“Black Women With Enjaillement”. Si ce titre n’était pas un poil trop long, on l’attribuerait volontiers à notre QUEENSPIRATION du jour. Journaliste, animatrice, chroniqueuse, Krysta Billong, comme on la prénomme sur la toile, à la positivité contagieuse. Elle a accepté de nous parler de son parcours, de ses rêves, ses ambitions et surtout de ce qui lui fait garder le sourire au quotidien.
RTM | Bonjour Krysta, peux-tu te présenter à nos lectrices et lecteurs ?
Krysta | Bonjour, je m’appelle Krysta. Je suis née au Cameroun, mais j’ai grandi en France, dans le 93.
Je suis journaliste, animatrice et j’aime l’Art dans toutes ses formes (mode, musique, danse, peinture…) !
RTM | Quels ont été tes premiers contacts avec le milieu artistique et l’entertainment ?
Krysta | J’ai toujours baigné dans « l’entertainement ». Plus jeune, je voulais être danseuse. Je me voyais danser pour des artistes telles que Ciara ou encore Janet Jackson. J’ai donc démarré dans une agence de danse qui me plaçait pour diverses prestations. C’est à cette période que j’ai vraiment commencé à baigner dans le milieu artistique à Paris.
La danse était ma première passion mais j’en avais une deuxième.
Une passion que j’ai longtemps enfouie car je savais que ce serait un milieu difficile d’accès pour moi : le journalisme.
A l’époque, il n’y avait pas de journalistes noirs à la télévision, il n’y avait pas de « Harry Roselmack ». J’ai donc gardé mon petit secret au fond de moi et j’ai gentiment poursuivi mes études en Négociation et relation client.
J’ai toujours été attirée par la communication, mais on ne cessait de me répéter qu’il fallait avoir un réseau pour réussir dans ce milieu, qu’il fallait connaître du monde. Ma mère étant auxiliaire de vie et travaillant avec les personnes âgées, j’avais clairement l’impression d’être à mille lieux de ce monde.
« J’aime avoir le respect des personnes avec qui je travaille. »
RTM | Quel a alors été l’élément déclencheur pour t’orienter vers le journalisme ?
Krysta | A la fin de ma licence professionnelle en Technique de Communication, je me suis inscrite dans une école de commerce. Je devais faire une alternance. Je me suis dit à défaut de faire de la communication, il est temps d’acquérir une expérience dans un domaine qui me tenait à cœur. J’ai donc décidé de faire cette alternance dans le monde des médias. J’avais une seule entreprise en tête, TRACE TV. C’était TRACE ou rien. Sauf qu’à l’époque, TRACE ne proposait pas d’alternance, uniquement des stages. J’ai donc négocié avec mon école pour faire un stage à la place de mon alternance et j’ai réussi à décrocher mon stage.
C’était un vrai kiffe. J’étais à la régie publicitaire avec Nadeige Tubiana et Virginie Koné, deux femmes incontournables ! Et c’est par ce biais que j’ai découvert les différentes facettes du showbiz. Au début, je devais écrire des articles pour des évènements. Ça me permettait de mettre ma petite touche et de travailler ma plume. Puis rapidement j’y ai pris goût et je n’ai jamais arrêté. En parallèle, je travaillais en tant que bénévole pour Storm Mag, un webzine pour lequel je gérais des projets de développement du média. C’était en 2011.
RTM | A quel moment tu te dis : « c’est possible ». J’en ferai mon métier ?
Krysta | Pendant ma période de stage chez TRACE. A cette époque, je me suis rendue compte que j’étais justement en train de me créer le réseau dont tout le monde me parlait. Je me suis fait des amis avec qui je suis toujours en contact aujourd’hui. Je pense notamment aux fondatrices de la plateforme « La Scandaleuse » ou encore DJ Diva… J’ai vraiment commencé à prendre conscience que ce réseau au final, il fallait simplement prendre le temps de le construire.
Puis en 2014, j’ai eu l’opportunité de travailler pour une web radio RTSF 93 dans l’émission Chicken Boubou Show lancée par Chicken Boubou. Tous les dimanches, nous recevions et mettions en lumière des personnes inspirantes connues ou pas : entrepreneurs, artistes, membres d’associations… Pendant plus de 2 heures en libres antennes. Nous avons reçu des artistes tels que Vegedream ou encore Franglish qui n’avaient pas encore le succès qu’ils ont aujourd’hui. C’était une riche expérience. Je ne remercierai jamais assez Chicken Boubou pour cette opportunité. On a fait cette émission ensemble pendant 2 ans, qui sait peut-être qu’on reprendra un jour…
RTM | A la fin de ton stage, tu pars t’expatrier 2 ans à Londres …
Krysta | Au départ, je partais à Londres dans le but de développer mon anglais. Je savais que l’une de mes volontés en tant que journaliste était de promouvoir la culture urbaine et africaine. Il était donc primordial pour moi de maîtriser l’anglais. J’ai également profité de mon séjour pour me concentrer sur la danse. J’ai intégré un groupe sur place, ce qui m’a d’ailleurs permis de rencontrer pas mal d’artistes et d’être en contact avec beaucoup de personnes. C’est d’ailleurs grâce à la danse qu’un des programmateurs de Voxafrica m’a contactée afin de me proposer de présenter une émission sur la danse.
Malheureusement, cette proposition est tombée alors que je venais tout juste de rentrer à Paris et surtout je venais d’accepter une alternance en Banque. Tu imagines bien que j’étais dégoutée. On était déjà en octobre, j’effectuais ma dernière année. J’avais été acceptée chez AXA Banque, je ne me voyais pas arrêter mon alternance surtout que je savais que le métier de journaliste TV était très aléatoire. Tu n’as aucune garantie. A contre cœur, j’ai dû refuser en gardant en tête, que si ce métier était fait pour moi, ça finirait par arriver un jour ou l’autre.
RTM | Et ce jour finit finalement par arrivée …
Krysta | A la fin de mon contrat en alternance chez AXA Banque, ils m’ont proposé un CDD que j’ai accepté. J’avais une petite sécurité financière, je n’avais pas de charge donc j’ai investi dans une formation audiovisuelle en cours du soir.
Un jour, nous devions préparer une courte chronique dans le cadre de nos cours de media training. Le jour de mon passage, le directeur de Voxafrica France assistait à la séance. Il recherchait de nouvelles têtes pour leurs émissions.
J’étais méga prête. Je connaissais ma chronique sur le bout des doigts. A la fin de la session, le directeur est venu me voir avec un autre de mes camarades et nous a dit qu’il nous voulait pour sa nouvelle émission, Vox Parade, une émission musicale.
J’avais loupé l’opportunité à Londres mais je ne voulais surtout pas louper celle-là. Je me suis alors organisée avec ma boss pour passer en 4/5ème et avoir mon vendredi. J’étais chez Voxafrica le vendredi et le samedi, je continuais les cours du soir le jeudi et j’étais chez AXA Banque le reste de la semaine.
C’était intense mais c’était finalement le moyen le plus raisonnable de garder les pieds sur terre tout en ayant « la tête dans les étoiles ».
RTM | Tu as participé à pas mal de projets non rémunérés à tes débuts. Penses-tu que ce soit un passage obligé ?
Krysta | Tu n’as pas le choix. Il faut faire ses preuves. Les gens ne peuvent pas te faire confiance et investir de l’argent s’ils ne connaissent pas ta valeur. Il faut savoir construire son expérience. Il faut également savoir jusqu’à quand tu es prêt à faire certains sacrifices. Et surtout il faut pouvoir faire des choix stratégiques. J’ai fait le choix de rester longtemps dans le milieu afro urbain, par choix et par engagement. J’ai fait le choix de me spécialiser et aujourd’hui, si on pense afro urbain, on peut penser à moi.
« Be ready but be patient, je pense que c’est la clé. Il faut se préparer, c’est comme dans le sport, on ne se lève pas un matin et on est Champion du Monde. Il faut de la discipline, du travail et beaucoup de patience. »
RTM | TRACE, VOX Africa puis BET ?
Krysta | Le programme de Voxafrica a duré 2 ans. A la même période, BET lançait un casting pour leur futur animateur. C’était un casting sur les réseaux sociaux. Je me suis dit que c’était ma chance. BET faisait partie de la liste des médias par lesquels je voulais passer.
Il fallait présenter une vidéo de 3 minutes en lien avec les thématiques de la chaine. C’était un casting 100% réseaux sociaux. J’ai tenté ma chance et j’ai été retenue parmi les 5 finalistes. J’y ai cru jusqu’au bout. J’ai tout donné mais ça n’a pas suffi, je n’ai pas eu le poste.
Je ne vais pas te mentir, j’ai pris un gros coup. Pendant 6/7 mois, je me posais énormément de questions. J’ai continué de bosser pour d’autres médias : 7entertainement, Afrostream, RFI avec Claudy Siar… Que je remercie également pour leur confiance.
Bien que ça n’ait pas fonctionné, ce casting BET m’a quand même offert une certaine visibilité. Quelques mois plus tard, j’ai été contacté par Pascale Baclay de MKW Prod qui me dit m’avoir repéré et qu’elle s’apprête à lancer une émission 100% féminine pour laquelle elle me voulait comme chroniqueuse.
J’ai accepté. Elle m’inspirait confiance et une aventure avec d’autres consœurs ne pouvait qu’être au TOP !
On a enregistré les pilotes, qu’elle a proposés à des médias et devine qui a signé : BET. Une fois de plus on se retrouvait, l’expérience avec BET fut courte mais toujours bonne.
RTM | Vient ensuite une autre rencontre déterminante. Celle avec le fondateur du média NWE…
Krysta | Un jour, alors que je participe à un afterwork de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations), je rencontre le fondateur du média NWE. C’était il y a 2 ans. Il vient me voir pendant la soirée et me dit : « Je ne sais pas ce que tu veux faire, mais franchement je te soutiens tu as un truc…. Tu devrais te lancer faire tes propres concepts… ».
Avec le temps, j’ai rapidement compris qu’il ne fallait plus que j’attende des médias. Je voyais les youtubeurs qui devenaient leur propre média. Je savais que j’avais également ma place. J’avais mon réseau, je connaissais du monde, j’avais toujours une occasion d’échanger avec quelqu’un.
Comme on dit, rien n’arrive par hasard. A la même période, Jérémy photographe sur le tournage de l’émission sur BET, souhaitait se développer dans la vidéo et il habitait à 5 min de chez moi. Naturellement, on a fini s’associer pour lancer un concept vidéo que j’animerai.
En parallèle, j’avais commencé une formation de Community Management. Dans cette formation, il demandait comme projet de créer son site internet. C’est ainsi que j’ai lancé mon site krystabillong.com où je proposais justement réunir tous mes travaux sur une plateforme.
Ce sont tous ces évènements et circonstances qui m’ont poussé et motivé à lancer par la suite mon concept « Krysta on dit quoi ? ». Une émission où je fais découvrir des artistes, des événements ; où je partage mes bons plans.
A cette même période, le média NWE avait pour ambition de créer son propre contenu. Mais ce n’était pas forcément leur cœur de métier. Je leur ai donc proposé mon contenu et l’aventure avec eux a commencé et continue depuis.
RTM | Quel conseil aurais-tu aimé recevoir à tes débuts ?
Krysta | Je pense que c’est en se brûlant que l’on apprend. Chacun son chemin, si c’est pour toi ce sera pour toi. Ce sont tes propres expériences qui te feront grandir. Des conseils, j’en ai eu, des bons, des plus raisonnables, mais je crois au fond, que la raison n’a pas sa place dans tout ça. C’est la passion qui nous maintient. Le seul conseil que je donnerais, c’est de bien s’entourer. Savoir s’entourer et être consistant dans ce que tu entreprends. « Be ready but be patient », je pense que c’est la clé. Il faut se préparer, c’est comme dans le sport, on ne se lève pas un matin et on est Champion du Monde. Il faut de la discipline, du travail et beaucoup de patience. C’est le milieu artistique certes, mais il faut prendre les choses au sérieux.
RTM | Qu’est-ce qui te rend plus forte au quotidien ?
Krysta | Mon entourage. J’avance avec les mêmes personnes. J’ai mes gens ! Aujourd’hui, quand je travaille pour BET (big up à Sindanu), les premières personnes à qui je pense, ce sont les premières personnes avec qui j’ai démarré. Je pense notamment à Jimmy de Purple Street (réalisateur de clip).
Demain, si je fais un projet, je ne vais pas chercher les meilleurs en France, je vais d’abord chercher les meilleures pépites dans mon entourage. Tu sais dehors c’est parfois la jungle, c’est important de savoir où tu vas sans oublier d’où tu viens. Basic, simple lol J’aime avoir le respect des personnes avec qui je travaille.
RTM | Dans 10 ans, on te retrouve où ?
Krysta | En vérité, je ne sais même pas si dans 10 ans je serai encore dans le monde des médias. Si je ferai encore de la TV, de la radio. Mon objectif, ce qui me motive, c’est de promouvoir l’Afrique, de me servir de cette exposition pour faire entendre ma voix et contribuer à des projets plus humanitaires et sociaux.
RTM | Qu’est ce qui fait de Krysta, une Reine Des Temps Modernes ?
Krysta | Mon énergie, ma « positive attitude ». C’est plus fort que moi, même si je ne me sens pas bien j’ai besoin de partager de bonnes vibes, de faire sourire, d’enjailler les gens… C’est mon kiffe et limite ça me redonne le sourire !
J’essaye de ne jamais me laisser dépasser par les évènements. Je me dis on est des chanceux, on vit alors autant se battre pour ce que l’on veut, pour nos rêves. Tant qu’il n’y a pas mort d’homme en soit il n’y a que des solutions !
Le meilleur compliment c’est quand je reçois des inbox et qu’on me dit « je kiffe quand je te vois ça me donne le sourire, tu me fais trop rire… » .
Quand je reçois ce genre de message, ça me booste et je me dis « je ne dois pas lâcher, je suis à ma place… C’est ça que j’aime, avoir un impact positif auprès de gens qui sont parfois à des milliers de kilomètre. Et c’est ça la force des médias et ce pourquoi je persévère.