Aujourd’hui j’ai décidé de vous parler de notre corps de femme et de la pression qu’il subit tous les jours. Je ne connais aucune femme entièrement satisfaite de son corps. On se trouve toujours trop grosse ou trop mince, trop grande ou trop petite, trop large d’épaule ou pas assez, trop ceci ou pas assez cela. Mais à qui la faute ? D’où vient cette pression ?
Une femme ronde, qui s’affirme, qui s’assume pleinement et déborde d’assurance est tellement plus belle qu’une femme qui ne cesse de se soucier du regard des autres et qui se tue à parvenir au « corps parfait ». Mais qu’est ce que le corps parfait ? On a tous une vision différente de la beauté, c’est tellement subjectif.
Mais finalement, dans le monde occidental, on nous apprend à aimer les femmes fines, aux beaux seins bien ronds, les femmes aux 0% de vergeture, 0% de cellulite, grandes, grain de peau parfait… On les vois partout, dans tous les spots publicitaires, ces femmes à la plastique parfaite qui n’existent pas. Parce que non, ces femmes n’existent pas, elles sont issues du fantasme de l’homme, ces femmes sont retouchées à tel point qu’on peine à les reconnaitre quand on les voit sans effets, sans retouches, au naturel.
Le problème avec ces photos c’est l’image qu’elles renvoient sur notre propre corps, on voudrait leur ressembler, mais oui, qui ne voudrait pas ressembler à un mannequin Victoria’s Secret ? Et l’effet que cette pression peut avoir sur les femmes se traduit de bien des façons. De l’anorexie à la boulimie, peu importe le trouble alimentaire, ou encore l’abus de la chirurgie. Aujourd’hui si nous n’apprécions pas notre corps nous pouvons le changer, c’est à la mode maintenant, merci aux Kardashians et à toutes les bimbos de télé-réalité.
On voit également une quantité absurde de « programmes minceur » que ce soit à la télé ou même sur des affiches dans le métro, on nous promet de perdre 2 kilos en une semaine, de nous offrir la première semaine de cure, ou alors on nous vend des gélules en pharmacie qui nous promettent « une silhouette parfaite » en 2 mois. Maintenant il existe aussi des spray amincissants ou anti-cellulite. La société nous incite à perdre du poids, tous les éléments sont présents pour accentuer nos insécurités.
En Orient, la vision de la beauté est différente, il faut être toute en « forme », lors de mon voyage en Iran on m’a souvent fait remarquer que j’étais très fine, on m’a d’ailleurs dis une fois que j’avais un corps d’enfant, tandis qu’en Europe je n’ai pas ce genre de réflexion, vous me direz, l’occident a énormément tendance à infantiliser la femme. On aime les femmes minces, pas trop de hanches, pas trop de fesses, de fines jambes, et quand on en vient à la lingerie fine, érotique ou directement à la pornographie, ça saute aux yeux, épilées au poil près. Comme une petite fille.
Alors évidemment en tant que jeune femme quand on voit ça on se pose mille et une questions, « est-ce que moi aussi je dois m’épiler comme ça ? », « est-ce que mon copain préférera ça ou plutôt ça ? ». On en vient à oublier que c’est notre corps à nous et qu’il nous appartient avant tout.
J’ai donc décidé d’écrire sur mon visage toutes les choses que j’ai pu entendre à mon sujet pour ensuite le prendre en photo sali par les mots, et l’accompagner d’une histoire personnelle. J’ai ensuite demandé à quelques femmes de mon entourage de faire de même.
Mariana, 21 ans (Portugal)


(Feia – moche
Anorética – anorexique
Tu comes ? – tu manges ?)
Palavras. Pequenas. Fúteis. Dolorosas. É difícil. Muito difícil, todos os dias ouvir a mesma coisa. Todos os dias chegar a casa e não querer sair mais.
Sempre ouvi dizer que os maiores traumas de alguém são passados na escola. E é verdade.
As crianças são cruéis, não têm filtro, dizem o que pensam e pronto, não têm medidas.
Todos os dias, desde os meus 12 anos, ouvi os mesmos comentários. “És mesmo esquelética”, “Que horror olhem me aquelas pernas”, “És anorética”, “Mas tu não comes?”, etc…
Era difícil o simples facto de me olhar ao espelho. O pior disto tudo, é que de tanto ouvir este tipo de coisas, começamos a acreditar nelas, e a deixar que nos diminuam. Começamos a acreditar que aquelas palavras horríveis realmente nos descrevem, e isso destrói-nos. Começa o medo. O medo de sair de casa. O medo de ter de ir para a escola outra vez, e ouvir tudo de novo, outra vez. Ter de agir como se não tivesse ouvido, como se aquelas palavras não me tivessem perfurado como uma flecha. Como se não me tivessem vindo as lágrimas aos olhos naquele instante. Sorrir. E virar as costas. E esconder me na casa de banho mais próxima para largar as 3 lágrimas que teimavam em sair. E voltar. Outra vez.
É triste que este tipo de coisas determine de forma brutal a vida das pessoas. Faz nos ter um pensamento constante, de que, nunca vamos ser suficientes.
Inseguranças? Tudo começa aqui.
Por isso sim, as palavras doem. Doem demasiado.
Traduction –
“Des mots. Petits. Futiles. Douloureux.
C’est difficile, très difficile d’entendre tous les jours la même chose. Rentrer à la maison tous les jours et ne plus vouloir en ressortir.
J’ai toujours entendu dire que les plus grands traumatismes viennent de l’école, et c’est vrai. Les enfants sont cruels, ils n’ont pas de filtre, ils disent ce qu’ils pensent et c’est tout, ils ne mesurent pas le poids de leurs mots.
Tous les jours, depuis mes 12 ans, j’ai entendu les mêmes réflexions. « Tu es très squelettique », « Quelle horreur regardes-moi ces jambes », « t’es anorexique », « Mais tu ne manges pas ? » etc…
Le simple fait de me regarder dans le miroir était difficile. Le pire dans tous ça, c’est qu’à force d’entendre ces choses là on finit par y croire, et les laisser nous rabaisser. On commence à croire que ces mots horribles nous définissent réellement et ça nous détruit. Puis on finit par avoir peur. Peur de sortir de chez soi, de retourner à l’école et entendre la même chose, encore une fois. Avoir à faire comme si je n’avais rien entendu, comme si ces mots ne m’avaient pas transpercé comme une flèche. Comme si les larmes ne m’étaient pas venues à l’instant même où j’ai encaissé les mots. Sourire puis tourner le dos. Et me cacher dans les toilettes les plus proches afin de lâcher les 3 larmes qui s’entêtaient à couler. Puis y retourner, à nouveau.
C’est triste que ce genre de choses déterminent brutalement la vie d’une personne. Ça nous donne une pensée constante que nous ne sommes jamais assez bien.
Insécurités ? Tout commence ici.
Alors oui, les mots blessent. Blessent énormément.”
Katya, 26 ans (Russie)
(плоская – plate (sur ma poitrine)
жирная – grosse (sur mon ventre)
тебе бы потерять пару кило – tu devrais perdre quelques kilos (sur mes jambes)
Я выросла в России, стране славящейся невероятно красивыми женщинами, так что моя внешность всегда была предметом для обсуждений в моей семье. Мои дяди, тети, бабушки и дедушки бесконечно смеялись над тем, каким пухленьким ребенком я была. Я искренне верю, что они это делали не со зла. Потом меня из-за этого дразнили и в школе. Всё стало ещё хуже, когда я вошла в переходный возраст, а значит и мой вес сразу же стали рассматривать в сравнении с размером моей груди. Оказалось, что я была слишком плоской для девушки с моим весом. Кто-то хлопал меня по бедру и приговаривал: “Тебе бы сбросить пару кило.” Другие щипали меня за живот и отмечали, что я была “жирной”, а кто-то даже пытался потрогать меня за грудь и потом разочаровано отмечал, что я была “плоской” и потом утешал словами о том, что это ещё может измениться. Я борюсь с булимией и анорексией с подросткового возраста. Они приходят и уходят, и у этого много причин. В любом случае, я всё ещё учусь видеть своё тело таким, какоё оно есть, красивым вне зависимости от того, что мне говорят другие люди.
Traduction –
“J’ai grandi en Russie, un pays connu pour ses femmes incroyablement belles, alors mon apparence a toujours été un sujet de discussion au sein de ma famille. Mes oncles, mes tantes et mes grands-parents se sont continuellement moqué du fait que je sois un enfant potelé. Je ne pense pas que leurs intentions aient été mauvaises, mais ça m’a tout de même blessé. J’ai aussi été moquée à l’école. Les choses ont empiré quand j’ai atteint la puberté et que mon poids a immédiatement été corrélé avec la taille de mes seins. Il s’est avéré que j’étais trop plate par rapport à mon poids. Les gens me tapaient les cuisses et me disaient « Oh si seulement tu pouvais perdre un peu de poids », d’autres me pinçaient le ventre en me disant que j’étais « grosse », d’autres encore essayaient de toucher mes seins en vain en s’apercevant que j’étais « plate » pour ensuite tenter de me rassurer en me disant que ça pourrait encore changer. J’ai lutté contre la boulimie et l’anorexie jusqu’à la moitié de l’adolescence. Ça venait et repartait, il y a beaucoup de raisons à cela. Quoiqu’il en soit, j’apprends encore à accepter mon corps pour ce qu’il est. Beau indépendamment de ce que les gens en disent.”
Bahar, 27 ans (Iran)
(چشمات روشن و آبی نیست – tes yeux ne sont pas clairs
دندان هات مرتب نیست – tes dents ne sont pas droites
استاندارد – basique
سفید نیستی – tu n’es pas blanche)
سلامی از ایران
من دوست دارم از خودم و زمانی که کودک بودم تعریف کنم.
در ایران بیشتر مردم دختران بلوند و بور با پوستای سفید را دوست میدارند، از قضا خانواده من هم همینطور هستند!من بور و سفید نیستم، من گندومگون هستم. در مقایسه با خواهرم، او سفید و بور است و خانواده ام همیشه ما را با هم مقایسه میکردند. برادرم میگفت تو شبیه زنان آفریقایی هستی! با اینکه در حقیقت آنها زیبا هستند.
هرشب قبل از خواب گریه میکردم و از خدا میخواستم فردا که بیدار شدم و در آینه خودم را دیدم تغییر کرده باشم و به یک دختر بلوند با چشمان آبی تبدیل شده باشم!
همچنین دندانهای من مرتب نبود و دهان من به علت اینکه خیلی لاغر بودم بزرگتر به نظر میرسید…
خانواده ام میگفتند وقتی میخندی دهان بزرگت را باز نکن و فقط یک لبخند بزن، اما من دوست داشتم با صدای بلند بخندم…طوری که من مجبور شدم به مدت ۴ سال ارتودنسی انجام دهم که خیلی دردناک هم بود.
امروز من یک زن هستم بدون پوست سفید و موی بور اما با یک لبخند که گاهی به یک خنده بلند تبدیل میشود و من فهمیدم که زیبایی از قلب انسان تا قلب او می رویَد ، نه از لبان او تا زیر شکمش.
Traduction –
“En Iran, la plupart des gens aiment les blondes à la peau claire, ma famille en fait partie.
Je ne suis ni blonde ni claire de peau, j’ai toujours été plutôt mate comparé à ma sœur. Ma sœur, elle, est blonde, alors ma famille nous a toujours comparées et mon frère me disait souvent que je ressemblait à une femme africaine (que je trouve absolument magnifiques d’ailleurs).
J’ai pleuré pendant des nuits avant de m’endormir, en priant Dieu qu’un jour je me réveille, me regarde dans le miroir et que je sois différente. Que j’ai les yeux bleus, la peau claire et les cheveux blonds.
De plus, mes dents n’étaient pas droites et ma bouche paraissait un peu trop grosse par rapport à la taille du reste de mon corps. J’étais très mince…
Ma famille me disait souvent de ne pas rigoler avec « ma grosse bouche grande ouverte » mais de simplement sourire. Parfois j’avais simplement envie de rire aux éclats… J’ai été forcé d’aller chez l’orthodontiste pendant 4 ans, c’était douloureux.
Aujourd’hui je suis une femme qui n’a ni la peau claire ni les cheveux blonds, mais j’ai un sourire transformé en rire et je comprend maintenant que la beauté grandie dans le cœur des gens et qu’elle les remplis de l’intérieur.”
Laurianne, 21 ans (France)
C’est pendant cette période soit disant « innocente » qu’est l’enfance, qu’un individu se construit. J’ai une sœur jumelle qui a toujours été plus mince que moi et forcément quand on a une jumelle les gens, petits ou grands ont tendance à nous comparer avec notre autre moitié aussi bien mentalement que physiquement. Étant plus épaisse qu’elle, nous avons eu droit à toutes sortes de surnoms, notamment «Timon et Poumba » et je vous laisse deviner lequel m’était destiné… Vous imaginez la frustration que ça peut être pour une petite fille de toujours avoir l’impression que son entourage la trouve moins jolie ? J’ai même finie par être celle qui me rabaissait lorsque je présentai ma sœur, par exemple j’avais tendance à dire « c’est ma jumelle et oui je sais qu’elle est plus belle que moi ».
J’ai 21 ans aujourd’hui et j’ai mis beaucoup de temps à réaliser que nous étions deux belles et différentes jeunes femmes. Je m’assume, m’habille comme il me convient de le faire et là encore ça ne va pas, si je met quelque chose de décolleté on me dit que c’est « trop » et qu’il faut que je fasse attention. Quoique l’on fasse, ce n’est jamais assez bien, c’est pour cela que j’ai décidé de ne plus me soucier du regard, autrefois blessant, d’autrui.
Assumez-vous, que vous soyez rondes, minces, grandes, petites, que vous ayez les yeux bleus ou marrons, de la cellulite ou non, on s’en fiche. À partir du moment où vous vous acceptez et vous aimez, vous êtes magnifiques.
Nous sommes toutes des REINES.
Les témoignages sont tellement touchant, on s’y retrouve dans chacun d’entre eux à un moment ou à un autre de notre vie.
Bravo pour cet excellent article.