Jade Almeida (Activiste) – “Pouvoir prendre soin de sa santé mentale, c’est aussi un fort privilège.”

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Direction le Canada pour rencontrer notre QUEENSPIRATION de la semaine. Elle s’appelle Jade Almeida, elle est activiste, sociologue, chroniqueuse, bénévole, chargée de projet et elle travaille essentiellement à mettre les femmes noires au centre de la narration. Elle nous parle de son parcours, de son départ au Canada, de ses travaux et également de ses luttes.

RTM | Bonjour Jade, peux-tu te présenter pour nos lectrices et nos lecteurs ? 

Jade | Bonjour, je m’appelle Jade, je viens de Guadeloupe et actuellement je réside au Canada pour faire ma thèse en sociologie. Avant cela j’ai fait un master en histoire à Paris ainsi qu’un an de maîtrise en sociologie. J’ai 28 ans et en plus de mes études, je travaille dans le milieu communautaire.

Actuellement, je suis chargée de projet au Conseil Québecois LGBT où je m’occupe de la formation anti-racisme pour les organismes LGBTQ+ du Québec. Je fais également pas mal d’activisme et de bénévolat notamment j’interviens tous les jeudis depuis 2 ans sur la radio Neoquebec où je tiens une chronique qui se nomme « Société en Débat ».

RTM | Te souviens-tu de tes premiers questionnements sur le fait d’être une femme, une femme noire dans cette société ? 

Jade | Je dirais que mes premiers questionnements, ceux qui ont vraiment bousculer ma manière d’aborder la société dans son ensemble et la façon dont j’envisageais mon parcours de vie, sont arrivés avec mon installation en France lorsque j’avais 19 ans. J’ai vécu une premièrement fois en France hexagonale jusqu’à mes 9 ans avant de partir avec ma maman en Guadeloupe. Le contexte familial faisait que je faisais régulièrement des allers retours pendant les vacances entre les deux. Mais lorsque je suis revenue habiter en France, cela a vraiment eu l’effet d’une claque.

Il faut comprendre que j’ai vraiment grandi en étant un peu le poster child de la méritocratie. Je croyais fortement en l’idée qu’il suffisait de travailler dur pour s’en sortir, que tout le monde partait avec les mêmes chances, qu’on évoluait dans une société post-raciale, post-féministe etc… Ce n’était pas du tout un discours présent au sein de ma famille, au contraire même, c’est un discours que je recevais beaucoup de l’institution scolaire et qui pour moi faisait complètement sens. Et donc j’arrive à Paris avec mes grandes idées sur la vie, sur le fait qu’ayant grandi en Guadeloupe je faisais partie automatiquement de cette grande famille qu’est la nation française (je caricature mais c’est presque cela) et là c’est la douche froide. Les premières années ont été très dures, je n’arrivais pas à mettre des mots sur ce que je vivais.

Il y avait une discordance nette entre ce que je pensais de la France et la réalité d’y vivre en tant que femme noire. Et justement le fait d’admettre : « ok, c’est précisément parce que je suis une femme noire que les choses se passent ainsi », a été très dure et long je dirais, rétrospectivement. Je crois que je résistais à admettre cela parce que ça remettait en question tout ce en quoi je croyais.

Mais aussi parce qu’à partir de là qu’est-ce que tu peux faire d’autres ? Il y avait ce risque de profond abattement ou de défaitisme qui vient avec le faire de reconnaître que le racisme, le sexisme, les rapports de classes, l’hétéronormativité ne sont pas des choses du passé. Au contraire. Et c’est aussi intéressant que cela soit arrivé en France, parce que la Guadeloupe est également un contexte particulier. Le fait d’avoir pris conscience de cela en France a transformé mon rapport avec mon archipel. Cela a donné un autre sens à mon expérience d’avoir grandie là-bas, à la manière dont je comprends maintenant certains discours et positions politiques de ma famille que je pensais naïvement dépassés. Il y a vraiment eu un avant et un après.

« Je vais chercher dans les livres lorsque j’ai besoin de modèles ou de donner du sens à mes expériences. »

RTM | Tu t’es orientée vers des études de sociologies que tu as décidé d’effectuer au Canada. Qu’est-ce qui t’a poussé à quitter la France pour poursuivre ton cursus universitaire ? 

Jade | Avec ma compagne nous avons vécu 5 ans en France et pour être honnête on a très vite été d’accord sur le fait qu’on ne se voyait pas du tout rester là-bas. Entre temps, nous avons vécu 6 mois en Angleterre et lorsqu’on a dû rentrer en France à la fin des 6 mois nous étions vraiment découragées. On cherchait par tous les moyens à quitter la France et pendant un temps on a envisagé de partir s’installer à Manchester.

A l’époque j’avais déjà pris la décision de faire une thèse et je cherchais donc une ville où la langue ne serait pas une barrière pour mes études, mais aussi où les frais scolaires ne m’obligeraient pas à m’endetter. Manchester nous plaisait mais les universités étaient très chères. Au Québec, en revanche, il y a un accord avec la France qui permets aux étudiant.e.s français.e.s de payer le même prix que les québécois.e.s au niveau du doctorat. Cela reste plus cher qu’en France bien sûre (puisque l’éducation y est quasiment gratuite) mais je pouvais le payer en travaillant à côté, sans avoir à prendre un crédit bancaire.

Le Québec est proche de la Guadeloupe en termes d’heures d’avion et ma compagne était enchantée à l’idée de vivre quelque temps ici. On a donc sauté le pas.

RTM | Qu’est-ce que le Canada t’a offert que la France n’aurait pas pu t’offrir (d’un point de vue universitaire) ?

Jade | Il faut savoir que je fais ma thèse sur les femmes noires qui aiment les femmes et c’est un sujet de recherche qu’il aurait été difficile de mener en France étant donné le retard énorme des universités françaises ne serait-ce que dans les études touchant au genre, à la sexualité ou au black studies. L’université où je suis étant encore dans la francophonie, je ne peux pas dire que l’avancée a rattrapé le travail du milieu anglophone mais on est tout de même loin de l’inertie française sur ces enjeux.

De plus, les possibilités de travailler à l’université sont innombrables comparées aux universités françaises, ici être auxiliaire d’enseignement ou auxiliaire de recherche est très facile comparé à ce que j’ai connu à la Sorbonne où les cas de recrutement des étudiant.e.s sont rares.

Crédit : Doro Saiz
RTM | Ton sujet de recherche s’intitule : « Femmes noires aimant les femmes : résistances aux rapports de pouvoir enchevêtrés ». Peux-tu nous raconter ce qui t’a orienté vers ce sujet de recherche ?

Jade | Souvent en rigolant je réponds « j’ai trouvé le moyen de m’étudier en fait ». Plus sérieusement, lorsque j’ai voulu trouver des réponses à mes questionnements que ce soit de genre ou en lien avec ma sexualité je me suis tournée vers les livres. C’est mon réflexe. Je vais chercher dans les livres lorsque j’ai besoin de modèles ou de donner du sens à mes expériences. Or malgré énormément de recherches je n’ai rien trouvé en français qui soit pertinent ou satisfaisant. Si vous maîtrisez l’anglais, au moins vous avez quelques références à vous mettre sous la dent, mais en français rien. Ce qui, à l’époque, a été une grosse source d’angoisses pour moi.

Tout ce que je trouvais ne correspondait pas à mes réalités ou alors était particulièrement déprimant. Parce que le peu que je trouvais s’intéressait aux oppressions et aux discriminations. Peu de choses finalement sur les individus qui, en dépit d’incarner tout ce que la société déshumanise et rejette, parviennent à naviguer le quotidien et à survivre finalement. Du coup j’ai choisi mon sujet, presque égoïstement, comme excuse pour trouver ces individus et raconter leurs histoires. Montrer comment en tant que femme noire attirer par des femmes, choisissant de faire notre vie avec des femmes, nous résistons au quotidien. Je pense que nous développons des mécanismes de survie qui, si on prend le temps de les étudier, peuvent devenir des modèles pour mener des luttes sociales plus larges. Du moins c’est mon hypothèse de départ.

RTM | Etre femme, noire, lesbienne, c’est être encore moins visible dans notre société ?

Jade | C’est sûre, même si les choses changent ces dernières années. Comparé au années 90 ou même début 2000 il y a beaucoup plus de représentation et de visibilité. Maintenant la question se pose : de quelle visibilité on parle ? Est-ce que cela a impact sur les mentalités ? Comment allez plus loin que simplement vouloir une représentation ? Comment est-ce qu’on s’assure de ne pas produire ou reproduire des stéréotypes par cette visibilité ? Mais les choses changent tout de même selon moi.

« C’est ça toute la délicatesse du rôle de la diaspora. C’est que quelque soit le lien avec la terre d’origine, quelque que soit la rapidité d’internet, nous ne vivons plus le quotidien de ces luttes. »

RTM | Tu animes également une chronique hebdomadaire sur NéoQuebec, qu’on adore d’ailleurs. Dire, raconter, c’est résister ?

Jade | Oh merci, c’est très gentil. Et oui, tout à fait, c’est non seulement résister mais laisser une trace également. Faire archives. Cette chronique, c’est un peu ma bouée de survie. Beaucoup de choses que je lis ou que j’apprends à l’université m’aide à faire sens pour, par exemple, décrypter les médias, ou mettre en lumière des tendances politiques ou aller plus loin lorsqu’il s’agit de comprendre le fonctionnement d’un système oppressif.

En revanche, le milieu universitaire est un milieu vraiment particulier, très fermé, qui fonctionne depuis sa tour dorée et qui se croit quelque part séparé de la société et donc supérieur. La dernière chose que je voulais, lorsque j’ai décidé de faire une thèse, était de produire un savoir qui ne serve strictement en rien à ma communauté. Un savoir débranché des réalités, incompréhensible pour tout non-initié à la sociologie et que seul quelques académiciens, avec le luxe du temps pour le faire, lirait. Cette chronique me permet de faire lien entre académie et communauté.

En gros : « voilà ce que j’apprends ou ce que j’ai appris, voilà en quoi cela peut nous être utile ». Et parce que tout le monde n’a pas le temps de lire 300 pages sur le concept de pouvoir de Foucault ou les 500 pages de Patricia Hill Collins sur les stéréotypes touchant les femmes noires, je vais faire une chronique de 15 mn en utilisant ce que j’ai appris mais en parlant de ce qui nous touche. A cela s’ajoute que peu de médias francophones s’adressent aux communautés noires. Même quand ils parlent de communautés noires en fait, ils ne s’adressent pas à nous. Ils ne prennent pas en compte notre point de vue, nos réalités ou ne cherchent pas à mettre en lumière l’histoire coloniale qui a mené à cette situation.

La couverture médiatique du BREXIT par exemple est l’exemple le plus frappant. La grosse majorité des médias ont couvert la décision du BREXIT comme un vote qui s’est joué entre jeunes et personnes agé.e.s Moi si je prends le BREXIT, ce que je vais mettre en lumière c’est que la décision s’est jouée autour de la  division raciale. Une majorité de blanc.he.s qui ont voté out. Et c’est d’autant plus évident que la campagne entière du BREXIT s’est faite autour de l’enjeu de l’immigration. Pourtant, la couverture du OUT  qui l’emporte s’est ciblée sur la division d’âge et celle ville/campagne. Et la question raciale a été évincée. C’est typiquement ce que je ne veux jamais faire.

Lorsque je fais ma chronique, j’ai toujours en tête d’aborder l’enjeu pour nous. Tel sujet, comment est-ce qu’il va résonner avec nos histoires et nos réalités ? C’est à mes petites sœurs et mon petit frère que je pense quand je fais cette chronique. Ce que j’aurais aimé entendre à 20 ans, à 15 ans à 13 ans. Ce qui m’aurait aidé à ne pas me sentir désarmée en arrivant en France, qui aurait légitimé mes expériences plus vite, qui m’aurait donné les clefs pour me défendre plus tôt.

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RTM | Tu abordes beaucoup la question de la légitimité, notamment quand tu parles de ton rapport au Guadeloupéen (créole guadeloupéen) ou à la langue Cap verdienne. C’est une question qui revient souvent chez les militants ou encore chez les artistes. Comment luttes-tu contre cette question de légitimité ?

Jade | C’est une excellente question ! Je pense que la question de la légitimité est vraiment une arme parmi les multiples armes que la colonisation à créer et continue d’utiliser contre nous. Notre absence de sentiment de légitimité vient directement des violences impérialistes occidentales qui nous ont privé de ce sentiment d’appartenance et de légitimité en cassant ou en dérivant nos héritages. On se bat comme on peut contre cela mais c’est violant, et souvent cela freine beaucoup d’avancée ou de créations par exemple, par peur de se voir rappeler à l’ordre. Dont je ne suis pas sûre d’avoir la réponse car je suis constamment en lutte avec mes propres angoisses sur la question.

Pour le moment ce qui m’aide c’est d’avoir constamment des retours avec ma communauté.  Je suis littéralement entourée de femmes noires et queers qui font un job militant quasi quotidien et extraordinaire que ce soit en France, en Guadeloupe ou au Québec. Et ce sont des personnes qui n’hésiteront pas à me le dire si elles considèrent que j’ai perdu contact avec la réalité ou que je ne suis pas légitime de parler sur certains enjeux. L’idée que j’ai ce contact constant me rassure pour avancer.

Je dirais aussi parfois on s’autocensure avec des considérations que l’homme blanc cis hétéro n’aurait pas une seconde envisagé d’avoir. C’est bien de temps en temps de se demander : qu’est-ce que Dave aurait fait à ma place ? C’est ironique mais parfois cela revient à ça. Si Dave a l’audace de le faire avec souvent encore moins de légitimité que moi dans le processus, pourquoi pas moi ?

“Pouvoir prendre soin de sa santé mentale, c’est aussi un fort privilège.”

RTM | Internet permet de brouiller les frontières, de rapprocher notamment certaines luttes, et les diasporas de leurs territoires d’origine. Quel rôle penses-tu que la diaspora a à jouer dans les combats de son territoire ? 

Jade | Chaque diaspora, comme chaque territoire en lutte contre la colonisation, a une histoire particulière. Dans certains cas la diaspora ne va pas avoir le poids démographique ou économique qui lui permet d’avoir un impact considérable, dans d’autres cas la diaspora a un tel pouvoir qu’elle peut presque en devenir un frein pour le territoire d’origine qui doit remettre les pendules à l’heure sur la réalité du terrain. C’est ça toute la délicatesse du rôle de la diaspora. C’est que quelque soit le lien avec la terre d’origine, quelque que soit la rapidité d’internet, nous ne vivons plus le quotidien de ces luttes. Plus de la même manière.

Parfois, c’est une réalité qui ne transparait pas assez dans les prises de position à l’étranger. C’est aussi une réalité qu’on nous reproche, qui crée des barrières supplémentaires dans les solidarités. C’est également une identité que nous n’avons pas suffisamment pris le temps de comprendre pour que notre rôle soit aussi efficace qu’on le souhaiterait. Du coup, la diaspora joue un rôle, presque de manière forcée du simple fait de son existence, mais je serai bien en peine de pouvoir en dresser un portrait global tends les relations sont extrêmement complexes et changeantes en fonction des territoires, des histoires, du contexte géo-politique etc.

RTM | Si tu devais nous citer 3 femmes qui t’ont inspiré, qui t’ont aidé à te construire ou déconstruire ?

Jade | Patricia Hill Collins (en termes universitaires elle a écrit le livre que je rêverai d’écrire La Pensée Féministe Noire).

Why’z Panthera (ma compagne). Et je ne la cite pas seulement parce que c’est ma compagne, haha, même si je pourrais. Mais plus sérieusement, ma compagne est une artiste, une activiste, elle a grandi en Guadeloupe et elle est extrêmement fière de ses origines et de notre culture. C’est probablement elle qui m’a le plus aidé à déconstruire énormément de préjugés et de biais que j’avais développé envers mon propre héritage. C’est également elle qui est à la source de beaucoup de mes prises de conscience. D’où l’importance de s’entourer de personnes qui n’hésiteront pas à pointer les dures réalités, quitte à secouer votre monde pour cela. C’est elle la première par exemple qui a insisté pour que je nomme le racisme pour ce que c’était. Même quand je m’entêtais à trouver toutes les excuses du monde pour ne pas le faire. Elle est aussi une énorme source d’inspiration parce qu’elle refuse de changer pour qui que ce soit. Quitte à mettre mal à l’aise une salle entière par sa manière de présenter, de parler, de bouger. Je n’avais jamais réalisé à quel point je m’adaptais pour plaire au plus grand nombre, avant de remarquer à quel point elle refusait de le faire et en acceptait les conséquences. Une vraie source d’inspiration.

Martine Pelmard (ma maman) parce qu’elle a grandi en étant indépendantiste, qu’elle a une conscience très fine des rapports de pouvoir et des enjeux de classe, de race et de sexe en Guadeloupe et que contrairement à moi, n’a pas eu besoin de faire des études de sociologie pour en arriver là. C’est elle ma première source d’inspiration même s’il m’a fallu du temps pour le comprendre. Si vous regardez mes chroniques et que vous me voyez défendre pendant 20mn une opinion en m’enflammant parce que l’enjeu me tiens à cœur et j’ai absolument besoin que tout le monde le comprenne quitte à en perdre le souffle, vous voyez ma maman. Par contre toutes les expressions faciales c’est mon père ? Haha   

RTM | Si tu devais nous conseiller 3 sources FUBU « For Us By Us » ?

Jade | En français ? Tout ce que produit Amandine Gay, pas seulement son film Ouvrir la Voix, mais ses interviews également, ses lectures, son Instagram. Elle fait un travail énorme qui force le respect.

Le site de Cases Rebelles et surtout leur podcast. J’adore tout ce qu’iels font, c’est une source énorme d’apprentissage et qui m’a beaucoup aidé quand je ne savais pas vers quoi me tourner.

Le site de Joao Gabriell parce qu’en terme d’analyse des classes notamment, c’est une pointure très fine. Et aussi parce que son approche des genres se fait avec l’angle racial ce qui est extrêmement rare dans les sources françaises.

RTM | Comment préserves-tu ta santé mentale avec toutes tes activités, tous ces combats ? 

Jade | En toute honnêteté j’ai fait un burn out, il y a 1 an et cela m’a servie de leçon. Depuis je fais beaucoup plus attention pour reconnaître les signes et à mettre le hola. Après, pouvoir prendre soin de sa santé mentale, c’est aussi un fort privilège. Par exemple le fait d’être neuro-typique allège très largement mon quotidien. Je ne souffre pas de dépression, je n’ai pas d’anxiété ou de trauma, je suis en couple avec une personne qui travaille à temps plein et ne nécessite pas de l’accompagnement au quotidien, je n’ai pas d’enfants ou de parents à charge… Je mentionne tout cela parce que prendre soin de soi est devenu une injonction que l’on reçoit au quotidien mais qui ne peut pas être appliquer aussi aisément pour tout le monde.

J’ai la chance d’être dans une situation où plusieurs facteurs font que je peux prendre soin de moi. Si je veux stopper quelques temps et me reposer, je peux le faire. Parce que personne ne dépend de moi, parce que mon cerveau et mon corps fonctionnent comme la société s’attends à ce que tous les cerveaux et les corps fonctionnent donc naviguer les espaces publics et privés ne me posent pas de problème ou de stress supplémentaire. Maintenant, c’est probablement à cause de tout cela que j’ai fait un burn out l’année dernière. Je partais du principe que je n’avais pas le droit de dire « non » justement parce que d’autres n’ont pas le luxe du choix. J’en ai fait énormément, dans des milieux assez violents et le résultat est que mon corps a dit « stop » et ma santé mentale en a pris un coup.

C’était la première fois et cela m’a suffisamment effrayé pour que j’apprenne à dire non. Disons que cela a réglé mon sentiment de culpabilité, ce n’est pas une expérience que j’ai envie de revivre de sitôt. Si on a la possibilité de souffler, il faut le faire. Si on peut rappeler à notre entourage de lever le pied, et pas seulement le rappeler mais mettre les conditions en place pour que ces personnes puissent souffler, il faut le faire également. Prendre soin de soi est un travail à faire en communauté finalement.

RTM | Qu’est-ce qui te permet de garder le sourire au quotidien ?

Jade | J’ai la chance d’être en bonne santé (je touche du bois) ma famille également est en bonne santé (retouche du bois), d’être amoureuse de ma compagne depuis presque 10 ans maintenant (je deviens guimauve), d’avoir un job qui me permet de rentrer en Guadeloupe une fois par an (du moins pour le moment) et de manger à ma faim (et de bien manger parce que ma compagne cuisine vraiment bien !), c’est dure de ne pas garder le sourire dans ces conditions ^^

RTM | Qu’est-ce qui fait de Jade une Reine Des Temps Modernes ? 

Jade | C’est une excellente question ! C’est vous qui m’avez contacté, ça devrait être à vous d’y répondre ! Est-ce que je peux avoir un joker pour celle-là ? XD

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