Alicia Hadjard, co-fondatrice de l’application mobile Carter

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A l’heure des applications mobiles, en voici une que vous devez absolument découvrir si vous résidez, ou si jamais vous souhaitez vous rendre sur l’île de la Guadeloupe. Carter, “l’application mobile qui te permet de te déplacer n’importe où, et à n’importe quel moment” a été lancé en 2017 par un duo de choc : Alicia Hadjard et Yannick Jotham. Aujourd’hui nous rencontrons Alicia, notre QUEENSPIRATION, qui compte bien tout nous raconter sur son aventure entrepreneuriale.

 

 

RTM | Bonjour Alicia, peux-tu te présenter pour nos lectrices/lecteurs? 

Alicia | Je m’appelle Alicia, j’aurai 25 ans cette année. J’ai étudié à l’université Paris Descartes où j’ai obtenu une licence en psychologie. Par la suite, je me suis orientée vers un Bachelor en gestion des ressources humaines.

RTM | Cette année, avec ton partenaire Yannick Jotham, vous avez co-fondé la start-up An sav Fè Sa. Peux-tu nous présenter votre start-up ?

Alicia | An Sav Fè Sa, c’est une solution aux problèmes existants sur notre île. Nous avons pour habitude de dire que nous répondons aux problèmes locaux avec des compétences locales. C’est-à-dire, répondre aux besoins présents sur le territoire en utilisant et en valorisant les compétences disponibles dans la région.

Un exemple : notre projet Carter. Carter, c’est une application qui propose à la fois une plateforme de covoiturage et un service de chauffeur privé.

Grâce à Carter nous répondons aux besoins criant de transports en utilisant et en valorisant les compétences locales, notamment grâce à la formation que nous avons mis en place et qui débutera prochainement et qui permettra l’obtention de la licence VTC.

 

 

“Donc je dirais que oui, les guadeloupéens sont prêts à ce qui se fait partout ailleurs, prêts à aider ces startup et prêts à utiliser des applications qui faciliteront leur quotidien. “

 

RTM | Peux-tu nous raconter la genèse de ce projet ?

Alicia | Au départ, avec An Sav Fè Sa nous avions pour ambition de proposer une multitude de services via une application, néanmoins cela faisait beaucoup de services d’un coup, beaucoup d’études de marché, beaucoup de ressources…

Nous avons donc décidé de faire les choses les unes après les autres, étape par étape.

En répondant correctement à un premier besoin, il nous semblait plus facile d’acquérir la confiance des utilisateurs et d’assurer la suite.

Suite à la réalisation d’une étude de marché et à la diffusion d’un questionnaire, nous nous sommes rendus compte que le transport était le besoin le plus criant aux Antilles, et cela malgré les améliorations de ces dernières années. Il y avait un décalage entre les initiatives mises en place et les attentes de la population. Avec Carter, nous voulions ainsi proposer une alternative et satisfaire au mieux les attentes de tous ou du moins d’une grande partie de la population…

RTM | Vous avez notamment financé une partie de votre application grâce au crowdfunding. Il y a eu une belle mobilisation autour de votre projet sur Ulule. Cette mobilisation justifie-t-elle selon vous le besoin de voir naître plus d’initiative de cette nature ?

Alicia | Clairement oui, nous le savions avant de faire le crowdfunding mais notre réussite nous a permis de réellement valider le marché.

Les Guadeloupéens sont en attente de ce qui pourra améliorer leur confort et leur quotidien. Le problème de transport dure depuis trop longtemps et une nouvelle solution qui a déjà fait ses preuves ailleurs ne pouvait pas échouer chez nous.

En ce qui concerne notre campagne de crowdfunding, nous avons été confrontés au scepticisme ambiant puisque beaucoup n’y croyait pas et ont tenté de nous décourager étant persuadé « que le peuple guadeloupéen n’était pas prêt pour ça » ou que « le peuple guadeloupéen n’aide pas ». Mais nous avons tordu le cou à tous ces clichés en réussissant notre campagne avec 294 contributeurs dont une forte majorité de particuliers. Donc je dirais que oui, les guadeloupéens sont prêts à ce qui se fait partout ailleurs, prêts à aider ces startup et prêts à utiliser des applications qui faciliteront leur quotidien.

 

 

RTM | L’application Carter propose également un service « Girls only ». Etait-ce important pour vous de proposer ce type d’option ?

Alicia | Oui ça l’était. Même si nous contrôlons l’identité de tous nos covoitureurs et qu’il n’y a aucun danger à monter dans la voiture d’un conducteur car nous avons son identité et que l’application géo localise dans tous les cas ; Nous voulions pouvoir donner le choix à nos utilisateurs (-trices ?). Carter offre le choix de se déplacer en chauffeur privé, en co-voiturage mais offre également le choix de son confort. Si certaines femmes se sentent plus à l’aise en compagnie d’une autre femme plutôt que d’un homme, il faut qu’elle puisse avoir la possibilité de se sentir en sécurité.

Cette option était une évidence et permet de rassurer les plus sceptiques.

RTM | On parle souvent des difficultés que rencontrent les jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat aux Antilles. J’ai envie de te demander quels sont selon toi, les avantages à travailler et à créer en Guadeloupe ?

Alicia | Selon moi, l’île a beaucoup souffert des préjugés du type « les jeunes qui se lancent dans l’entrepreneuriat aux Antilles font face à de nombreuses difficultés ». Du coup, peu tentent et le font. Le terrain pour entreprendre aux Antilles est quasiment vierge. Il y a de la place pour entreprendre.

Je voudrais également rajouter que le peu qui essaient, le fait bien et souhaite réellement encourager plus de jeunes à entreprendre afin de dynamiser notre île.

Contrairement à Paris, qui est une ville qui grouille d’entrepreneurs, d’incubateurs, d’espace de coworking et autres, aux Antilles, il y a un seul espace de coworking, le Spot Coworking en plein cœur de Jarry. Un espace qui à lui seul t’intègre comme une grande famille et prend soir de toi pour t’aider à faire grandir ton bébé grâce à son réseau de compétences, ses conseils, ses contacts…

Et puis, il fait beau, il fait bon et on mange des sorbets au coco. Que demander de plus ? (Sourire)

 

 

 

“Mais pourquoi ne pas prendre le bon de ce qui se fait ailleurs et de l’exporter chez nous en l’adaptant ?”

RTM | Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui souhaitent créer et travailler sur l’île mais qui n’osent pas forcément ?

Alicia | Premièrement, je leur dirais d’OSER, car qui ne tente rien, n’a rien. Puis, comme je l’ai dit plus haut, le terrain est vierge car il a été pendant longtemps délaissé à cause des préjugés. Il y a donc tout à faire.

Je trouve ça formidable d’avoir la chance de partir à l’étranger pour faire ses études, découvrir d’autres cultures, d’autres business, d’autres manières de vivre. Mais pourquoi ne pas prendre le bon de ce qui se fait ailleurs et de l’exporter chez nous en l’adaptant ?!

RTM | Vous avez forcément dû rencontrer des difficultés avec Carter. Peux-tu nous citer la principale et nous dire comment vous êtes parvenu à la surmonter ?

Alicia | La plus grosse difficulté a été d’obtenir un prêt auprès des banques. Quand on est une start-up, on n’est pas « bankable ». Donc impossible d’obtenir quoique ce soit de la part des banques. Pour solutionner ce problème, nous avons donc lancé notre campagne de crowdfunding.

Les fonds dont nous avions besoin ont été directement donnés par nos futurs utilisateurs. Ce qui nous a permis d’avancer sereinement. La réussite de la campagne de crowdfunding nous a finalement ouvert les portes des banques et des prêts. Dans l’entrepreneuriat, comme dans la vie, il faut constamment faire ses preuves pour obtenir ce que l’on veut.

“Ce qui importe, ce sont les compétences et la façon dont on mène sa barque. Du moins, c’est mon ressentit.”

RTM | Les femmes sont encore sous-représentés dans le monde de l’entrepreneuriat en général. Comment perçois-tu la représentation des femmes entrepreneurs en Guadeloupe ?

Alicia | Honnêtement, la femme entrepreneure n’est pas mal perçue, je parle de mon expérience personnelle. En Guadeloupe tout particulièrement, qui reste une société assez matriarcale, où la femme est considérée comme un pilier, le potomitan de la famille. Une femme à la tête d’une entreprise aux Antilles, ça n’a rien de choquant, bien au contraire. Ce qui importe, ce sont les compétences et la façon dont on mène sa barque. Du moins, c’est mon ressentit.

RTM | Peux-tu nous citer des femmes qui t’inspirent au quotidien ?

Alicia | Ma mère pour commencer. J’aimerais avoir sa force et son courage. Puis, je dirais Oprah Winfrey en tant que businesswoman, Christine Kelly en tant que journaliste, Angela Davis, Rosa Parks et Mallence Bart-Williams pour leurs prises de position.

RTM | Qu’est-ce qui fait d’Alicia, une Reine Des Temps Modernes ?

Alicia | Ouloulou…(sourire). Je dirais mes ambitions et ma force de conviction. Je me donne les moyens pour aller au bout de mes rêves.

 

 

 

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