Petite, il m’était impossible de m’imaginer grandir avec une autre fille que moi (et ma mère) dans la famille.
Mon père ou devrais-je dire mon roi (oui j’assume complètement, même à presque 25 ans) ne devait aimer que moi.
Cependant, je les observais quand même avec une pointe de jalousie, ces copines qui n’avait pas besoin de se ruer sur les derniers “Tuto Make up” car elles avaient une grande sœur qu’elles pouvaient imiter, copier, singer.
Je trouvais cela vachement sympa de pouvoir avoir une personne sur qui compter, à qui se confier, et qui pouvait nous inspirer.
Est-ce que pour autant je regrette de ne pas avoir eu de grande ou petite sœur ? Pas le moins du monde ! Comme je vous le disais plus haut, il n’y avait pas assez de places pour 2 princesses :).
Mon complexe d’oedipe avoué, et assumé, je peux désormais rentrer dans le vif du sujet : l’importance du modèle ou des modèles dans l’éducation.
Ici, j’ai voulu prendre l’exemple de la grande sœur mais le modèle ou le repère peut être : une grande cousine, une tante, sa mère, une meilleure amie, une célébrité…
Toutes ces personnes que l’on regarde avec admiration et que l’on souhaite imiter parce qu’on aimerait leur ressembler. Cela peut sembler anodin mais nous avons souvent tendance à minimiser ce besoin de projection et surtout de repères dont nous avons besoin lorsque nous nous construisons.
Et pourtant ? Nous nous construisons en imitant l’autre. Nos parents ont été notre première source d’instructions, puis en grandissant notre réseau, notre environnement s’élargit, nos sources d’influences, d’apprentissages aussi.
Que ce soit à l’école, au sport, au catéchisme, au cours de musique, en colonie de vacances, devant la télévision ou que sais-je encore. Ces différents lieux ont eu une influence sur notre construction personnelle.
Les images que l’on regarde, les personnes que l’on fréquente sont autant d’éléments qui nous permettent de nous construire et de construire l’image que l’on nous renvoie de nous même.
Une fois ces éléments pris en compte, on comprend l’origine des variations de notre confiance. En fonction des modèles que l’on a pu avoir et des images reçues, notre vision de nous même peut parfois voir souvent être biaisée.
Je m’explique: si vous avez toujours grandit dans un environnement où être une petite fille noire n’était pas la norme, où aucune des célébrités que vous voyez à la télé ne vous ressemblaient, où tous vos amis sont différents de vous et vous le font savoir, où l’image que l’on renvoie de la femme noire est l’image d’une femme toujours aigrie, sauvage, inférieure aux autres…
Alors oui, mesdemoiselles et messieurs, IL SE POURRAIT que vous ayez une image un peu biaisée de ce que vous êtes.
Evidemment, le monde n’est pas tout blanc ou tout noir. Pour un même environnement, deux individus ne réagiront pas de la même manière.
S’il est important d’avoir de BONS modèles, de grandir dans un environnement sain qui vous renvoie une image positive de vous même, il est surtout important d’être bien dans sa peau et dans sa tête.
Cela passe par la quantité d’amour ou de love (c’est mon côté bilingue) que vous recevez car comme je le disais plus haut, les parents sont la première source d’inspiration et d’instruction. Des parents qui vous auront appris à vous aimer et à aimer ce que vous êtes, sont les parents d’un enfant préparé à affronter le monde avec les bonnes armes.
Ce sont un peu toutes ces raisons qui me motive MOTIVENT à aller au bout du projet Reines Des Temps Modernes.
J’avais beau avoir l’amour surdimensionné de mes parents, j’ai pourtant longtemps grandit en pensant que la réussite d’une femme noire ce n’était pas la norme. Je pensais que les quelques grandes femmes noires qui réussissaient n’étaient que des exceptions. En cette date du 27 mai, date de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe, le nom d’une de ces femmes me vient d’ailleurs en tête, la mulâtresse solitude que je fais revivre dans **Reines Des Temps Modernes. **
Puis, grâce à la lecture, aux expositions, aux conférences, à l’intérêt grandissant que je porte à mon histoire et à ma culture, j’ai découvert que des femmes noires d’exceptions : il en existe depuis la nuit des temps.
Je ne le savais juste pas. Et je sais à quel point cela aurait pu m’aider à avoir un peu plus confiance en moi dans certaines situations.
J’espère qu’en découvrant les héroïnes de Reines Des Temps Modernes, d’autres jeunes filles noires réaliseront qu’elles aussi, elles sont la norme et que les autres découvriront une autre facette de l’histoire africaine.
#CoeurCoeurLove
W.Z
Merci Mme Zahibo pour ce partage édifiant. Ma fille de 9 ans a aussi beaucoup apprécié et nous en avons discuté ensuite.
Je crois que ces messages sont ceux que je préfère. Je suis touchée de savoir que vous avez pu échanger avec votre fille sur cet article, et surtout qu’elle a apprécié. Les enfants sont les critiques les plus sévères :). Mes amitiés à elle.