Mes règles – Mon cycle menstruel – Mes menstruations – Mes maux
J’aimerais écrire sur le rapport que j’ai avec mes règles ou devrais-je dire, le rapport que la société m’impose d’avoir avec ce flux sanguin mensuel qui, dès mon plus jeune âge, est venu bousculer mes habitudes. Ce sujet m’interpelle depuis que je suis devenue un objet sexualisé par la société, quelqu’un capable de procréer.
En tant que femme, il faut que je sois belle et douce, que je sente bon, que je m’épile, mais en aucun cas, on attend de moi que je me sente libre de parler de mon cycle menstruel, de ma douleur. D’ailleurs au collège, il suffisait d’élever un peu trop le ton pour entendre le fatal « T’as tes règles ?! » par des mecs-pré-ados n’ayant qu’une vague idée de ce phénomène physiologique.
En 2015, l’artiste Rupi Kaur posait de dos, allongée sur le côté, avec une tâche de sang sur son jogging gris au niveau de l’entrejambe et une autre sur le drap, ce cliché publié sur son compte Instagram avait été supprimé .. par Instagram. Cela m’amène à me poser la question suivante : Le tabou autour du sujet est-il orchestré par nous, femmes ? Pouvons-nous dire que nous nous infligeons une auto-censure, qui nuit à la reconnaissance du cycle menstruel par le monde ?
Credit Photo : Rupi Kaur
Comme beaucoup de femmes,
Une fois par mois, mes règles me surprennent. Je ne m’y suis jamais vraiment habituée, je ne les attends jamais, je me laisse toujours surprendre. En fait, je crois que j’ai toujours refusé de laisser ma vie tourner autour d’elles. Je serais d’ailleurs incapable de prédire leur jour d’arrivée car je n’ai jamais été réglée et n’ai jamais souhaité l’être non plus. #Teamàchacunseschoix
Comme beaucoup de femmes,
Mes règles apportent leur lot de désagréments : maux de ventre, hypoglycémie, fatigue extrême, « envie de tout foutre en l’air », fuites, etc., que je sois chez moi ou au travail. Règle #1 des règles : je coule quand je veux, où je veux !
T-A-B-O-U
Le tabou qui entoure ce sujet me sidère particulièrement ! Serait-ce un « tabou », un « on évite le sujet » ou juste un « on évite le sujet avec les hommes, en public » ? Je me pose la question. D’ailleurs, l’échange de protection hygiénique entre deux femmes se révèle être le parcours du combattant de la combattante : techniques codées dignes des plus grandes prouesses technologiques, discussions discrètes, échange à l’abri des regards, remise en main propre ou dans un lieu tenu secret. Bref, aucun homme ne doit suivre la mission. En somme un vrai casse-tête pour conserver un brin de pudeur au sujet d’un fait physiologique aussi normal, voire banal.
Credit Photo : Pink_bits
Comme beaucoup de femmes,
C’est un sujet que j’évoque très peu en famille ou entre amis. Ce n’est pas le sujet de prédilection, si ce n’est pour justifier mon état. En effet, accompagner mon « Je suis fatiguée » d’un « J’ai mes règles » a beaucoup plus de poids et crédibilise mon mal-être du moment right now.
Comme beaucoup de femmes,
Je n’évoque pas le sujet au travail avec mes supérieurs et pourtant, je suis victime de mes maux, de mon état de fatigue. J’ai beau revendiquer le fait d’être une Femme Forte, il n’empêche que mes règles m’affaiblissent et cela a forcément des répercussions sur mon travail : je dois me concentrer davantage, résister à la douleur qui m’envahit, m’handicape.
Comme beaucoup de femmes,
Je crains de me tâcher. Du lever au coucher, j’ai toujours cette même crainte : salir mes draps, mes vêtements, ne pas avoir su gérer l’afflux de mon flux sanguin, etc. Comme beaucoup de femmes, mes règles peuvent être génératrices d’angoisses et pourtant, c’est un fait physiologique tout à fait normal, voire banal.
Credit photo : Cecile Dormeau
T-A-B-O-U
Je ne comprends pas les raisons pour lesquelles ce sujet est aussi peu médiatisé, aussi « beurk », pourquoi il déserte autant nos échanges. Pourquoi devrais-je me sentir non/ moins désirable quand j’ai mes règles ? Pourquoi devrais-je avoir un rapport plus conflictuel avec mon corps pendant cette période ? Pourquoi mon sang fait-il aussi peur ?
En me penchant davantage sur le sujet, j’ai compris qu’une majorité de cultures, peuples, religions et croyances partage une vision commune et négative des menstruations comme étant du sang impur pouvant causer bien des malheurs. D’ailleurs, encore aujourd’hui, certaines coutumes exigent l’exil des femmes des parties communes et pendant ce temps en Occident, les médias participent toujours à la mise en scène de ce tabou en mettant en scène le sang avec un liquide bleu ; WTF ?
T-A-B-O-U
Cela me dérange car il n’y a rien de plus naturel que le fait d’avoir ses règles, c’est d’ailleurs un signe de vie ! Dédramatisons les choses : les menstruations correspondent à l’évacuation par l’utérus d’un ovule non fécondé, cela sous-entend donc sa régénération par la même occasion. Je fais partie de ces femmes qui assument totalement / n’ont pas honte d’avoir leurs règles car je reste persuadée que la distance que nous prenons avec notre corps à ce moment précis peut amplifier certains de nos maux (mais attention, je ne parle pas ici de l’endométriose, qui est une maladie à part entière). Je ne dis pas qu’avoir le pantalon taché est agréable, en revanche, c’est une période que je n’appréhende plus.
Je pense que de la même manière que les femmes noires se réapproprient leur beauté, les femmes tout court se réapproprient leur corps. ; A l’heure du Bodypositivisme, il est également important de se réapproprier tous ses maux, les maux de l’intérieur, ceux qui font de moi une femme. J’ai mes règles et il ne tient qu’à moi de changer la conception que j’ai de ce flux sanguin pour que les hommes de mon entourage arrivent à s’impliquer, tout simplement car ça concerne la procréation, la création, la conception, c’est l’affaire des hommes comme des femmes. J’entends par là, l’idée de concevoir notre cycle menstruel comme partie intégrante de sa personne.
Odeamoncorps
Il conviendrait mieux de voir les règles comme un nouveau cycle, un renouveau, une énergie bienfaitrice, un pouvoir féminin, un don lié à la possibilité du corps de concevoir, d’être le berceau de l’humanité, afin de s’affranchir des mauvais sentiments, mauvaises émotions, qui jaillissent lors de cette période.
Odeamoncorps, ce temple noir
Il conviendrait mieux de concevoir nos règles comme un besoin vital que manifeste notre corps pour se recentrer sur lui-même, se dorloter, faire acte de bienveillance, d’indulgence.
Credit Photo : Melanin.visual
A méditer, avec Amour.
Je cultiver l’art de la Bienveillance sur odeamoncoeur.com
Relu et corrigé par Laurence D.
Au Benin j’ai rencontré un adepte de la religion vaudou qui m’a fait une démonstration étonnante. Il a assimilé le cycle menstruel au Sang Précieux, réparateur et qui donne la vie… du Christ. Il m’a ainsi m’expliqué l’importance et le pouvoir de chaque femme, intéressant! Pour une fois que la spiritualité n’assimile pas les règles à l’impurité!
C’est carrément surprenant de parler de sang précieux. Les femmes subissent déjà tellement de discrimination au quotidien, qu’il est temps d’ôter certains tabous. Le sang précieux, voila une belle histoire. 🙂 bonne soiree
[…] | C’est en 2016 que j’ai découvert que j’étais atteinte d’endométriose, après des années de souffrances. Je m’explique, aussi loin que je me souvienne, j’ai […]