Du haut de ses 20 ans, cette jeune franco-ivoirienne, installée depuis peu sur Paris, fait sensation sur la toile. Nadjélika plus connue sous le nom de La Nadjance accumule déjà plus de 96.000 followers sur sa page Facebook qui vient tout juste de fêter ses 1 an. Parodies musicales, témoignages, coups de gueule parfois engagés, tout y passe.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la comédie et le théâtre sont loin d’être les premiers amours de notre Reine Des Temps Modernes. C’est le chant et plus généralement la musique qui la pousse à poster ses premières vidéos.
Mais je ne vous en dis pas plus, cette jeune femme aussi drôle dans la vraie vie que sur ses vidéos a gentiment accepté de nous parler de son parcours et surtout de ses nombreux projets à venir.
Wendie – Bonjour Nadjélika, peux-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaîtraient pas.
Nadjélika – Bonjour, je m’appelle Nadjélika. J’ai 20 ans. Je suis née en France mais à l’âge de mes trois ans et demi, ma famille est partie s’installer à Abidjan. J’ai donc grandi en Côte-D’ivoire. J’ai de la famille ici et de la famille là bas, mais je me sens beaucoup plus ivoirienne que française. La première fois que j’ai pris le métro sans me perdre, c’était l’année dernière. Et prendre le bus me stresse toujours autant.
Wendie – Qu’est-ce que tu fais dans la vie, hormis les vidéos que tu partages sur ta page ?
Nadjélika – Je suis actuellement en deuxième année de cours Florent de musique. J’aimerais devenir chanteuse et vivre de ma musique. C’est d’ailleurs par rapport à la musique que j’ai créé ma page facebook il y a un an. Je souhaitais me constituer une « fan base » en partageant quelques vidéos. Je pensais que l’on serait 200/250 maximum sur la page. Je ne m’attendais pas à ce que cela explose de cette manière là. J’étais assez surprise.
Wendie – Avant de revenir sur tes vidéos, j’aimerais que l’on parle un peu de ta passion pour la musique. Qu’est-ce qui te pousse à vouloir tenter une carrière musicale ?
Nadjélika – La musique, c’est ce qui me fait vibrer. Je chante principalement pour le moment. Je fais aussi un peu de guitare et du piano. Je compte bientôt me mettre à la kora*. La musique, c’est la seule chose qui me passionne et en tant que personne passionnée, et un peu flemmarde aussi, si je ne fais pas quelque chose qui me passionne, je ne me donne pas à 100%.
Ma mère souhaitait que je fasse des études de psychologie. J’ai essayé. Je suis allée en cours deux semaines et j’ai très vite abandonné.
*instrument à corde de l’Afrique de l’Ouest.
Wendie – Combien d’années te reste-t-il avant de terminer tes études au cours Florent ?
Nadjélika – Il me reste encore deux ans. Mais je ne suis pas encore sûre de ce que je veux faire ensuite. Je prends le temps de me découvrir artistiquement.
Wendie – As-tu rencontré des difficultés pour convaincre tes parents de te laisser vivre ta passion ?
Nadjélika – Je parlais depuis le lycée de ma volonté de faire des études dans la musique. Ma mère me disait qu’à l’obtention de mon bac, je pourrais choisir ma voie. Elle était ouverte sur le sujet mais elle voulait quand même que je fasse des études. A l’obtention de mon bac, je lui ai réitéré ma volonté de faire des études dans la musique, mais elle n’a pas voulu.
C’est comme cela que je me suis retrouvée à Nîmes pour tenter une fac de psychologie. Mais elle s’est vite rendue compte que je n’étais absolument pas motivée par la psycho. Résultat, elle m’a dit de prendre les choses en main, de passer des auditions, de trouver une école et qu’en fonction on verra.
C’est ainsi que je me suis retrouvée à passer des auditions pour les cours Florent et j’ai été prise.
Wendie – Artistiquement parlant, est-ce qu’il y a un univers qui te parle plus qu’un autre ? Ou que tu t’appropries plus qu’un autre ?
Nadjélika – Pas encore, je me cherche. J’ai commencé à écrire des textes l’année dernière. Je n’écris pas encore de chanson et je n’ai pas encore d’affinité particulière avec un instrument. C’est la raison pour laquelle je souhaiterais commencer la kora. C’est un instrument qui me parle vraiment beaucoup. J’ai l’impression que c’est peut être mon instrument clé, qui me permettra de passer à la composition.
Wendie – Revenons en au succès de ta page « La Nadjance ». A quel moment décides-tu de lancer ta page ?
Nadjélika – J’ai lancé ma page le 25 décembre 2015. Je passais Noël seule en France. J’ai voulu partager ce moment de solitude avec d’autres.
Wendie – Au bout de combien de temps te rends-tu compte qu’il se passe quelque chose autour de ta page ?
Nadjélika – Je m’en rends compte au bout des premières semaines. En moins d’un mois, la page accumulait déjà entre 3000 et 5000 followers sur la page. Ce qui est relativement énorme pour une personne sortie de nulle part.
Wendie – Qu’est-ce qui te motive ou t’inspire à réaliser tes vidéos ?
Nadjélika – J’aime bien parler devant la caméra. J’aime bien raconter ma vie. Je parle de mes expériences, de ce que je vis, je n’ai pas vraiment de tabous ou de filtre. C’est comme cela que j’ai commencé à faire des vidéos. Je racontais ma vie sur snapchat. Je parlais de mes petits problèmes de cœur avec humour et les gens ont accroché.
Wendie – As-tu peur de cette exposition sur les réseaux sociaux ?
Nadjélika – Non pour le moment ça ne me dérange pas et ça ne m’effraie pas. C’est ma nature de beaucoup parler et de raconter ma vie de manière assez naturelle. On verra avec le temps. Mais pour le moment je le vis bien.
Il y a aussi de bons côté à tout cela. Je fais de très belles rencontres. Il y a pas mal de mes followers qui sont aujourd’hui devenus des ami(e)s. Et puis il ne faut pas se mentir, depuis que je suis plus exposée, j’ai la chance de pouvoir faire des partenariats avec de belles marques et ça financièrement c’est pas mal aussi. C’est plutôt cool de se faire un peu de sous en faisant un truc que l’on aime.
Wendie – Tu appartiens un peu à cette mouvance de jeune youtubeurs/bloggeurs qui ont très bien compris comment fonctionnent les réseaux sociaux. Qu’est-ce que tu penses des personnes qui critiquent et qui considèrent que c’est peut-être trop facile ?
Nadjélika – Personnellement, je trouve ça super cool au contraire. Tout cela offre des opportunités à des jeunes qui n’avaient pas forcément de passion ou qui ne savaient pas forcément ce qu’ils voulaient faire. Et puis le fait de pouvoir en plus monétiser tout ça, c’est génial.
Wendie – Quel est le profil des personnes qui te suivent ?
Nadjélika – La majorité de mes followers sont des femmes de la communauté afro. La plupart ont entre 20 et 30 ans. J’ai beaucoup de mamans aussi.
Wendie – Considères-tu que tu as une certaine responsabilité envers ta communauté beaucoup plus jeune qui pourrait prendre tes mots au pied de la lettre ?
Nadjélika – Oui, complètement. Je fais beaucoup de vidéos légères mais parfois je fais aussi des vidéos un peu plus engagées. Je fais par exemple des vidéos sur la communauté LGBT parce que c’est quelque chose qui me tient à cœur, parce que je sais que chez nous dans l’Afrique de l’ouest, l’homophobie est souvent considérée comme normale. Je parle aussi de religion parce que chez nous la religion a une place très importante, à tel point que les gens ne basent leur jugement moral que sur cela. Alors qu’à mes yeux, la religion, la foi doit rester dans l’ordre du privé.
Je reçois beaucoup de commentaires ou de messages négatifs ou agressifs lorsque je parle de ces sujets là. Je reçois des menaces ou des personnes m’ « unfollow ». Certaines personnes me traitent de vendue ou encore de « métisse dégénérée ».
Mais malgré tout cela, je pense que c’est important, lorsque l’on a une certaine visibilité de faire passer des messages.
Je parle aussi beaucoup de l’importance d’avoir ses cheveux naturels et d’en être fier. On peut évidemment porter des perruques ou faire ce que l’on veut de ses cheveux mais je considère qu’il y a une certaine fierté à avoir.
@miinisolo
Wendie – Comment gères-tu ces commentaires négatifs ?
Nadjélika – Cela dépend des situations. J’essaye de ne jamais rentrer dans la polémique car généralement ces personnes qui commentent sont des personnes bornées.
Je tombe parfois sur des personnes ouvertes d’esprit avec qui on peut discuter. Ces personnes vont faire une remarque négative et en discutant un peu, on réussit à se mettre d’accord.
Puis tu as les personnes plus virulentes, qui elles t’agressent complètement. Tu sais d’avance que le débat est inutile. Dans ces cas là, je supprime si c’est vraiment trop violent ou je fais une capture d’écran, je floute le nom de la personne et je poste le commentaire sur ma page.
Wendie – Est-ce que certaines personnes te demandent aussi des conseils ?
Nadjélika – Oui souvent. Je reçois beaucoup de messages de jeunes filles ou de femmes qui me demandent des conseils par rapport à leur relation amoureuse. Je prends toujours le temps de répondre parce que je me suis déjà retrouvée dans ce genre de situations où tu es désespérée et tu ne sais plus vers qui te tourner.
Wendie – Lorsque ta carrière musicale sera lancée, penses-tu continuer à faire des vidéos ?
Nadjélika – J’aimerais pouvoir faire les deux en parallèles. J’aimerais bien tenter le théâtre. Je me tâte d’ailleurs à commencer des cours de stand up pour être plus à l’aise devant la caméra mais je ne sais pas si j’en ferais un métier.
D’ici peu je serai présente sur Youtube, car pour le moment je suis uniquement sur Facebook. Tout cela grâce à la générosité des internautes. C’est une manière de fêter les 1 an de la page
Wendie – Quel contenu comptes-tu nous proposer sur ta future chaîne Youtube ?
Nadjélika – On y retrouvera des story time, des vidéos avec mes followers. J’aimerais aussi donner la parole à la communauté LGBT et aux femmes nappy. Je donnerai moi même des conseils capillaires vu que je suis 100% naturel. Je n’utilise même pas de shampoing, uniquement du savon noir. Et évidement, on y retrouvera aussi quelques covers.
