Mlle Lee Za, pour l’amour de la danse et du tattoo !

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A tout juste 26 ans, Mlle Lee za semble déjà avoir vécu plusieurs vies. Danseuse professionnelle, tatoueuse, entrepreneuse, mannequin et comédienne, notre QUEENSPIRATION du jour fait partie de ces artistes pour qui les actions comptent beaucoup plus que les mots.

Ses mots, à elle, sont concis, précis, et surtout plein de maturités. A la question « où te vois-tu dans 10 ans ? ». Lee za me répondra « En vie ! »… C’est une Reine Des Temps Modernes généreuse et affirmée que je vous propose de découvrir.

Wendie | Bonjour Leeza, pourrais-tu te présenter pour nos lectrices et lecteurs ?

Lee za | Je m’appelle Mlle Lee za, j’ai 26 ans. Je suis originaire de Chalon-sur-Saône en Bourgogne. Je vis à Paris, dans le 18ème depuis maintenant 6 ans.

Je suis danseuse professionnelle spécialisée dans les danses dites « urbaines » et plus précisément le hip-hop. Je suis chorégraphe et je représente également en battle.

Je suis aussi tatoueuse depuis 5 ans maintenant, et je viens de lancer ma marque « Couture Vs Tattoo ». En parallèle, je fais aussi du mannequinat et de la comédie.

Wendie | A quel moment es-tu tombée amoureuse de la danse ?

Lee za | Très jeune. J’ai commencé la danse à l’âge de 4 ans. Ma mère m’avait inscrit à des cours de danse classique. Ensuite j’ai intégré le conservatoire de Chalon-sur-Saône. Puis, j’ai découvert le hip-hop à l’âge de 12 ans dans une maison de quartier avec un crew qui s’appelait « Guetapens ».

Je pense que je dois mon amour du hip-hop à mon père. Depuis petite, je baignais dedans via la musique et la danse car mon père était danseur lui aussi. Il a fait parti de la première génération de 64. Il dansait sur Dijon et Chalon-sur-Saône. A l’époque, j’étais la seule fille de ma petite ville à faire du hip-hop. J’aimais le fait d’être différente.

Wendie | Tu fais aujourd’hui partie de la compagnie Lady rocks. Peux-tu nous présenter la compagnie ?

Lee za | En 2012, j’ai rejoint la compagnie Lady Rocks. Il s’agit d’une compagnie entièrement féminine qui promeut le Top Rocks, une discipline du hip-hop qui reste très peu exploitée.

Wendie | A quel moment le tatouage rentre dans ta vie ?

Lee za | J’ai commencé le tatouage, il y a 5 ans maintenant. Suite à une 3 ème luxation de la rotule, le médecin m’a préconisé 3 mois d’arrêt. Je ne supportais pas le fait de ne rien faire. J’ai donc repris le dessin que j’avais arrêté à l’époque du collège.

Je devais normalement faire des études dans l’art, jusqu’à ce que je découvre le prix des écoles. Je me suis finalement orientée vers une formation Staps.

Donc pendant cette blessure, je me suis remise à dessiner. Très vite, j’ai voulu dessiner sur différents supports car la feuille ne me suffisait plus. J’ai fait de la gravure, de la pyrogravure, et j’en suis finalement arrivée au tatouage. Ca a tout de suite été le coup de cœur.

Wendie | Qu’est-ce qui te plaisait dans le tatouage ?  

Lee za | Je trouvais que le papier était un support froid. Un tableau reste figé, il ne vit pas, alors qu’un corps humain, c’est vivant. Le tableau sur toile va vieillir mais il ne bougera pas. Un tatouage vieillit selon la peau, selon l’épiderme de la personne qui le porte. C’est ce que je trouve intéressant avec le tatouage et c’est aussi la raison pour laquelle je travaille le cuir aujourd’hui. J’aime les matières vivantes. 

Wendie | Comment t’es-tu formé au tatouage ?

Lee za | C’est un peu comme pour la danse, de manière complètement autodidacte. J’ai fait mon premier tatou sur de la peau de porc. C’est comme cela que l’on apprend. Ensuite, je suis passée sur de la peau synthétique. J’avais acheté une machine chinoise sur Internet.

Au départ, je voulais bien faire les choses car normalement pour devenir tatoueur, il faut se trouver un maître d’apprentissage. Il s’agit d’un tatoueur qui a son salon et qui va te former pendant un ou deux ans selon ton niveau. Pendant cette période d’apprentissage, tu n’es pas payé, tu n’as pas le droit de tatouer. Tu observes, tu fais le ménage, tu prépares les dessins, les postes de travail.

Je m’étais donc mis en tête de trouver un apprentissage sur Paris. Sauf que la mission s’est révélée impossible. Je me suis lancée à l’époque du boom du tatouage, il y a 5 ans. Tout le monde se faisait tatouer. Du coup, ma démarche a été très mal accueillie. Je me suis faite jeter de pratiquement tous les salons.

Il y a même un salon en particulier qui m’a dit que concrètement, ça ne servait à rien de me lancer parce que je n’avais aucun talent. Il m’a tellement mis le seum, que c’est pour lui que je n’ai pas lâcher l’affaire et que j’ai décidé de me former toute seule. Mon ego a beaucoup aidé lol.

Wendie | Tu as finalement été embauché par le salon La Ruche …

Lee za | Oui, il s’agit du premier salon avec lequel j’ai travaillé et qui est géré par Maya. Elle a vu mon travail sur Instagram et elle m’a proposé de passer au salon. Elle a apprécié mon travail et m’a proposé d’y bosser.

Wendie | Vous êtes beaucoup de femmes dans le milieu ?

Lee za | Nous sommes de plus en plus nombreuses. Il y a des salons comme La Ruche où il n’y a que des nanas par exemple. Le tatouage s’est vachement démocratiser. Il n’y a plus cette image du tatoueur « biker », « motard », ou « artiste déglingué ».

Aujourd’hui les tatoueurs sont considérés comme des artistes à part entière.

Wendie | En tant que tatoueuse, comment définirais-tu ton style ?

Lee za – Je fais beaucoup d’ornements. Je travaille énormément la géométrie et le style ethnique. La géométrie m’inspire beaucoup, j’aime l’ésotérisme, tout ce qui concerne la magie, la géométrie de la vie, les lignes.

En ce qui concerne l’ethnique, je pense que ça vient notamment de mes origines ghanéennes. J’ai d’ailleurs commencé à tatouer suite à mon premier voyage au Ghana. J’ai été marqué par les symboles Adinkras, leurs significations. Ca a servit de base à mon travail.

Wendie | Penses-tu que ta danse se retrouve dans ta manière de tatouer ?

Lee za | Oui beaucoup. Justement je suis entrain d’écrire un solo à ce sujet. J’écris sur le lien entre la danse et le tatouage.

Pour moi, la danse et le tatou se ressemblent beaucoup. C’est une question de mouvement, de lignes. Pendant que je tatoue généralement, je suis entrain de danser dans ma tête.

Winner battle exhibition vs Jordy (alliance crew)Round 1 #ready2dance

Publiée par Melle Lee Za sur Lundi 21 août 2017

Wendie | Quel a été le déclic pour passer de la peau au cuir ?

Lee za | Je voulais monter un business qui puisse vivre dans le temps, me ressembler et surtout rassembler toutes mes passions. Je sais que la danse, c’est éphémère. Un jour, je ne pourrais plus vivre de cela. Même chose pour le tatouage, viendra un jour où mes mains ne pourront plus tatouer.

C’est la raison pour laquelle j’ai crée « Couture Vs Tattoo ». Je propose des accessoires en cuir qui rappellent l’univers hip-hop (bananes, sacs de sport) sur lesquels je tatoue.

Wendie | On a l’impression en regardant ton parcours qu’il s’agissait d’une suite logique pour toi.

Lee za | Avec le recul, je me dis que oui. Mais dans les moments difficiles, les moments de doutes, je n’avais pas cette impression là. La seule chose, c’est que je me dis toujours que rien n’est impossible. Dès que j’ai l’impression que je ne vais pas réussir à faire quelque chose, je force. Je pense que c’est la raison pour laquelle à 26 ans, j’ai fait autant de choses.

Wendie | Quelles ont été les plus grosses difficultés à affronter ?

Lee za| Les autres. L’autre ne peut pas s’empêcher de donner son avis. Ce n’est pas toujours négatif mais ça peut te brouiller dans ta perception surtout quand tu es en période de doutes.

Et puis il y a soi même. C’est difficile de dépasser le manque de confiance en soi, les doutes, le fait de se dire que l’on n’est peut être pas à la hauteur, que l’on n’a pas de talent. C’est un véritable combat contre soi même. On est bien souvent notre unique adversaire.

Wendie | Qu’est-ce qui t’a permis de surmonter ces difficultés ?

Lee za | Mon égo. Mon égo. Et mon égo lol. J’aime contredire ceux qui pensent que ce n’est pas possible.

Mon entourage aussi me soutient beaucoup et m’aide dans les moments difficiles, malgré mes choix de vie, ma vie un peu bohème au début. Ce n’est pas toujours facile, c’est même très difficile parfois, mais mes ami(e)s, ma famille, ainsi que la personne qui partage ma vie m’aide beaucoup. C’est important d’être bien entouré.

Wendie | Comment trouves-tu justement un équilibre entre ta vie professionnelle et sentimentale ?

Lee za | C’est une très bonne question. Je pense qu’il faut trouver une personne qui soit apte à comprendre ce mode de vie. J’ai la chance d’être avec un artiste donc ça aide. Je pense qu’il faut être avec quelqu’un de passionné qui puisse comprendre ce que l’on vit, qui puisse comprendre ce qu’est la passion.

Je suis une acharnée du travail et je n’ai pas forcément de temps à consacrer. Ça peut créer des frustrations, parce que j’essaye de me donner le temps, de donner du temps à ma relation, de passer du temps avec les personnes qui comptent pour moi, mais du coup j’ai l’impression de ne pas être à 100% dans mon travail. Ce sont mes frustrations personnelles, mais j’apprends à faire des concessions. Sans concessions, ça ne peut pas marcher.

Wendie | Qu’est ce qui fait de toi une Reine Des Temps Modernes ?

Lee za | Je pense que le fait d’être celle que je suis aujourd’hui, à 26 ans, avec tous mes projets à venir et toutes les choses que j’ai pu accomplir. Je suis déterminée. J’essaye de représenter les femmes, notamment sous représentés du mieux que je peux à travers ce que je fais.

Je dirais aussi mes origines ghanéennes. Le Ghana, c’est le pays du royaume Ashanti, un peuple de rois et de reines. Je pense être l’héritière de ce passé et j’ai envie de représenter cette communauté très peu présente en France.

Wendie | Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour les 10 prochaines années ?  

Lee za | D’être vivante. C’est déjà une bonne chose lol. Vous pouvez aussi me souhaiter d’avoir ouvert ma boutique, d’avoir mon propre bien, et d’avoir construit une famille. Je me vois osciller entre ma vie d’artiste et ma vie de famille. J’espère que dans 10 ans, je pourrais aussi transmettre tout le savoir que j’aurais acquis. J’espère que j’aurais pu, à travers ma marque et le solo que je prépare, apporter un autre regard sur le monde du tatou et de la danse.

Wendie | Où est-ce que l’on pourra te croiser prochainement ?

Lee za | Je serai le 4 novembre prochain au festival Art Press Yourself au Pan Piper. Je proposerai des tatous flashs éphémères.  Je participerai également à une conférence organisée par APY à la Villette (APY Creative Talks).

Je donnerai également des stages de danse sur Paris et Bordeaux.

Avec Lady Rocks, on pourra nous retrouver le 16 novembre au festival Kalypso à Paris et le 14 octobre à Bron au festival Karavel.

On peut aussi me retrouver en tant que Guest dans le 6 ème arrondissement au studio de tatouage Désolé Papa.

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Pour suivre Mlle Lee Za : 

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Son Instagram : ICI 

Son site : ICI

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