Rebecca Valentine Marival (Attaché de presse) – « Il faut s’assumer, assumer qui l’on est et faire les choses avec passion »

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“Nobody can take what is yours” ou encore “ce qui est à toi est à toi”. Je me répétais inlassablement cette phrase suite à ma rencontre avec Rebecca Valentine Marival. Femme des médias malgré elle, femme de la culture aussi, femme de la presse, notre QUEENSPIRATION de la semaine s’est construite une belle et longue carrière dans la sphère médiatique au fil des années. Elle nous raconte ses rencontres décisives, hasardeuses, ses coups du destin.

RTM | Est-ce que l’on demande vraiment à Rebecca Marival de se présenter ? (rires) . On dira que c’est pour la forme. Rebecca, peux-tu te présenter pour nos lectrices et nos lecteurs qui ne te connaitraient pas ?

Rebecca | Rebecca Valentine Marival. J’ai décidé depuis quelques années d’utiliser mon deuxième prénom, qui est également le prénom de ma grand-mère paternelle décédée. Elle est née un 14 février.

Dois-je dire mon âge ? J’ai 41 ans. Bientôt 42. Je ne sais pas à quel moment nous en sommes arrivés là (rires).

Aujourd’hui je travaille essentiellement dans le domaine des relations presse. J’ai un parcours que l’on pourrait qualifier d’atypique, allant du journalisme, à la musique en passant par l’évènementiel.

RTM | Un parcours atypique et surtout une belle et longue carrière. Quelles ont été les étapes clés de ton parcours ?

Rebecca  | Mon parcours est aussi atypique qu’il n’est improvisé. Très jeune déjà, je disais que je n’allais pas faire de longues études. Je passe un bac L en 96, puis je m’oriente vers un BTS tourisme en école privée. A la fin de mon BTS, je fais un stage dans une agence de voyage spécialisée sur Paris. L’expérience était intéressante mais je ne me suis jamais dit que j’allais faire carrière dans ce secteur. En 98, je rentre en Guadeloupe et je me retrouve sur un délire un jour  à co-animer en off durant l’émission Big up sur Canal 10. Et puis à la demande du public de mettre un visage sur la voix off, je passe devant les caméras. Je n’ai plus jamais quitté le devant de la scène.

Je ne pensais pas évoluer dans le secteur de la culture bien qu’ayant toujours baigné dans ces univers dès ma jeune enfance. J’ai grandi dans les années 80 avec une mère qui m’emmenait régulièrement au Théâtre noir à Ménilmontant. Ma mère faisait elle-même du théâtre. J’ai toujours été à l’aise dans ce milieu. Mais je n’envisageais pas travailler dans la culture. Je ne pensais pas qu’on pouvait gagner sa vie de la sorte.

Le déclic a opéré lorsque Michel Salbot me proposa d’animer les matinales 5h-9h  sur NRJ Antilles. Je n’avais jamais fait de radio. Il insiste. J’accepte. On est en 2000. L’année d’avant j’accouchais de mon fils, je devenais maman. C’était une sacrée belle expérience. Je reste chez NRJ quelques temps.  Puis je commence à me lasser.

Une autre opportunité s’ouvrait à moi à la même période. Le journaliste Jacques Caneval de RCI qui assurait la plupart de mes tranches infos sur NRJ me dit un jour, à deux mots près (rire) : « tu connais les artistes. Tu sais écrire. Ca ne te dirait pas d’écrire pour mon journal » ?.

J’accepte. Je me retrouve ainsi à écrire les pages cultures du 7 magasines aujourd’hui devenue Nouvelles Semaine. Pendant longtemps je fais les deux, les matinales sur NRJ, et mes chroniques pour le 7 Mag. C’est à cette période que je deviens Madame Culture. Je fais toutes les expositions, les interviews cultures et musiques en Guadeloupe.

Lorsque l’aventure avec NRJ s’arrête, je continue avec 7 Mag. Ces expériences m’ont permis de me constituer mon carnet d’adresse.

Puis les choses s’enchainent. Je travaille un temps pour la Une Guadeloupe à la rédaction. En parallèle, je collabore avec plusieurs médias pour lesquels je réalise des piges.

Le troisième tremplin a été l’aventure France Antilles. Chez eux, je m’occupais de la page « Sortir ». J’y suis restée 8 ans en deux périodes distinctes. Je faisais tous les concerts, les arrivés d’artistes, les news peoples…C’est comme ça que je me suis faite encore mieux connaître.

« La grande difficulté, est de gérer la précarité. Demain n’est pas certain. »

RTM | Tu as eu une expérience assez folle qui t’a permis de travailler pour la chaîne de télévision Guadeloupe 1ère ?

Rebecca | Je passais une journée de repos à la maison. Je ne voulais pas sortir et mon téléphone ne cessait pas de sonner. Je ne répondais pas volontairement, puis vers 16h, je me décide à décrocher. C’était Rudy Vardarassin. Il m’annonce que Lionel Ritchie va atterrir en Guadeloupe avec son jet, après son concert de Martinique et il me propose donc que je vienne immortaliser le moment, afin de publier des clichés en exclusivité sur internet.

A cette époque je tenais déjà un blog, un skyblog plus précisément sur lequel je partageais mes rencontres artistiques et professionnels. Mon skyblog était très suivi et nous sommes encore loin de l’explosion des réseaux sociaux comme Facebook ou instagram.

Arrivée à l’aéroport, je tombe sur un copain douanier qui me fait passer. Je fais mes photos, je balance sur Internet et ça crée le buzz. A tel point que France Antilles appelle Rudy et lui demande  pourquoi est-ce que Rebecca a les photos en exclusivité.

Le lundi, je suis convoquée par Angel Etienne de RFO Guadeloupe devenu entre temps Guadeloupe 1ère qui me propose de devenir chroniqueuse d’une émission qu’il était entrain de monter.

J’ai accepté ! « Ce que tu as fait avec Lionel Richie, il faut que tu le fasses pour nous »…

RTM | En 2012, tu décides finalement de quitter la Guadeloupe et de rejoindre Paris. ..

Rebecca | En 2011, mon  fils part faire son année de 6ème avec son père à Paris. En 2012, je décide de partir 15 jours pour le récupérer. Je ne repartirai pas. Arrivée en plein mois de juillet, je tombe malade et surtout je redécouvre Paris.

J’annonce à Guadeloupe 1ère que je ne reviendrai pas pour une nouvelle saison. Je décide de prendre le temps.  J’étais intermittente du spectacle et j’avais un peu d’argent de côté. Je prends le temps de kiffer la life, de revoir les copains musiciens, d’aller à des concerts.

Un jour Cyril Coudoux m’appelle. Il venait de quitter Make It Clap et il me propose de bosser avec lui. J’accepte. Je m’occupe de ses relations presse mais pas que. C’est comme ça que ma carrière de RP a commencé. On fait tous les gros concerts d’artistes antillais dans la capitale : E.Sy Kennenga, Marvin, Admiral T, Tony Chasseur, Tanya St Val… En parallèle, je fais un peu de régie, je m’occupe des plannings des musiciens, je fais les entrées, je gère les caisses et les invitations. Ça a duré jusqu’au retour de Cyril en Guadeloupe.

Après Cyril, j’ai travaillé avec Aztec Music. Mais je connaissais déjà la structure pour avoir été la représentante promo en Guadeloupe vers 1998-2000 de Créon Music, l’ancienne appellation d’Aztec Music.

En 2017, je me mets à mon compte. Je monte ma structure en tant qu’auto entrepreneur, et je continue de réaliser des missions de relations presse, relations médias.

Depuis que j’ai passé la barre des 40 ans, je me questionne. Le temps est passé si vite, je n’ai pas eu l’impression de profiter de toutes ces années, je n’ai pas eu le temps de savourer. Aujourd’hui avec le recul, je me rends compte que je n’ai jamais été sur le carreau. J’ai toujours été sollicitée à des moments où j’aurais pu douter … Mais je me questionne tout de même beaucoup car j’ai encore envie d’autres choses et j’ai l’impression que la nouvelle génération est en train de me pousser gentiment vers la sortie avec de nouveaux codes de conduite. Oui je reste réaliste (rires)

“C’était une fierté d’avoir le créole, comme un sénégalais peut être fière d’avoir le wolof. “

RTM | Au regard de ton expérience, quelles sont les qualités requises pour une longue carrière ? 

Rebecca | Etre passionnée. Je suis une passionnée. Je ne sais pas faire pour faire. C’est ce qui me sauve et me sauvera toujours.  Quand je fais, je fais à fond.  Et puis je m’assume. J’assume qui je suis, ce que je suis. J’aime le côté people, le champagne, la fête même si je tiens moins bien qu’avant (rires).  J’en ai fait mon métier. Il faut s’assumer, assumer qui l’on est et faire les choses avec passion.

Je dis aussi ce que je pense. J’en ai rien à cirer. Même si avec l’âge je regrette plus qu’avant( là encore je reste réaliste rires)

RTM | Au fil des années, tu n’as cessé de valoriser la culture antillaise, quelque fut ton activité.  C’était important pour toi ?

Rebecca | Je n’ai jamais voulu revendiquer quoique ce soit. Je pense que les choses se sont faites naturellement. Je suis une femme guadeloupéenne qui a grandit à Nanterre dans le 92. Je suis une fille de la cité. Et en même temps, j’ai grandit avec un papa qui me parlait créole. j’ai grandit en ayant la chance de partir en Guadeloupe  pendant les vacances scolaires et les grandes vacances dès l’âge de 4 ans même quand mes parents n’avaient pas leurs congés bonifiés. Je n’ai donc jamais été coupée de la Guadeloupe. J’ai grandi en France sans avoir été coupée de mes racines. Et j’ai toujours été fière d’être guadeloupéenne, fière d’être noire.

C’était une fierté d’avoir le créole, comme un sénégalais peut être fière d’avoir le wolof.

Je ne revendique rien. Je suis guadeloupéenne. Je suis profondément guadeloupéenne. Je suis, donc ce que je fais est. Je ne peux pas parler d’autres choses.

RTM | Lorsque l’on est autodidacte et à son compte, qu’est-ce qui est le plus difficile à gérer ?

Rebecca | Etre autodidacte et être à son compte (rires). Il faut rebondir, sans cesse.

La grande difficulté est de gérer la précarité. Demain n’est pas certain. Je peux gagner beaucoup d’argent sur une période puis galérer deux mois. Je n’ai pas la sécurité de l’emploi. Mais j’ai appris à m’en accommoder.  Ca ne veut pas dire que je ne doute pas. Chaque activité a ses avantages et ses inconvénients. Il faut prendre le temps de se connaître.

Il faut gérer cette vie d’artiste. Il faut gérer le regard des autres également. Aujourd’hui, l’entrepreneuriat, les parcours artistiques sont un peu plus acceptés. A mon époque, ce n’était pas envisageable. Je me souviens de ma mère qui me demandait de passer des concours pour travailler dans la fonction publique pour assurer au moins ma retraite…

J’ai accepté que ma vie soit celle-ci. Je ne sais faire que ça.

RTM | Tu nous en parlais en début d’interview. Tu es aussi maman. Comment as-tu géré toutes ces casquettes ?

Rebecca | Etre maman,  je n’ai jamais vraiment géré. J’ai eu mon fils a 21 ans. J’étais complètement déboussolée. Lorsque mon fils a eu 1 an et demi, je l’ai déposé chez ma mère, et je l’ai récupéré 2 ans plus tard. Ca a été très compliqué pour moi. J’étais trop jeune.

Mon fils a su s’accommoder de la situation, même si ça n’a pas été simple pour lui.

J’ai fait comme une mère célibataire qui jongle. Son père et ma mère ont aidé également.

Il m’a fallu du temps avant de prendre conscience que j’étais maman, beaucoup de temps.

Parfois je regarde mon fils et je me dis «  ah Wai c’est le mien. » (rires).

Pendant longtemps, ma vie c’était mon travail, mon fils, et mon travail.

Je me suis longtemps oubliée, même en tant que femme. Je suis devenue une femme en 2007. J’ai changé de coupe de cheveux, j’ai refait ma garde-robe. Deux ans après, en 2009, je me suis rasée la tête. Je me suis affirmée.

Aujourd’hui à 40ans, je me sens beaucoup plus femme et épanouie qu’il y a 10 ans.

J’ai toujours été une femme enfant. Même si j’ai eu mon fils a 21 ans. J’avais beau être majeur. J’étais encore une gamine.

RTM | Peux-tu nous citer trois femmes qui t’ont inspiré ?

Rebecca | Angela Davis. Son portrait était accroché chez ma mère pendant longtemps. C’est un portrait que j’ai toujours vu.

Diana Ross. C’est la première femme noire que j’ai vu en concert. Je devais avoir 12 ans

Et Billie Holiday. Une chanteuse que mon père m’a fait connaître très jeune.

Je pourrais également citer Jocelyne Beroard que je connais aujourd’hui très bien. Ou encore Edith Piaf, femme au parcours meurtri. Ca m’a toujours fasciné.

RTM | Qu’est ce qui fait de Rebecca une  Reine Des Temps Modernes ?

Rebecca | C’est une nomination lourde à porter. Je suis une RTM parce que je suis une femme qui va avoir 42 ans, qui est à l’aise dans ses baskets et qui est en phase avec la société même si je suis encore en apprentissage sur plein de choses. Je fais en sorte d’aller bien. Je suis épanouie en tant que quadra et je suis très fière de représenter la working girl caribéenne. J’aime répéter aujourd’hui que je ne suis pas influenceuse, je suis inspirante … Mais ça je crois que c’est mon rôle d’aînée 😉

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