J’ai vécu une expérience intéressante ces jours derniers. Je discutais avec une personne de ma famille et à cette occasion, elle m’a fait remarquer qu’elle trouvait que je parlais beaucoup de la « cause des noirs ». J’étais surprise, je ne voyais pas où était le problème et elle a ajouté qu’il est important de ne pas se fermer aux autres. Je suis du genre un peu susceptible, qui se demande toujours « Mais pourquoi on me dit ça ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Vais-je trop loin ? ». Je ne vous raconte pas l’ébullition dans ma tête. J’avoue que je ne comprenais vraiment pas. Ces derniers jours qu’avais-je fait de plus « pro-black » que ces dernières semaines, mois, années ? Les seules réponses qui me venaient à l’esprit était d’avoir commenté le documentaire Le 13ème (que je recommande vraiment à tous ceux qui veulent comprendre les enjeux de la machine carcérale aux Etats-Unis) et de vouloir passer de l’afro aux dreadlocks. Ce sont deux sujets épineux vous me direz. Mais quand même, de là à ce qu’on me trouve « plus » que d’habitude, je répète je ne comprenais vraiment pas, jusqu’à maintenant je ne comprends pas d’ailleurs.
Car finalement où est le problème ? En quoi inciter son entourage à regarder un des rares documentaires sur l’esclavage moderne est-il un acte « pro-black » ? Je pense au contraire que chaque personne, sans distinction de race gagnerait à regarder ce documentaire. C’est l’occasion de se questionner non seulement sur le racisme, mais surtout sur le capitalisme parce que finalement, l’industrie carcérale est guidée par l’argent. C’est très bien expliqué dans le documentaire d’ailleurs où l’on parle d’industrie carcérale. Et quand bien même cela révolterait, au point de plaider la cause des noirs à corps et à cris, où est le problème ? Ne sommes nous pas victimes d’injustices dans bien des situations ? Je n’appelle à la violence contre personne au contraire, j’en appelle aux oreilles et aux cœurs de chacun. C’est étrange…On a l’impression que s’intéresser et plaider la cause des noirs quand on est noir résonne tout de suite comme des bottes de black-panther aux oreilles de certains. Aurait-on seulement le droit d’écouter la misère des autres sans pouvoir parler de celle qui nous touche au plus profond de notre chair ? Alors oui c’est vrai, j’ai beaucoup de références antillaises, africaines, afro-américaines, mais j’en ai aussi qui sont françaises, américaines au sens large et même tibétaines (spéciale dédicace au Dalaï Lama). Parlons-en du Dalaï-Lama, est-ce qu’il en dit « trop » lorsqu’il plaide pour l’autonomie du Tibet ? Es-ce un « pro-tibétain » ? Pourtant c’est l’un des esprits qui est considéré comme l’un des plus sages de cette planète.
Sincèrement, je pense que le plus important est de ne pas oublier que nous sommes tous des humains et de ce simple fait, nous avons le droit et le devoir de nous traiter mutuellement avec respect (et surtout amour si possible hein). Une fois que l’on suit cela, je ne vois pas ce qui nous empêche de suivre les chemins qui nous correspondent le mieux et de défendre les causes que l’on veut, même si elles sont issues de notre communauté. Après tout, je crois que c’est normal de défendre des causes qui nous parlent davantage. Ça ne veut pas dire pour autant minimiser ou dénigrer celles des autres. Toutes les luttes (attention pas armées d’un canon avec une plume, un porte-voix ou une salle de classe ça passe mieux) pour la liberté se valent 1=1=1=1=etc,….
C.B.C octobre 2016 | PoetikeProzaik