Kiyémis, auteure, blogueuse et militante afroféministe !

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Crédit photo : Eva Merlier

Notre QUEENSPIRATION du jour s’appelle Kiyémis. Auteure, Blogueuse et militante, cette jeune afropéenne fait rimer actions et paroles, prise de position et engagement. A tout juste 25 ans, elle sort son premier ouvrage « A nos humanités révoltés » aux éditions Métagraphes, un recueil de poésie évidement  afroféministe.

 

Crédit photo : Viviane Sassen

 

“On a tendance à croire que les mouvements de femmes noires, et plus généralement des Noirs, n’ont pas existé en France alors qu’il y a une longue histoire politique et intellectuelle sur les territoires français et francophones.”

 

RTM | Bonjour Kiyémis, pourrais-tu te présenter à nos lectrices/lecteurs ?

Kiyémis | Je m’appelle Kiyémis Essiyé, j’ai 25 ans, j’ai longtemps habité dans la région parisienne (j’ai grandi dans le 93 à Blanc-Mesnil, puis j’ai vécu dans le 77 et à Fontenay-Sous-Bois dans le 94). J’habite désormais à Lyon depuis quelques mois maintenant. J’ai eu une licence en histoire et j’essaie de reprendre des études de sciences politiques.

RTM | A quel moment naît Kiyemis, l’afroféministe ?

Kiyémis | Disons qu’elle a grandi en moi pendant toute la période de l’adolescence mais qu’elle a mis du temps à s’exprimer en tant que telle. C’est vers 21-22 ans que je m’affirme vraiment comme afroféministe mais ça tout cela nait vraiment des discussions que j’ai pu avoir avec ma mère et mon père.

RTM | Sur Twitter et via ton blog Les bavardages de Kiyémis , tu partages notamment tes réflexions politiques. Qu’est-ce qu’Internet et les réseaux sociaux ont apportés aux luttes sociales et raciales ?

Kiyémis | Je pense qu’elles apportent, notamment en France, une visibilité qui n’existait pas auparavant. On a tendance à croire que les mouvements de femmes noires, et plus généralement des Noirs, n’ont pas existé en France alors qu’il y a une longue histoire politique et intellectuelle sur les territoires français et francophones. Ca permet ainsi de diffuser cette histoire, ces infos, et même des infos sur les manifestations qu’elles soient politiques et ou culturelles. Les réseaux sociaux sont aussi un outil pour construire d’autres représentations et laissent la place à d’autres voix. On voit notamment son utilité lorsque des gens filment des actes de violences policières : un autre discours est disponible et diffusé dans des espaces considérés comme incontournables même par les grands médias.

 

“La poésie a beaucoup été utilisée dans les mouvements noirs pour accompagner, illustrer ou même dessiner des volontés d’émancipation…”

 

RTM | Si je te dis Résistance, tu me réponds ?

Kiyémis |Collective. On ne fait rien sans le groupe, informel ou formel. On ne peut pas prétendre vouloir changer les choses et vouloir rester seul.e dans sa démarche. Construire un réseau, évoluer en groupe, au risque parfois de se faire clasher par ses pair.es ca reste essentiel.

RTM | Fanny, afroféministe plus que womaniste ?

Kiyémis | On ne peut pas être les deux ? (Sourire). Ce n’est pas antinomique, je pense ! Si je voulais botter en touche, je dirais que j’aime le mot “afro”, même s’il ne faut pas oublier que le womanism est un “concept” crée par Alice Walker, une femme noire…

RTM | Tu t’apprêtes à sortir ton premier recueil de poésie « A mes humanités révoltées » aux Editions Métagraphes qui sortira le 22 mars. Peux-tu nous en parler ?

Kiyémis | C’est un recueil de poésie qui traite essentiellement des questions de migrations, de race et d’identités. J’avais dans l’idée de publier des textes afroféministes, et disons que les premiers poèmes se sont écrits tous seuls, comme s’ils dormaient dans ma tête et qu’ils n’attendaient qu’une occasion pour jaillir.

 

 

RTM | Pourquoi avoir choisi le format de la poésie plutôt qu’un essai notamment ?

Kiyémis | Je pense que la poésie permet d’expérimenter le champ de la liberté et de tous les possibles. C’est un endroit où tu peux à la fois exprimer une pensée politique, mais aussi rendre visible tes émotions et ton ressenti, voire même tracer des utopies. Or, j’ai l’impression que le format de l’essai répond à d’autres critères. La poésie a beaucoup été utilisée dans les mouvements noirs pour accompagner, illustrer ou même dessiner des volontés d’émancipation avec des auteurs tels qu’Aimé Césaire, Edouard Glissant, Audre Lorde ou encore May Ayim. Il y a également une nouvelle génération de poètes comme Warsan Shire ou Nayirah Waheed qui m’inspirent beaucoup et qui réinventent le genre.

 

 

RTM | Ressens-tu un besoin pour notre génération de prendre la parole ?

Kiyémis | Oui, et surtout, j’ai l’impression que l’on maîtrise des outils que nos aînés n’avaient pas, à savoir les réseaux sociaux. On peut non seulement proposer un contenu différent, mais le diffuser à travers des communautés élargies. C’est aussi à nous relayer ce qui a été fait avant et de continuer à créer, comme tu le fais sur ta newsletter.

RTM | Tu te positionnes également sur les questions liées au body positivisme. Est-ce important pour toi de croiser ces différentes luttes ?

Kiyémis | Oui, dans la lutte contre la grossophobie, le racisme ou le sexisme, la même chose est demandé : le droit à tous et toutes de vivre dans un monde sans oppressions, où chacun.e est respecté.e et où on ne dénie pas l’accès à des ressources qui nous permettraient de tous et toutes mieux vivre.

RTM | As-tu une routine Self-Care ? si oui, laquelle ?

Kiyémis | Alors…. euh, j’ai une routine “gérer les moments brumeux” qui passe par l’écoute intensive de musiques africaines comme le ndombolo, le bikutsi et l’afrohouse. Ca me fait vraiment du bien à l’âme. Et mettre mon téléphone en mode avion aussi.

RTM | Si tu devais nous citer 5 lectures afro féministes à lire de toute urgence, lesquelles seraient-elles ?

Kiyémis | Je lirais de la poésie. J’ai récemment découvert l’oeuvre de May Ayim, activiste et féministe noire allemande grace au site Cases Rebelles, et j’adore. Sinon je dirais Salt. de Nayirah Waheed, Questions For Ada de Ijeoma Umebinyo comme derniers coups de coeur. Et sinon il y a le classique “ Ne Suis-Je Pas une Femme” de Bell hooks et le recueil de texte Sister Outsider de Audre Lorde. En France, j’écouterai le podcast Mounwoke de Célia, et je lirais les blogs de Mrs Roots, BadassMaman, de Alolah Tallulah, je regarderai la chaîne Youtube de Keyholes and Snapshots… Ca fait plus de cinq !

 

 

RTM | Si tu devais transmettre un message d’espoir à une jeune femme noire française qui évolue en France aujourd’hui lequel serait-il ?

Kiyémis | Je lui dirais que c’est dur mais qu’on s’accroche, et qu’on est vraiment très très créatives en France aussi. Sinon, je lui dirais qu’elle a aussi le droit d’être fatiguée et de se reposer !

RTM | Quelles sont les femmes qui t’inspirent dans ton combat ?

Kiyémis | Ma mère et ma grand-mère lol. Je suis entourée de femmes inspirantes. Sinon, Audre Lorde, et puis je suis vraiment impressionnée par tout ce que fait Assa Traoré, comment elle arrive à tenir dans un combat pour la justice qui oppresse toute sa famille. Vraiment, respect.

RTM | Tes projets à venir et à ne surtout pas manquer cette année ?

Kiyémis | Mon recueil qui sort très prochainement est une priorité ! Et j’ai l’intention passer dans une librairie près de chez vous pour en parler :).

RTM | Qu’est ce qui fait de Fanny une Reine Des Temps Modernes ?

Kiyémis | C’est l’espoir qu’on partage et qui nous fait créer, chacune à notre manière, un monde meilleur.

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