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Octavia Miranda (danseuse interprète) – « La danse a encore beaucoup de choses à m’offrir. »

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A l’heure où la danse révolutionne déjà les mœurs,  nous avons fait la rencontre d’Octavia Miranda, une jeune femme talentueuse. Originaire de la Guadeloupe, l’artiste-muse nous accueille aux portes de son Univers : la danse. Passion, exutoire, avenir… Elle se confie sur ces moments cruciaux de la vie d’une danseuse-interprète !

RTM | Bonjour Octavia. Présente toi à nos lecteurs et lectrices.

Octavia | Bonjour à tous ! Je suis Octavia MIRANDA , j’ai 26 ans .
Je suis Titulaire du Diplôme d’Etat en Jazz , après une formation de 2 ans à l’Archipel à Basse-Terre. D’ailleurs, c’est une Formation que j’ai suivi en parallèle l’année où je repassais mon Bac Scientifique .
Je suis danseuse interprète et professeur de danse Jazz . Mon parcours en tant que danseuse professionnelle a débuté dans la compagnie Djok dirigé par le chorégraphe Romuald SEREMES .
J’ai collaboré avec des artistes chanteurs guadeloupéen tels que : Kenzy, Missié Sadik et Krys .

RTM | Comment la danse est-elle apparu dans ta vie ? 

Octavia | La danse a tout d’abord été un loisir . En fait c’est ma mère qui a décidé de m’y inscrire à l’âge de 4 ans . Mes premières scènes ont été des petits spectacles de fin d’année;  d’ailleurs, j’adorais être sur scène.

RTM | Quel a été le déclic pour te dévouer entièrement à ton art ?

Octavia | Je crois qu’il n’y a pas eu qu’un seul déclic.

Pendant toute ma période d’apprentissage , j’étais réellement investie. Je me suis diversifiée en terme de style en débutant avec le classique , puis le jazz. Plus grande, je me suis dirigée vers la danse urbaine.
Je ne sais pas si j’étais réellement consciente de vouloir en faire mon métier mais en tout cas , la danse avait déjà une réelle place dans ma vie.

Être danseur n’est pas un métier que l’on pourrait reconnaître aussi facilement que celui de médecin, journaliste etc … Et c’est quelque chose qui est encore ancré dans les mœurs.  Changer d’écoles de danses, rencontrer des danseurs ,des professeurs m’a permis de prendre conscience que c’était possible.  C’est à ce moment que j’ai décidé de me lancer.

RTM | Si je dis ” création libre “, à quoi penses-tu ? De quoi t’inspires-tu pour créer ?

Octavia | La « création libre » peut s’exprimer à partir de tout et de rien. Une émotion, une musique, une histoire, un comportement, une routine, un vécu, une énergie.

Je suis novice dans le monde de création et très souvent je m’inspire de ce qui m’a été transmis. Je m’inspire du résultat des collaborations avec plusieurs danseurs, de vidéos de chorégraphes dont j’aime énormément le travail. Parfois, l’émotionnel pousse aussi à créer.

RTM | Tes émotions ont-elles une influence sur tes créations ?

Octavia | Les émotions sont des éléments phare sur la création . Il m’est plus souvent facile de créer pendant des périodes où des moments de frustrations , de colère ou de tristesse .

RTM | Quelle relation entretiens-tu avec la musique ? Certains titres te permettent d’être plus productive?

Octavia |  Il m’est impossible de me passer de musique. Mon entourage me reproche souvent d’avoir mes écouteurs d’ailleurs.

Mais la musique offre une multitude d’univers. En l’écoutant on se raconte des histoires, on se remémore des souvenirs, on se ré-invente un monde. Certains titres me parlent plus que d’autres mais ils restent différents.
Tout dépend de la sensibilité que j’ai au moment de l’écoute .

RTM | L’an dernier, tu as été l’une des danseuses Principales d’une comédie humaine sous la direction de Trio&Demi. Une comédie parrainée par Kevin O Brian. Parle nous de cette expérience artistique ?

Octavia |  Le trio et Demi est une collaboration entre quatre professeurs – danseurs et chorégraphes , Ludovic Bibeyron, Nelson Rogier, Megguy Bordee qui est l’auteur de la pièce  et moi même.

Cette comédie humaine a été une manière pour nous de mettre nos élèves en avant sur un chantier commun à celui des danseurs professionnels. Elle a également un partage sur scène entre amateurs et professionnels .

C’était une expérience complètement nouvelle pour moi car je n’avais jamais eu à chorégraphier pour une pièce. Riche en émotions, riche en partages, riche en stress également!
Je félicite encore tous ces élèves  car ils ont eu les épaules solides pendant la longue période de préparation et ils ont été magnifiques sur scène !

RTM | A propos de ce premier opera caribéen Kalouchopera (2015), de Romuald Seremes…qu’as-tu pensé de cette fusion entre la créolité et l’occidental ? 

Octavia |  Je crois que le plus prestigieux dans ce concept c’est d’avoir su garder la couleur caribéenne et l’authenticité de cette gestuelle qui est propre à notre culture,  dans l’Univers de l’Opera. Un univers qui est si fidèle à lui même et si conventionnel !

Danser cette pièce était un vrai régal  et je salue le travail du chorégraphe .


RTM | Tu as une façon très personnelle de t’exprimer en dansant. Est-ce un frein pour certaines collaborations ? 

Octavia | Chaque danseur à sa gestuelle mais le point commun reste la danse. Ce qui, selon moi, ne peut être un frein.

Je pense que l’intérêt de la collaboration est justement de pouvoir permettre des univers différents de se rencontrer et de pouvoir « s’allier » .
Jusqu’à maintenant,  j’ai eu la chance de collaborer avec des personnes avec qui j’ai une très grande affinité, ça facilite naturellement les choses !

RTM | A partir de tous ces échanges artistiques, selon toi, quelle a été la collaboration la plus enrichissante ? 

Octavia |  Si il fallait choisir, j’en serais incapable.

Le monde de la danse est si vaste qu’on ne terminera pas de si tôt de s’enrichir.  Chaque expérience scénique, chaque collaboration sont différentes ;  elles le sont toutes .
L’une ne va pas sans les autres.

RTM | Participer au Concours international de la Danse, en France, est un véritable honneur. Comment as-tu vécu cette aventure ?

Octavia | Je crois vraiment que je ne vis que pour le stress !

C’était très dur au début , je n’avais pas fais de concours depuis très longtemps. A cette période, je ne dansais plus autant qu’avant car j’étais très prise par les cours que je donnais .

La veille de la sélection régionale, ma dernière répétition avait été chaotique.  J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, je n’arrivais à rien ! Le jour de mon passage au National , je me suis fracturée l’orteil à l’échauffement et durant mon passage, la musique a été interrompue.  Mais j’ai, tout de même, continué à danser.  Finalement, j’ai obtenu un 1er prix à l’unanimité.

Je suis passée par toutes les émotions mais celle qui en a vu vraiment de toutes les couleurs c’est Syldie ! Merci à elle de m’avoir préparée et d’avoir chorégraphié. Je n’y serais pas arrivé sans elle .
Syldie a eu confiance en moi  et elle m’a poussée, m’a accompagnée jusqu’au bout !

RTM | L’année 2019 pourrait être l’année de tous les challenges. Aurais-tu un nouveau défi en tête ? 

Octavia | Je suis actuellement en pleine préparation pour le Concours Inter-Caraïbéen, toujours préparée par Syldie. Puis, je participe également à la résidence de la pièce Au Bout du Souffle du chorégraphe Hubert Petit-Phare.

RTM | En tant qu’artiste, que dirais-tu de l’évolution de ton art/ ta passion ? 

Octavia |Concernant ce que je produis,  je me considère encore novice. Ayant été plus à la place de danseuse interprète que chorégraphe, j’ai encore pas mal de chemin à faire à ce niveau.

Ma danse en elle même évolue sans cesse grâce aux rencontres que j’ai eu la chance de faire, grâce aux personnes qui me guident et qui me transmettent leur savoir .
Aujourd’hui, la maturité acquise avec le temps m’a permis de comprendre beaucoup de choses que je n’aurais pas pu comprendre avant .

RTM | Et, en tant qu’humain, qu’est ce que tu recherches dans la Danse finalement ? Quels sont tes rêves ? 

Octavia | Je ne sais pas vraiment si je recherche quelque chose de particulier. J’aime vraiment ça alors je le fais.  En fait, j’ai trouvé quelque chose qui me convient, qui me fait du bien et qui me donne envie de me surpasser .
Je ne me vois pas faire autre chose dans la vie que danser !

RTM | D’ailleurs, la danse a longtemps été considérée comme une activité, et non un métier. As-tu été intimidée par ces clichés sociaux ? 

Octavia |  Malheureusement , ces clichés sont encore présents.
Ça ne m’a jamais intimidé mais c’est révoltant de voir comment encore que notre travail n’est perçu que comme un divertissement.

Nous sommes toujours confrontés à des personnes qui trouvent aberrant de devoir rémunérer des danseurs alors qu’ils exigent de la qualité. Une prestation demande des heures de créations, des heures de répétitions. Mais ça va au delà de ça, les conditions de travail sont parfois déplorables.
Rares sont les fois où l’on nous met de véritables scènes à disposition.

Nous avons déjà eu l’occasion de danser sur du bitume, des praticables qui ne sont pas fixés correctement et j’en passe.

RTM | Au delà des rêves, comment envisages-tu l’avenir ? 

Octavia |  La danse a encore plein de choses à m’offrir.
J’ai encore plein de choses à explorer et le meilleur moyen pour ça c’est de partir pour danser ailleurs.
J’aimerai pouvoir me rendre à Los Angeles et y faire un petit bout de chemin .

RTM | Un dernier mot pour nos lecteurs et lectrices qui s’inspireront de ton parcours ? 

Octavia |  Faites ce que vous aimez  !  N’ayez pas peur de prendre des risques , il n’y a rien de pire que d’avoir des regrets. A bientôt !

(Crédits Photo à la une : Gotem – Meddy Édouard)

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