mots de “On n’a pas le droit de toucher à ta cocotte”, des mots de “Je suis là pour toi”, des mots de “Fais moi confiance”, des mots de “Ce n’est pas ta faute”, des mots de “Je te crois”, des mots de “Ensemble on sera plus forte”, en somme, des mots de confiance, de mots de “Je t’aime”, des mots de
“Ouvrir la voix“.
Je pense qu’il est important d’en parler, quand bien même ce sont des crimes qui font peur, qu’on veut garder loin de soi, loin de nos proches, de nos princesses. Ces mots sont d’autant plus importants quand on voit le mutisme qui entourent les crimes ; les agressions sont perpétrées par des personnes tellement mal saines qu’elles parviennent à « s’auto-victimiser »; Il y a trop de menaces, trop de « Si tu le répètes, je ferai du mal à tes proches », trop de « Personne ne te croira »
Parce que les viol-ences faites aux femmes sont encore trop tabous, trop “c’est de ta faute”, trop “tu avais une jupe ?”; il est temps d’apprendre aux femmes, et à nos fille à se « VICTIMISER », apprendre à se reconnaître comme victime, pour ne plus laisser de place aux doutes.
Ouvrir la voix, c’est parler pour mieux se délivrer
Nous remettons souvent en question le manque de respect des hommes, et par conséquent l’éducation de nos garçons. Mais, questionner l’éducation donnée aux nos garçons, revient à questionner celle que l’on transmet à nos filles. Il demeure aussi important d’éduquer nos garçons afin de les rendre sensible à l’existence des filles, que de prévenir les filles sur la complexité de leur existence soumise parfois au mal dominant.
.. A toi ma fille, je t’apprendrai aussi à ouvrir la voix
qu’elle entende ma voix, mes échos, ce jour où tout aura basculé
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Crédit photo : Affiche Ouvrir la voix, documentaire Amandine Gay