Notre QUEENSPIRATION de la semaine s’appelle Anne Jennifer. Depuis 2 ans, elle s’est donnée pour mission de faire passer, de mettre en lumière, d’honorer ces femmes, nos mamans, nos tantes au talent et au savoir-faire inestimable. À travers sa plateforme Ohmboa, elle nous fait découvrir l’Afrique et la Caraïbe par le prisme de la cuisine et de l’artisanat.
RTM | Bonjour Anne Jennifer, nous sommes ravies de t’accueillir sur RTM. Pour commencer, pourrais-tu te présenter à nos lectrices et lecteurs ?
Anne Jennifer | Avec plaisir ! Bonjour à toutes, m’appelle Anne Jennifer, j’ai 29 ans et je suis diplômée d’un master en Marketing digital. Je suis passionnée de (bonne) bouffe, de voyages et de découverte, et de photographie.
Ah et j’allais (presque) oublier : je suis la fondatrice de Ohmboa !
RTM | Quelles expériences, quelles rencontres te mènent à l’entrepreneuriat ?
Anne Jennifer | Je pense que j’ai toujours eu cette fibre entrepreneuriale. Pour vous donner quelques exemples, en 2014 je créais mon premier blog (mode et lifestyle) et gérais mes partenariats avec des marques comme une véritable petite entreprise. En 2017, avant que ma mère n’aille s’installer en Afrique, nous lancions notre marque de sac en tissus wax. J’ai toujours eu des « side projects » mais je pense que le vrai déclic, celui qui a fait passer OHMBOA d’un « side project » à une entreprise a été mon dernier voyage en Afrique. Fin 2019, je suis allé voir ma mère au Bénin et ça a été un véritable coup de foudre culturel. Les gens, la nourriture, l’artisanat, l’Art… À partir de là, l’envie de partager au monde entier ce que j’avais ressenti n’a jamais été aussi grande.
RTM | De quoi rêvais Anne Jennifer plus jeune ?
Anne Jennifer | Je rêvais de devenir journaliste reporter ! Parcourir le monde à la découverte de différentes cultures, d’us et coutumes… le rêve.
RTM | Il y a quelques mois, tu as lancé la plateforme Ohmboa, un concept store en ligne tourné vers le voyage et l’artisanat. Peux-tu nous raconter la genèse de ce projet ?
Anne Jennifer | On dit que Rome ne s’est pas créé en un jour, et bien Ohmboa non plus ! Ohmboa est le fruit d’une expérience personnelle qui s’est transformée en projet et n’a cessé d’évoluer depuis.
Tout a commencé il y a un peu plus de 2 ans. Je suis allée chercher ma petite sœur à l’école que j’ai récupéré en pleure.
Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle pleurait, elle m’a répondu que c’était à cause d’une de ses copine qui lui avait rétorqué “ qu’elle ne pouvait pas être la Reine des neiges car la Reine des neiges n’est pas noire et que les noires ne peuvent pas être des princesses ». Ces mots ont résonné tel un électrochoc. C’est ce qui a boosté mon envie de bouleverser les préjugés et de montrer que l’Afrique et ses cultures sont exceptionnelles.
RTM | Avec Ohmboa, vous proposez également des ateliers qui sont animés par des Nawés. Qui sont ces Nawés ?
Anne Jennifer | Nawé signifie « femme » en fongbé, un dialecte parlé au Bénin, l’un de mes pays d’origine. Les Nawés sont donc toutes les femmes exceptionnelles qui choisissent de dédier une partie de leurs temps au partage de leur culture et de leur savoir-faire.
RTM | J’ai eu un joli coup de coeur pour la présentation des Nawés sur ton site. Quels sont les savoir-faire que tu souhaites valoriser à travers Ohmboa ?
Anne Jennifer | TOUS ! Aujourd’hui nous avons des cours de cuisine, des ateliers de fabrication de cosmétiques 100% naturels avec des ingrédients d’exception issues de nos terres, de la poterie, de la tapisserie et nous sommes constamment à la recherche de nouveaux savoir-faire.
RTM | Vous avez également la partie boutique en ligne, comment s’effectue la sélection des produits proposés ?
Anne Jennifer | Pour être totalement transparente avec vous, nous ne sommes pas sûrs à 100% que la partie boutique restera car nous souhaitons focaliser toute notre énergie sur les ateliers. Pour ce qui est des produits actuellement en ligne, nous privilégions les produits fait main qui respectent l’homme, la nature, et qui revendique des valeurs.
RTM | Ton projet s’inscrit dans une démarche à la fois sociale et solidaire. Quel impact souhaites-tu avoir sur la société ?
Anne Jennifer | J’aimerais changer les préjugés et l’image (trop souvent négative) que les gens peuvent avoir sur les cultures d’Afrique. J’aimerais aussi « donner de la force » à toutes les cuisinières et les artisanes d’Afrique et des Caraïbes pour qu’elles puissent obtenir la place et la visibilité qu’elles méritent. J’aimerais également permettre à toutes les femmes qui ont un talent de gagner de l’argent grâce à ce dernier, car peu importe le diplôme, le niveau de français ou la carrière ; tant qu’il y a de la passion, une envie de partage et de la volonté nous pensons que tout est possible.
RTM | Sans langue de bois, quels sont les défis que tu as pu rencontré à tes débuts dans l’entrepreneuriat ?
Anne Jennifer | TELLEMENT ! Le premier a été de trouver des Nawés qui acceptent de me faire confiance et de me suivre dans cette folle aventure ; puis des lieux partenaires qui acceptent d’accueillir les ateliers, puis l’argent, la gestion des annulations et les imprévus, les bugs du site internet à ces débuts… L’entrepreneuriat, c’est une multitude de petits défis à relever mais la satisfaction ressentie lorsqu’on parvient à débloquer un problème n’a pas de prix.
RTM | La transmission semble être importante dans l’ADN de ton projet. Quand prends-tu conscience de la nécessité de créer du lien avec l’autre, avec celles et ceux qui arrivent derrière et qui nous regardent ?
Anne Jennifer | Depuis que ma petite sœur a été en âge de comprendre le monde qui l’entoure. J’ai eu envie qu’elle soit fière de ce qu’elle est ; de ses origines, de sa culture. C’est aussi mon rôle de grande sœur de lui transmettre l’amour de ses racines.
RTM | Quels conseils donnerais-tu aux femmes qui souhaitent se lancer mais qui hésitent ?
Anne Jennifer | Ne réfléchissez pas trop et lancez-vous ! Nous n’avons qu’une seule vie, et elle défile à une vitesse folle alors tentez, échouez, relevez-vous et recommencez car mieux vaut une vie pleine de remords que de regrets. Et puis « au pire » que pourrait-il vous arriver ? Souvent, rien de bien grave…
RTM | Quel est ton rapport à la peur ?
Anne Jennifer | Ca dépend des situations. Tantôt elle me paralyse, tantôt elle me pousse à réagir. Mais j’essaye de ne pas les ignorer car selon moi il n’y a rien de pire que le déni. C’est ce qui mène tout droit au burn out.
RTM | Si tu devais nous citer 3 femmes qui t’ont permis de devenir la femme que tu es ?
Anne Jennifer | Ma mère of course, ma petite sœur et en numéro 3 je ne dirais pas une femme mais des femmes : mes Nawés. Celles qui m’apprennent, me surprennent, m’inspirent et me font grandir un peu plus chaque jour.
RTM | Et enfin, qu’est-ce qui fait d’Anne Jennifer une Reine Des Temps Modernes ?
Anne Jennifer | Je suis une femme créative qui vit avec son époque, s’assume un peu plus chaque jour et surtout, qui est fière de ce qu’elle est. Une Reine Des Temps Modernes quoi 😉